« C’est vraiment lamentable, la façon dont on traite les paysans dans ce pays »
Alors que les agriculteurs manifestent depuis plusieurs jours à Carbonne, où ils bloquent l’autoroute, Bertrand Loup, un des leaders du mouvement, fait le point sur leurs revendications.
Leur motivation reste intacte. Bertrand Loup, agriculteur à Larroque (Haute-Garonne), mobilisé depuis jeudi dernier sur le blocage de l’autoroute A64, fait le point sur les revendications des agriculteurs. Interview.
« On est à bout ! »
Voix du Midi : Cela fait plusieurs jours que vous bloquez l’autoroute A64 à Carbonne. Comment faitesvous pour lutter contre le froid, notamment la nuit ?
Bertrand Loup : « On a utilisé des caisses de céréales vides avec des bâches pour les couvrir. On a mis de la paille et du chauffage... Vous savez, on sait faire ! On a mis des barbecues, on fait des feux mais pas sur le goudron, car on ne veut rien dégrader. C’est un peu dur mais on est habitués à être dehors ».
Vous êtes toujours déterminés ?
B.L. : « Tant qu’on n’aura pas de réponses favorables à nos demandes, on n’arrêtera pas. On a le soutien de tous les agriculteurs et on voit qu’il y a d’autres actions qui se montent un peu partout. On a l’impression que ça prend ! »Notre but, ce n’est pas d’embêter les gens sur une trop longue durée mais il faut comprendre que quand on en arrive à de telles extrémités, c’est qu’on est à bout. Ça devient lamentable, la façon dont on traite les paysans dans ce pays ! On est censés nourrir le pays et le pays ne nous respecte pas. Il y a un ras-le-bol général. S’ils veulent la mort des paysans, il faut qu’ils le disent ! Le préfet connaît nos doléances depuis longtemps. S’il nous apporte des engagements de l’Etat, on verra. Sinon, ça va tourner court...«
Quelles sont vos revendications ?
B.L. : »On en a trois principales. Il y a une maladie qui s’appelle la MHE et qui est transmise par les moucherons. Cette maladie qui a été détectée il y a deux ans en Espagne, est arrivée il y a quatre mois dans le sud-ouest. Ça a des impacts terribles sur nos élevages : des frais vétérinaires explosent, les exportations sont bloquées pour tous les animaux infectés, les bêtes deviennent stériles ou avortent et il y a des effets secondaires impressionnants. On demande aux autorités de débloquer des fonds d’indemnisation. Pour l’instant, on a rien eu !
« On veut du concret ! »
L’autre revendication porte sur le GNR (gaz non routier), qui est une charge incompressible sur nos exploitations. Une défiscalisation a été mise en place depuis longtemps. Mais Monsieur Le Maire (ministre de l’économie, N.D.L.R.) nous a inventé une défiscalisation variable, dont la conséquence est qu’il y a des laissés pour compte. Cela provoque une augmentation de nos frais pour le carburant, qui va nous coûter entre 4000 et plus de 10 000 euros, en fonction de la taille de l’exploitation.
Enfin, on demande une vraie politique d’irrigation sur notre département. On veut une politique volontariste, avec la création de retenues d’eau et baisser les redevances qui concernent l’irrigation, qui augmentent chaque année« .