La Résistance catholique à Toulouse

L’ouvrage Les héraults de la Résistante catholique (éditions du Cerf), sous la direction de Maurice Lugassy et d’Enguerrand Serrurier, dresse un panorama des figures résistantes catholiques dans le Midi toulousain sous l’Occupation.

«

Que des femmes et des enfants, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle. […] Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux […]. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos frères, comme tant d’autres ».

Un « J’accuse » épiscopal

La lettre pastorale du 23 août 1942 de Monseigneur Saliège, l’archevêque de Toulouse, véritable « J’accuse » épiscopal, résonne comme un coup de tonnerre contre la politique raciale du régime de Vichy. « D’autres prélats suivent son exemple : Théas à Montauban le 26 août, Gerlier et Delay à Lyon et à Marseille le 6 septembre, Moussaron à Albi le 20 septembre » rappelle Maurice Lugassy, coordinateur régional du Mémorial de la Shoah, codirecteur avec Enguerrand Serrurier,

maître de conférences en droit public à l’Institut catholique de Toulouse (ICT) des héraults de la Résistance catholique. L’ouvrage collectif, qui rassemble les actes du colloque « Croire et agir : la Résistance catholique dans le Midi toulousain » tenu dans la Ville rose le 24 novembre 2022, présente la biographie de ces figures héroïques.

De la bibliothèque de l’ICT à René de Naurois

Parmi eux, on trouve Bruno de Solages, le recteur de l’ICT. Il fait de la bibliothèque de l’établissement un foyer pour des réfugiés espagnols et polonais et des figues intellectuelles allemandes et autrichiennes antinazies ainsi qu’un lieu de rencontres de résistants, de Georges Friedmann et Jean Cassou à Léo Hamon et

Edgar Morin. L’intrépide abbé René de Naurois, son cousin, va jusqu’à rejoindre la France libre au printemps 1943. Aumônier au sein du premier bataillon de fusiliers marins commandos (1er BFCM), il est l’un des rares Français qui participe au D-Day, le 6 juin 1944, débarquant à Sword Beach, l’une des cinq plages du débarquement, joignant Ouistreham à Saint-Aubin-sur-Mer.

La résistance s’incarne aussi à travers des femmes émérites. La Tarn-et-Garonnaise Marie-Rose Gineste diffuse les premiers exemplaires de Témoignage chrétien et de Combat et fait fabriquer tout au long de la guerre des faux papiers. À l’été 1942, elle sillonne à vélo, aujourd’hui exposé au mémorial de Yad Vashem à Jérusalem, le diocèse de Montauban afin de distribuer des copies de la lettre de l’évêque Théas. La religieuse aveyronnaise Rose Bergon, elle aussi honorée du titre de Juste parmi les nations, a joué un rôle important dans le sauvetage de Juifs. A la demande de Saliège, elle a abrité au sein du couvent Notre-Dame de Massip à Capdenac-Gare, 83 enfants et 11 adultes, entre décembre 1942 et juillet 1944.

■ Les hérauts de la Résistance catholique, sous la direction de Maurice Lugassy et Enguerrand Serrurier, Collection Cerf Patrimoines.