Voix du Midi (Lauragais)

Pourquoi y-a-t-il encore des moustiques en plein hiver ?

- • Mariane RIAUTE

Au mois de janvier 2024, les moustiques sont encore présents à Toulouse, malgré les températur­es hivernales. Il s’agit d’une espèce particuliè­re qui aime rentrer dans les maisons.

Pas de trêve hivernale pour les moustiques. Alors que le mois de janvier 2024 s’approche de sa fin et que les températur­es se rafraichis­sent à Toulouse, il est encore possible de croiser des moustiques. Mais est-ce normal ?

Le Culex, grand survivant

Les Toulousain­s les plus dérangés par les moustiques l’ont sûrement vite remarqué : il y a encore des moustiques à Toulouse. Et en plus, ces petits malins rentrent encore dans les appartemen­ts et les maisons ! Il s’agit pourtant d’une situation tout à fait normale et habituelle, d’après Guillaume Lacour, entomologi­ste médical chez Altopictus. Les moustiques communs du genre Culex « diapausent » en hiver, c’est-à-dire qu’ils entrent dans une sorte d’hibernatio­n. Leur spécificit­é est qu’ils diapausent au stade adulte. « Les femelles qui ont émergé durant l’automne, rétractent leur appareil reproducte­ur pour gagner de l’énergie dans la survie », ajoute Guillaume Lacour.

En mode survie

Les moustiques du genre Culex passent l’hiver en « conservant leur énergie pour la survie, afin de redévelopp­er leur système digestif pour piquer à la sortie de l’hiver ». Ainsi, ils sont encore actifs en cette période, comme l’explique Guillaume Lacour : « De temps en temps, ils se déplacent d’un endroit à l’autre, mais pour un objectif bien précis : pour trouver un endroit plus chaud et humide. » Ils cherchent un nouvel « hibernacul­um » pour passer l’hiver : maisons, appartemen­ts, soussol, combles, grottes, caves, tas de bois dans le jardin... En ville, il y a bien des abris pour ces moustiques. Voilà pourquoi, à peine la porte ouverte, ils se glissent à l’intérieur. S’ils s’introduise­nt dans un domicile, ils ne volent pas en continu, afin d’économiser de l’énergie.

Plus grandes que le moustique tigre, ces espèces on « un métabolism­e préparé et adapté à l’hiver, afin de limiter au maximum la perte d’énergie et d’eau pour pouvoir survivre 3 mois jusqu’à l’arrivée du printemps », précise Guillaume Lacour. « La plupart de ces moustiques ne piquent pas. Quelques piqures nous ont été signalées mais c’est très rare », ajoute l’entomologi­ste. De plus, les individus de cette espèce endémique qui sont présents en hiver, viennent de sortir du stade larvaire : ils ne sont pas porteurs de maladies car ils n’ont pas piqué avant l’hiver.

« Les femelles ne se remettront en chasse qu’au printemps où ils feront leur premier repas de sang pour développer leurs oeufs et obtenir une descendanc­e prolifique », conclut l’entomologi­ste.

Inspection du jardin et du balcon

Au printemps, la diapause se termine pour les moustiques, à différente­s dates selon l’espèce : mi-mars pour les moustiques tigre.

Ce dernier pond ses oeufs qui restent en diapause tout l’hiver dans des récipients artificiel­s (récupérate­urs d’eau de pluie, cache-pots, bidons, etc.) entre septembre et novembre 2023. Altopictus recommande de vérifier son jardin dès la mi-avril 2024 pour éliminer un maximum de moustiques encore sous forme d’oeufs et de larves : vider les récipients, les laver, les sécher, voire en y versant de l’eau bouillante s’il n’est pas possible de les sécher.

Newspapers in French

Newspapers from France