Voix du Midi (Lauragais)

Extension de la carrière : la polémique enfle

Alors que la Cemex étudie une extension du périmètre d’exploitati­on de la carrière, un collectif dénonce un projet « menaçant un site archéologi­que exceptionn­el et unique ».

- Paul Halbedel phalbedel@voixdumidi­lauragais.fr

CRÉÉ À L’INITIATIVE de plusieurs membres de la Société de recherches spéléo-archéologi­ques du Sorézois et du Révélois et élargi depuis à plusieurs citoyens, le Collectif de défense du plateau du Causse livre depuis quelques semaines une croisade contre la possible extension du périmètre d’exploitati­on de la carrière de Sorèze par la Cemex. En effet, l’entreprise spécialisé­e dans la production de granulats cherche actuelleme­nt des solutions pour assurer la pérennité de son activité à Sorèze qui se traduit à l’heure actuelle par l’extraction de près de 300 000 tonnes de roche par an. Autorisés à exploiter une nouvelle bande de calcaire au lieu-dit « Pistre » il y a quelques années, les carriers se sont heurtés sur ce site à un gisement inalement bien moins important que celui espéré. Une mauvaise surprise qui les pousse depuis plusieurs mois à étudier l’exploitati­on de nouvelles bandes de calcaire au grand dam des spéléologu­es locaux. « Il s’agit d’une parcelle qui n’est certes pas classée mais qui fait partie d’un site archéologi­que unique. Ce site minier date du XIe et XIIe siècles avec des mineurs qui sont descendus à cette époque à 130 mètres sous terre et sur près de 8 kilomètres. Il y a une grotte avec des gisements archéologi­ques et quelques traces que nous avons recensées qui nous laissent penser qu’il y a encore quatre ou cinq sites encore non exploités. Par ailleurs, nous avons en surface un belvédère offrant une magniique vue sur la plaine. Le plateau du Causse et la grotte du Calel font l’objet de différents classement­s : monument historique, Natura 2000, site paysager et Zone naturelle d’intérêt écologique faunistiqu­e et floristiqu­e (Znieff). Enin, ce site abrite un ruisseau souterrain qui sort de la vallée et qui jusqu’aux années 60 alimentait Sorèze et constitue donc une ressource en eau à préserver dans le contexte hydrologiq­ue actuel. Pour toutes ces raisons, une extension de la carrière sur cette zone serait inacceptab­le. Au-delà de la pollution visuelle, elle menacerait de destructio­n des éléments majeurs de ce site archéologi­que unique et exceptionn­el qui n’a de valeur que lorsqu’on le prend dans sa globalité » , explique JeanPaul Calvet, membre de la Société de recherches spéléo-archéologi­ques.

Jean-Paul Calvet : « La ligne rouge a été franchie »

Dans son argumentai­re, le spéléologu­e dénonce par ailleurs le « manque d’anticipati­on » de la Cemex pour trouver d’autres solutions permettant de pérenniser son activité : « Du calcaire, il y en a ailleurs ! La Cemex n’a pas eu de vision à moyen terme et veut aujourd’hui aller au plus simple en allant sur cette parcelle que les carriers ont toujours renoncé à exploiter depuis des décennies. Et cela, quitte à bousiller ce site exceptionn­el en l’exploitant pendant trois ans avant d’aller ailleurs… L’associatio­n de spéléologi­e a toujours été présente aux commission­s de la carrière où sont prises les décisions. Ce n’est plus le cas aujourd’hui car la ligne rouge a été franchie et que nous ressentons un manque de transparen­ce de la Cemex quant à ses projets. » Pour appuyer son combat, le collectif a lancé une pétition en ligne sur le site change.org depuis le 6 mai. Adressée à la Cemex et à la mairie de Sorèze, celle-ci a recueilli plus de 800 signatures. Une pétition en format papier a également fleuri dans plusieurs commerces de Sorèze. Fort de cette dimension citoyenne prise par cette lutte, le collectif demande depuis plusieurs semaines à la mairie de Sorèze d’organiser une réunion élargie à l’ensemble des acteurs et structures ayant compétence pour intervenir sur ce dossier. « Cela fait deux mois et demi que nous avons demandé cette réunion très large. En réponse, le maire de Sorèze explique que nous sommes des opposants systématiq­ues » , regrette Jean-Paul Calvet.

Le collectif n’exclut pas des « actions spectacula­ires »

Décidé à ce que le collectif arrive à faire entendre sa position dans ce dossier, le spéléologu­e n’hésite pas à annoncer « des actions spectacula­ires à venir » ain de maintenir la pression. « Nous utiliseron­s les moyens qu’ont les ‘‘petits’’ pour se faire entendre. Il y a eu cette pétition et l’argumentai­re qui va avec. L’étape suivante, ce devrait être une grande marche au mois de juin pour faire découvrir le Causse sous un aspect culturel et patrimonia­l. Et pourquoi pas à cette occasion faire une grande chaîne humaine qui marquerait les frontières de cette parcelle. Mais on peut faire encore mieux s’il le faut avec une action très médiatique comme une grève de la faim d’un spéléologu­e enfermé dans la grotte… » On l’aura compris, la déterminat­ion est de mise du côté de certains membres du Collectif de défense du plateau du Causse, bien décidés à continuer leur combat jusqu’à l’abandon par la Cemex de son projet.

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La polémique bat son plein sur le plateau du Causse…

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