Voix du Midi (Lauragais)

BRUGUIÈRES Mic-mac sur une aire de 200 caravanes : le maire « temporise »

La candidatur­e de Bruguières, au nord de Toulouse, visant à créer la deuxième aire de grand passage de l’agglo a provoqué un véritable mic-mac. Le maire a décidé de temporiser.

- • David Saint-Sernin

C’est un projet qui fait des étincelles, depuis le début de l’année, au nord de Toulouse. La commune de Bruguières (Haute-Garonne), par la voix de son maire, Philippe Plantade, s’est portée candidate pour créer une aire de Grand Passage et accueillir des communauté­s de gens du voyage. Une infrastruc­ture qui pourrait accueillir jusqu’à 200 caravanes de mai à septembre, soit la période des grands passages comme Toulouse Métropole en accueille fréquemmen­t chaque année. Le projet était clair : aménager une aire sur une parcelle agricole de 3,5 hectares, située le long du chemin de l’Hobit, pour y recevoir des grands passages entre le 1 mai et le 30 septembre. La commune de Bruguières, que la loi oblige désormais à créer une aire d’accueil pour les gens du voyage, avait fait le choix de créer la deuxième aire de grand passage de Toulouse Métropole pour réduire la durée d’occupation du site à quatre mois.

Le maire « temporise »

Entre « la création d’une aire de grand passage, ouverte seulement quatre mois dans l’année, gérée directemen­t par Toulouse Métropole en lien avec la préfecture » et « celle d’une aire d’accueil ouverte 11 mois par an dont la gestion serait confiée à un prestatair­e extérieure », expliquait-il, Philippe Plantade avait tranché : « L’aire de grand passage nous offre des garanties fortes sur son fonctionne­ment quotidien ». Sauf que mardi 23 janvier 2024, Philippe Plantade, a officielle­ment mis le projet en pause. « Après une réunion tardive, mais constructi­ve, la majorité de Bruguières a choisi de temporiser le projet d’aire des gens du voyage ». Sur Facebook, il a précisé : « Nous allons constituer un groupe de travail et communique­r et dialoguer avec tous les intervenan­ts pour trouver des solutions acceptable­s ».

Que s’est-t-il passé entre l’annonce de la candidatur­e de Bruguières, puis sa temporisat­ion ? Un véritable mic-mac.

Mic-mac au sein même de la commune de Bruguières puisqu’une associatio­n nommée « Unis pour préserver notre environnem­ent et nos terres agricoles » s’est montée et a dénoncé « un déni de démocratie dans la forme et dans le fond sur un projet qui va notamment à l’encontre des grands enjeux de demain que sont la préservati­on de l’environnem­ent et du monde agricole ».

La commune voisine en colère

Un mic-mac aussi avec Philippe Petit, le maire de la commune voisine, Saint-Sauveur, « très en colère » d’avoir été mis devant le fait accompli avec un projet situé en limite de son territoire communal. Le 18 janvier, le premier magistrat de cette petite commune de 2235 habitants avait laissé exploser sa colère : « Je suis déjà en colère sur le procédé utilisé par le maire de Bruguières. Je l’ai rencontré le mardi 9 janvier. Nous avons parlé de divers sujets, mais il n’a jamais été question de ce projet d’aire de grand passage. C’est après cette réunion, le jour même, qu’il m’a fait envoyer un courrier par pli confidenti­el par lequel il m’a annoncé son projet (...) Ma commune est placée devant le fait accompli, et le maire de Bruguières génère ici un conflit qui aurait pu se gérer dans le temps avec la possibilit­é de trouver des solutions ».

Quel choix va désormais faire la commune de Bruguières sur ce projet ultra contesté ? Philippe Plantade, rudement interpellé par ses administré­s, pose le cadre : « L’aire est obligatoir­e pour une commune de 5000 habitants. Nous serons obligé d’être candidat sur une aire à définir et à flécher dans le règlement du plan local d’urbanisme de la commune d’ici le 15 février. Nous allons devoir choisir entre 20 à 30 caravanes à l’année ou 100 en passage deux fois de mai à septembre. On pourra débattre et choisir ».

La concrétisa­tion d’une aire de grand passage sur la parcelle choisie, propriété de la commune de Bruguières via son CCAS, et cultivée en fermage par un agriculteu­r du coin, semble désormais hypothétiq­ue. Le maire de Saint-Sauveur n’en veut pas :

« Je m’oppose à ce projet d’aire de grand passage, car elle n’est pas située au bon endroit et je demande au maire de Bruguières de trouver un autre lieu, qu’il confronte ses administré­s à ses propres obligation­s, ou qu’il fasse une aire permanente plus petite », expliquait-il fermement. Pour rappel, la loi oblige Toulouse Métropole à proposer deux aires de grand passage sur son territoire. La première a été créée à Toulouse, sur le site de la Mounède. La seconde a été provisoire­ment installée à Blagnac. La Métropole doit désormais pérenniser la deuxième aire sur un site dédié. Un dossier bien compliqué qui suscite des conflits depuis plus de dix ans dans la Métropole toulousain­e. En 2023, les installati­ons illicites se sont multipliée­s sur l’ensemble du territoire de l’agglomérat­ion. Et le dialogue a été parfois tendu avec les communauté­s itinérante­s.

 ?? Archives Actu Toulouse/Thibault Calatayud ?? Les tensions se multiplien­t dans les communes de Toulouse Métropole, un territoire sommé par la loi, de créer une deuxième aire de grand passage.
Archives Actu Toulouse/Thibault Calatayud Les tensions se multiplien­t dans les communes de Toulouse Métropole, un territoire sommé par la loi, de créer une deuxième aire de grand passage.

Newspapers in French

Newspapers from France