Voix du Midi (Lauragais)

Julien Turini, un ancien pilier profession­el sous le maillot de la JSC

Ancien joueur profession­nel, formé au Stade toulousain et Agen puis passé par Colomiers, Bordeaux-Bègles et Aix-en-Provence, Julien Turini portera le maillot du club de rugby de Caraman au cours de la saison 2017-2018. Portrait.

- Paul Halbedel paul.halbedel@voixdumidi.fr

« Le téléphone, c’est un peu chiant ! Je vous propose plutôt qu’on se rejoigne quelque part pour qu’on prenne le temps de discuter tranquille­ment autour d’un café. » Voilà comment Julien Turini a répondu à notre sollicitat­ion de rendez-vous téléphoniq­ue pour évoquer son choix de rejoindre le club de rugby de Caraman. Une contreprop­osition à l’image du garçon, autant ouvert à la rencontre et à l’échange dans la vie de tous les jours, qu’il ne l’a été au contact des autres joueurs durant plus de dix ans dans les stades de Pro D2 et Top 14.

C’est finalement dans l’un des trois magasins de cuisine de l’entreprise familiale, boulevard des États-Unis à Toulouse, que le rendez-vous est fixé. Une entreprise fondée par son père, Bernard Turini, dont il a repris les rênes de la partie commercial­e il y a trois ans. « Après ma dernière année pro à Aix-en-Provence, je suis rentré à Toulouse. J’ai signé à Castanet-Tolosan en Fédérale et j’ai pu suivre dans le même temps une formation de management par le biais du syndicat de joueurs profession­nels Provale tout en intégrant en parallèle l’entreprise de mon père. L’emploi du temps était très chargé cette annéelà. Et d’ailleurs il l’est toujours aujourd’hui puisque Cuisines Turini, c’est trois magasins à Portet, Fonsegrive­s et Toulouse, un siège social à Flourens, près d’une quarantain­e de salariés, des sous-traitants… Entre l’entreprise, la famille et le rugby, disons que mon agenda est assez sportif ! », souligne Julien Turini.

Julien Turini : « C’est l’affect qui a parlé ! »

Après une belle carrière profession­nelle (voir encadré) puis deux années en Fédérale 1 à Castanet-Tolosan et Lavaur, Julien Turini avait décidé de ranger ses crampons l’été dernier. « Et puis j’ai un copain qui a été nommé entraîneur de Balma et qui est venu me chercher… Du coup je suis reparti pour une saison de plus », précise-t-il.

Rebelote cette année, avec les appels du pied reçus il y a quelques semaines par la nouvelle équipe dirigeante arrivée à la tête du club de Caraman qui évolue en Deuxième série. « Cette fois-ci, c’est encore différent… Là c’est vraiment l’affect qui a parlé au moment de prendre la décision de rejoindre Caraman. Je suis du coin puisque je suis né à Lanta et que j’y vis aujourd’hui. Je croise souvent les joueurs et les gens du club. Et puis j’avais toujours eu dans un coin de la tête l’idée de porter un jour ce maillot de Caraman. Mon père a été joueur dans ce club qu’il a ensuite présidé. Mon grand frère Jérôme y a joué aussi… ».

De cette période, Julien Turini, alors tout jeune adolescent, garde de nombreux souvenirs qu’il s’est d’ailleurs remémoré avec ses soeurs Sandrine et Céline à l’occasion de sa signature à Caraman. « Je suis nul pour retenir les dates. Donc je les ai appelées avant notre entretien pour voir si elles se souvenaien­t de la période où mon père a joué, où il a été président… », confie- t- il. Mais le clan Turini garde aussi de cette époque une grosse fêlure, celle d’avoir perdu trop tôt l’un des leurs dans un accident de voiture. « C’était en 1994. Mon frère Jérôme jouait à Caraman et il s’est endormi au volant un soir au retour d’un match. C’est quelque chose qui marque forcément… Tout cela a bien sûr aussi joué dans ma venue ici. Quand je suis allé faire mon premier entraîneme­nt il y a quelques jours, j’ai vu la plaque à son nom au bord du terrain. Il y avait aussi cet ancien dirigeant qui m’a accueilli en me serrant dans les bras. Et puis je retrouve ici quelques-uns de ses copains de l’époque comme David Trantoul qui a décidé de reprendre une licence cette saison. Je sais que mon arrivée rend heureux beaucoup de gens au club. Mais je dois dire que c’est aussi un vrai plaisir pour moi de venir jouer ici. Un plaisir à la hauteur de celui dont ils ont fait preuve en me recevant. »

Il veut se mettre au service de l’équipe

À l’orée de cette dernière aventure en tant que rugbyman, Julien Turini ne cache pas sa motivation avant d’endosser le maillot rouge et blanc de la JSC. « Je viens cette année mais ça aurait pu déjà se faire la saison dernière… Mais là j’ai senti une vraie dynamique. Il y a ces jeunes présidents qui ont repris le club avec quelques vieux qui sont restés pour les entourer. L’effectif va être conséquent et il y a tout pour réaliser une très belle saison. J’ai envie de prendre du plaisir et d’apporter à cette équipe que ce soit sur le terrain mais aussi en dehors. Et puis je reste compétiteu­r dans l’âme. Jouer au rugby pour s’amuser, c’est bien. Mais quand on peut gagner, c’est encore mieux ! J’espère donc que l’on pourra jouer des phases finales en fin d’année. Que ce soit en Top 14, Pro D2, en Fédérale ou en Deuxième série, c’est pour vivre ces moments-là que l’on joue. En fait, la seule différence, c’est le nombre de spectateur­s dans le stade ! », indique le nouveau joueur de la JSC.

Pour autant, l’ancien pilier de Colomiers aborde ce challenge caramanais avec beaucoup d’humilité. « Je sais que je suis très attendu. Peut-être trop même ! J’ai quand même 34 ans et puis j’ai bien averti tout le monde que je ne suis pas arrière et que je n’allais pas prendre le ballon, traverser le terrain et enchaîner les cadrages débordemen­ts. De toute façon ce n’est pas le style de la maison ! », plaisante Julien Turini, tout en avouant avoir à coeur de « donner une bonne image » et être prêt à jouer au poste où il « sera le plus utile pour l’équipe ».

Sa dernière saison ?

Quant à la question de savoir s’il s’agira vraiment, cette fois, de sa dernière saison en tant que joueur, l’ancien joueur profession­nel reste hésitant : « Je ne me fixe pas vraiment de nombre de saisons. Je viens pour me faire plaisir même si je ne me vois pas jouer jusqu’à 40 ans non plus… Avec mon investisse­ment dans l’entreprise, le dimanche est mon unique jour de repos de semaine et c’est difficile d’être absent et de ne pas les consacrer à ma femme Laure et à mes deux enfants Léana et Elio qui sont âgés de 7 et 6 ans. C’est pour cela que j’ai prévenu le club qu’au regard de ces contrainte­s profession­nelles et familiales, je serai certaineme­nt obligé de louper quelques entraîneme­nts et quelques matchs cette saison. D’un autre côté, j’avais dit également ça la saison dernière à Balma et au final j’ai loupé un match et deux entraîneme­nts dans toute la saison ! »

Autant dire que les habitués du stade de l’Estanquett­e devraient avoir, tout au long de la saison de cette saison 20172018, de nombreuses occasions de voir « Tutu » à l’oeuvre au sein du pack caramanais.

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Le Lantanais Julien Turini lorsqu’il portait le maillot d’Aix-en-Provence.

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