Voix du Midi (Lauragais)

« C’est vraiment lamentable, la façon dont on traite les paysans dans ce pays »

Alors que les agriculteu­rs manifesten­t depuis plusieurs jours à Carbonne, où ils bloquent l’autoroute, Bertrand Loup, un des leaders du mouvement, fait le point sur leurs revendicat­ions.

- • Gabriel Kenedi

Leur motivation reste intacte. Bertrand Loup, agriculteu­r à Larroque (Haute-Garonne), mobilisé depuis jeudi dernier sur le blocage de l’autoroute A64, fait le point sur les revendicat­ions des agriculteu­rs. Interview.

« On est à bout ! »

Voix du Midi : Cela fait plusieurs jours que vous bloquez l’autoroute A64 à Carbonne. Comment faitesvous pour lutter contre le froid, notamment la nuit ?

Bertrand Loup : « On a utilisé des caisses de céréales vides avec des bâches pour les couvrir. On a mis de la paille et du chauffage... Vous savez, on sait faire ! On a mis des barbecues, on fait des feux mais pas sur le goudron, car on ne veut rien dégrader. C’est un peu dur mais on est habitués à être dehors ».

Vous êtes toujours déterminés ?

B.L. : « Tant qu’on n’aura pas de réponses favorables à nos demandes, on n’arrêtera pas. On a le soutien de tous les agriculteu­rs et on voit qu’il y a d’autres actions qui se montent un peu partout. On a l’impression que ça prend ! »Notre but, ce n’est pas d’embêter les gens sur une trop longue durée mais il faut comprendre que quand on en arrive à de telles extrémités, c’est qu’on est à bout. Ça devient lamentable, la façon dont on traite les paysans dans ce pays ! On est censés nourrir le pays et le pays ne nous respecte pas. Il y a un ras-le-bol général. S’ils veulent la mort des paysans, il faut qu’ils le disent ! Le préfet connaît nos doléances depuis longtemps. S’il nous apporte des engagement­s de l’Etat, on verra. Sinon, ça va tourner court...«

Quelles sont vos revendicat­ions ?

B.L. : »On en a trois principale­s. Il y a une maladie qui s’appelle la MHE et qui est transmise par les moucherons. Cette maladie qui a été détectée il y a deux ans en Espagne, est arrivée il y a quatre mois dans le sud-ouest. Ça a des impacts terribles sur nos élevages : des frais vétérinair­es explosent, les exportatio­ns sont bloquées pour tous les animaux infectés, les bêtes deviennent stériles ou avortent et il y a des effets secondaire­s impression­nants. On demande aux autorités de débloquer des fonds d’indemnisat­ion. Pour l’instant, on a rien eu !

« On veut du concret ! »

L’autre revendicat­ion porte sur le GNR (gaz non routier), qui est une charge incompress­ible sur nos exploitati­ons. Une défiscalis­ation a été mise en place depuis longtemps. Mais Monsieur Le Maire (ministre de l’économie, N.D.L.R.) nous a inventé une défiscalis­ation variable, dont la conséquenc­e est qu’il y a des laissés pour compte. Cela provoque une augmentati­on de nos frais pour le carburant, qui va nous coûter entre 4000 et plus de 10 000 euros, en fonction de la taille de l’exploitati­on.

Enfin, on demande une vraie politique d’irrigation sur notre départemen­t. On veut une politique volontaris­te, avec la création de retenues d’eau et baisser les redevances qui concernent l’irrigation, qui augmentent chaque année« .

 ?? Mélina Le Corre / Actu Toulouse (illustrati­on) ?? En colère, les agriculteu­rs bloquent depuis trois jours l’autoroute A64 au niveau de Carbonne (Haute-Garonne).
Mélina Le Corre / Actu Toulouse (illustrati­on) En colère, les agriculteu­rs bloquent depuis trois jours l’autoroute A64 au niveau de Carbonne (Haute-Garonne).

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