Quatre pilotes amateurs construisent leur avion
Passionnés d’aéronefs, plusieurs membres de l’aéroclub de Revel sont sur le point de terminer la construction de leur propre engin. Équipé de quatre places, l’avion devrait effectuer son premier décollage d’ici peu.
« UN PROJET FOU ! » C’est ainsi que Pierre Goulpié résume l’idée que lui-même et Jacques d’Arnaudy ont initiée il y a huit ans : construire leur propre avion ! « Nous étions alors membres d’une association humanitaire qui avait pour but d’acheminer des médicaments par la voie des airs vers l’hôpital Saint-Louis, au Sénégal. Nous faisions régulièrement le voyage avec trois autres avions et nous avons décidé de construire le nôtre pour diminuer le coût » , explique Pierre Goulpié. L’association, basée sur la collecte des médicaments, a depuis été dissoute, la France ayant interdit, en 2009, la redistribution alimentaire des médicaments non-utilisés. Mais cela n’a pas empêché les deux compères de poursuivre leur rêve. Grâce à l’aéroclub de Revel, dont ils sont membres, ils ont même trouvé du renfort avec Tahar Agoun, Jacky Gibert et Olivier Delon (ce dernier étant aujourd’hui décédé).
Du neuf avec du vieux
Pierre Goulpié et Jacques d’Arnaudy ont d’abord acheté un DR400, un avion de la gamme Robin, en in de vie. Puis ils ont fait l’acquisition de liasses de plans d’un Oceanair, un engin similaire au précédent mais conçu par un amateur nommé Rémi Tissot. Les quatre retraités, tous passionnés d’aéronautique depuis des décennies, ont ensuite récupéré des pièces telles que le train d’atterrissage sur le DR400, qu’ils ont restaurées. Ils ont décapé puis réentoilé et repeint le fuselage. La remise à neuf des sièges a été coniée à une entreprise locale. L’aile a été entièrement construite, à partir de pièces de bois. Comme pour le fuselage, elle a également été entoilée, poncée et peinte. Le résultat est impressionnant : pour un néophyte, dificile de penser que l’ossature d’un engin aussi reluisant est faite de bois et de toile… Ce sont en fait les couches successives d’enduits et de peintures qui rendent l’Oceanair aussi étincelant. « Pour tendre les toiles, nous avons utilisé un fer à repasser ! Depuis, on nous apporte aussi le linge de maison » , plaisantent
les quatre amis.
Une aventure humaine
Une vraie complicité semble s’être nouée entre eux au il du temps. « À l’image de l’aéroclub
de Revel, nous sommes tous des bénévoles, insiste Pierre Goulpié. Il y a entre nous un véritable esprit associatif. » Les fabricants amateurs ont d’ailleurs été épaulés par plusieurs membres de leur club pour mettre l’avion en croix, c’est-à-dire pour assembler ses ailes. « Nous avons aussi reçu l’aide du mécanicien Jean-Claude Rouquet, qui a remis le moteur à
neuf » , conie Pierre Goulpié. Désormais, il ne manque plus qu’à contrôler les circuits d’essence et à remplir les réservoirs. Puis il faudra le démarrer, le faire rouler et essayer les freins. L’Oceanair, pour le moment entreposé à l’aéroclub de Castelnaudary, devrait rejoindre prochainement celui de Revel. « L’Organisme pour la sécurité de l’aviation civile (Osac) doit d’abord le contrôler avant de délivrer l’autorisation de vol, détaille
Pierre Goulpié. Ensuite, le pilote d’essai sera Bernard Vilotte, lui aussi membre de l’aéroclub de Revel. C’est important que ce soit quelqu’un qui ne l’a pas fabriqué qui puisse le faire voler en premier car, s’il y a un problème, il pensera d’abord à sauver sa couenne, avant de sauver l’avion ! » . Il faudra ensuite que le F-PGJA -immatriculé d’après les initiales de Pierre Goulpié et Jacques d’Arnaudy-ait effectué 15 heures de vol et 50 atterrissages avant que les quatre amis ne prennent place à bord de l’aéronef, équipé du même nombre de places. Le premier décollage est espéré pour in février.