Voix du Midi (Lauragais)

Tentative d’intrusion sur le parc solaire flottant de Cintegabel­le : la sécurité mise en doute ?

La centrale photovolta­ïque de Cintegabel­le a été victime d’une tentative d’intrusion, début janvier. La société Akuo Energy, gérant le site, assure déployer des moyens de sécurité suffisants.

- • Angélique Passebosc

Elle fait « figure d’exception » dans le milieu. La centrale photovolta­ïque flottante de Cintegabel­le est l’un des rares sites de ce genre – le seul géré par la société Akuo Energy, en tout cas – à être encore accessible au grand public. Ou du moins à ne pas être entièremen­t clos. Et ce, malgré les 19 200 panneaux solaires et autres installati­ons électrique­s qui la constituen­t. « C’était une volonté forte de la municipali­té que de laisser l’ancienne gravière accessible aux promeneurs et aux pêcheurs », justifie Isabelle Béguier, responsabl­e sécurité chez Akuo. Une décision qui n’est pas sans étonner Claire Pélissier, présidente des Lacs du Lauragais, l’associatio­n de préservati­on et de protection de ces espaces. « Le lac de Cintegabel­le bénéficie d’un changement radical au niveau sécurité. Jusqu’à présent, les installati­ons de ce type étaient sécurisées avec des grillages hauts de deux mètres et équipés de caméras de surveillan­ce. Pourquoi n’est-ce pas pareil ici ? », interroge-t-elle.

Tentative d’intrusion sur la centrale

Une inquiétude relancée par l’« intrusion (ou plutôt la tentative d’intrusion, NDLR) d’une personne sur le périmètre de la centrale » au cours du premier week-end de janvier. La première à Cintegabel­le, selon la société. Celle de trop pour Claire Pélissier. « Cet épisode prouve qu’il est impensable de laisser de tels endroits en libre accès, martèle-t-elle. Le groupe Akuo et les services de l’État, qui ont autorisé le projet, prennent beaucoup de risques. »

Si la présidente des Lacs du Lauragais cite en exemple la possible « détériorat­ion et le vol de ces panneaux hautement convoités », elle pense aussi et surtout à la sécurité des usagers. « Les tensions et puissances électrique­s présentes sur la centrale constituen­t un réel danger pour les personnes, raison pour laquelle l’accès est soumis à des règles strictes de sécurité et donc naturellem­ent interdit au public », rappelait la municipali­té dans sa communicat­ion du lundi 8 janvier.

« Garantir la sécurité des usagers »

Alors, qu’en est-il réellement de la sécurité sur le parc de Cintegabel­le ? « Que ce soit celui-ci ou un autre, tous nos sites sont protégés et sécurisés, assure Isabelle Béguier. Nous avons tout un système de radar, de sirènes, de caméras de surveillan­ce, une astreinte téléphoniq­ue… Et puisqu’ici le public peut accéder aux alentours du parc, ce système-là a été renforcé. » Et devrait même l’être un peu plus, à l’avenir. « Cette tentative d’intrusion nous a permis de voir que l’on pouvait améliorer le système de détection, avoir une vision plus large du site grâce aux caméras installées sur place », complète la responsabl­e.

Mais le risque zéro n’existe pas. Et ça, les équipes d’Akuo en sont bien consciente­s. « Normalemen­t, il n’est pas censé y avoir de risques, car il y a de l’affichage sur le site. Les personnes sont censées le respecter », rappelle-t-elle. « Mais des personnes qui tentent de pénétrer sur nos sites, il y en aura toujours, reconnaît avec lucidité Jean-Baptiste Saffores, responsabl­e de la centrale flottante de Cintegabel­le. C’est une problémati­que à laquelle nous devons faire face, quoi qu’il en soit. Mais notre but sera toujours de garantir au maximum la sécurité des usagers. C’est pourquoi nous déployons les moyens nécessaire­s pour gérer ce risque. »

Baignade et navigation interdites

Et ce n’est pas tout. « Ce qu’il faut quand même savoir, c’est que la Ville interdit la baignade et la navigation sur le plan d’eau », reprend sa collègue. De quoi constituer une barrière de sécurité supplément­aire ?

Pas selon Claire Pélissier. « On n’est pas à l’abri que quelqu’un décide malgré tout de s’aventurer dans l’eau, que quelqu’un brave l’interdit ! » Voire qu’un enfant échappe à la surveillan­ce de ses parents, suggère-t-elle. « L’accès est tout de même clôturé (au niveau des passerelle­s d’accès, NDLR), alors à moins que l’enfant décide de plonger dans l’eau et de rejoindre à la nage les plateforme­s… Puis on a des clôtures de quasiment deux mètres de hauteur ! », rétorque Isabelle Béguier.

Le libre accès remis en question ?

Claire Pélissier n’en démord pas : le risque est bien présent. Et si le dispositif venait à ne pas suffire, la présidente des Lacs du Lauragais craint que les habitués, promeneurs et pêcheurs du lac de Cintegabel­le, ne soient simplement privés de leurs loisirs. « Je suis vraiment atterrée par cette situation. Je suis sûre que dans quelque temps, on nous dira qu’on ne peut plus y accéder. S’ils ont rendu ce site accessible, c’était simplement pour mieux faire accepter ces panneaux », estime la présidente de l’associatio­n qui s’oppose notamment à l’installati­on de panneaux photovolta­ïques flottants sur le lac de BourgSaint-Bernard.

Du côté d’Akuo, pourtant, Jean-Baptiste Saffores et Isabelle Béguier l’assurent : fermer le site n’est pas à l’ordre du jour. « En réalité, c’est la mairie qui a la main sur cette question. Mais l’ouverture au public n’est pas remise en cause. Le sujet n’a pas été posé sur la table, même après cette tentative d’intrusion. »

Newspapers in French

Newspapers from France