Le nouveau maire veut stopper la construction de 1 500 logements
Le maire de Saint-Jory, au nord de Toulouse, veut faire annuler de nombreux permis de construire, alors que sa commune se trouve dans la tourmente judiciaire depuis des mois.
Au nord de Toulouse, la commune de Saint-Jory se retrouve en prise avec des promoteurs immobiliers. En début d’année, elle leur a demandé de retirer certains panneaux publicitaires polluant visuellement le territoire communal.
Saint-Jory dans la tourmente
En ce début de mois de février 2024, le nouveau maire, Victor Denouvion, veut faire annuler de nombreux permis de construire, alors que sa commune se trouve dans la tourmente judiciaire depuis des mois. Pour rappel, Thierry Fourcassier, son ancien maire (2014-2023), a été mis en examen pour corruption, blanchiment et prise illégale d’intérêt, et a été placé en détention provisoire par le juge des libertés de Toulouse, jeudi 1 février 2024.
L’ancien élu est soupçonné d’avoir touché des pots-devin et de s’être fait offrir pour près d’un million d’euros de voyages par des promoteurs immobiliers, contre la signature de permis de construire. Selon les chiffres fournis par Victor Denouvion, la construction de 3 500 logements a été autorisée par l’ancienne majorité. Sans que les services publics proposés dans la commune ne puissent répondre à la demande d’une population passée de 5 637 habitants en 2013 à 7 346 au dernier recensement. « Aujourd’hui, nous disposons d’une crèche de 12 places pour une commune qui file vers les 10 000 habitants, les écoles sont trop petites... », constate l’édile.
Des permis en pagaille
Dans une lettre adressée aux habitants de la commune début janvier, le nouveau maire se veut transparent :
« La commune a besoin de retrouver un équilibre sur le plan de l’urbanisme. Sur les 3 500 logements dont les permis ont été déposés et accordés aux promoteurs depuis 2014, par la précédente municipalité, 1 500 logements ne sont pas encore sortis de terre. Si certains permis peuvent être annulés, il ne pourra pas être possible de revenir sur tous, protégés par des délais de recours purgés depuis des mois, voire des années ».Victor Denouvion annonce néanmoins vouloir mettre un coup d’arrêt, le plus important possible, aux nouvelles constructions :
« Légalement, j’ai pu bloquer la construction de 622 logements. Il s’agissait de projets qui étaient en instance de dépôt de permis. J’ai demandé à leurs promoteurs de ne pas les déposer. Dans tous ces permis, il y a celui concernant le projet de coeur de ville qui prévoyait la construction de 440 logements. Un projet pour lequel l’ancienne majorité avait vendu l’Hôtel de Ville et le bâtiment qui accueillait La Poste. La vente de ces deux biens avait fait l’objet d’une clause d’annulation. Une clause que nous avons décidé d’activer ». Il poursuit : « Nous avons aussi envoyé des courriers aux promoteurs, qui disposent des autorisations pour lancer la construction de logements, pour leur signifier la position de la nouvelle mairie. Très clairement, s’ils sont impliqués dans l’affaire pour laquelle Thierry Fourcassier est mis en examen, qu’ils ont participé à une quelconque opération illicite, et qu’ils lancent des travaux, nous demanderons, a posteriori, la démolition de leurs constructions. Ils sont prévenus. Mais, je n’ai pas imaginé que des promoteurs, qui auraient été impliqués dans une telle affaire, puissent débuter des travaux ».
Un déficit énorme
En ce début d’année 2024, la commune de Saint-Jory se retrouve sous pression, dans une situation financière très compliquée, avec un déficit d’1,5 million d’euros, et des services publics qui n’ont pas suivi le rythme de la hausse de la population.
« Vu le déficit, on se retrouve dans une situation où l’on ne peut même pas payer certaines factures, et, encore moins, investir. Heureusement que nous pouvons compter sur l’État et le Département pour nous accompagner. Grâce à eux, l’école maternelle va pouvoir être agrandie », rassure le maire, « pas opposé à la construction de logements, mais seulement si on peut bien accueillir les nouveaux habitants ».