Colère des parents : les futurs CM 2 du village vont être envoyés dans d’autres écoles
Une pétition, lancée par un groupe de parents d’élèves, circule depuis le début de la semaine dans Cintegabelle. Ils se battent contre la fermeture de la classe de CM 2 du village.
Yaura-t-il encore une classe de CM 2, à la rentrée prochaine, au sein de l’école Roger-Ycart de Cintegabelle ? Alors qu’il accueille aujourd’hui tous les niveaux de l’élémentaire, l’établissement du centre du village pourrait bien, dès septembre 2024, voir les plus grands de ses élèves poursuivre leur scolarité ailleurs. En l’occurrence, dans les écoles des hameaux de la commune où ils seront « déplacés ».
C’est en tout cas l’information qui circule depuis le retour des vacances scolaires de Noël. Et tous les parents – en particulier ceux dont les enfants sont aujourd’hui scolarisés au centre du village – n’ont pas été des plus ravis d’apprendre la nouvelle. « Nous sommes un petit groupe à nous être organisés pour faire bouger les choses », fait savoir Nelly Quivogne, une maman mobilisée contre cette « suppression de classe ».
Une pétition à signer devant l’école
Depuis lundi 30 janvier, ils sont une quinzaine, comme elle, à se mobiliser aux entrées et sorties de classe pour faire signer la pétition qu’ils ont lancée. En l’espace de cinq jours, ils ont réuni pas moins de 100 signatures – sur Internet, elle en compte 182. « Nous l’avons adressée ce dimanche soir en copie d’un mail à la mairie, au Dasen (Directeur académique des services de l’éducation nationale, NDLR), au président du conseil départemental de la Haute-Garonne (Sébastien Vincini, qui était par ailleurs maire de Cintegabelle), aux trois écoles de la commune, ainsi qu’aux parents d’élèves délégués », explique à Voix du Midi Lauragais Nelly Quivogne.
Mais Monique Courbières a déjà un avis bien tranché sur la question : « C’est l’inspectrice d’académie qui a pris la décision, faisant ainsi prévaloir l’intérêt pédagogique des élèves, commente la maire de Cintegabelle. Au lieu d’être 27 ou 28 par classe, comme ils le sont actuellement, les enfants ne seront plus que 22 ! On devrait vraiment se réjouir de cela. Puis, ils auront exactement les mêmes services qu’au village. »
D’autant qu’avec ce déplacement des CM2 vers les hameaux, l’école Roger-Ycart ne devrait plus compter aucune classe à double niveau. Même les classes à triple niveau des Baccarets et de Picarrou disparaîtraient au profit de classes à double niveau.
Une école à proximité pour plus d’autonomie
Mais certains parents ne voient pas forcément d’avantages dans cette réorganisation. « Nous sommes à Cintegabelle depuis neuf ans et nous avons toujours connu les doubles ou triples niveaux. Pour nous, cela a toujours été positif, car cela permettait de faire avancer plus rapidement ceux qui en avaient les capacités. Ça n’a jamais posé problème », estime la maman à l’initiative de la pétition.
Ce qu’ils craignent surtout, c’est le changement de rythme qu’impliquera le déplacement des CM2. « L’année de CM2, c’est la seule année avant le collège où l’on peut commencer à donner à nos enfants un peu plus de liberté, à leur apprendre à être davantage autonomes en allant notamment à l’école à pied ou en vélo, expose-t-elle. La plupart d’entre nous vivent, en effet, à moins d’un kilomètre de l’école. Et si nous avons choisi de nous installer dans le village, plutôt que dans les hameaux, c’était justement pour cette proximité. Or, demain, nos enfants seront obligés de se lever beaucoup plus tôt, de prendre le bus le matin, le midi (la cantine se trouvant au niveau des écoles maternelles et élémentaires du village, NDLR) et le soir pour se rendre dans une école éloignée de 4 ou 5 km. On ne pense vraiment pas à leur bienêtre… »
Des enfants séparés de leurs camarades
Les familles s’inquiètent également de voir ces élèves perdre leurs repères un an avant l’entrée au collège. « La répartition dans les écoles des hameaux devrait se faire en fonction de la situation géographique des foyers. On va donc séparer nos enfants de leurs copains juste avant le collège… Ce n’est pas terrible, surtout à cet âge-là où on n’est pas toujours très sûr de soi, où l’on se pose plein de questions », déplore Nelly Quivogne. Avant d’ajouter : « Je ne comprends pas pourquoi ce serait à nous de compenser le manque des effectifs des hameaux. »
Pour la membre du groupe de parents opposés à cette mesure, tout serait ici question de « politique » et de « comptage ». « Honnêtement, les chiffres ne sont pas très clairs. On aimerait justement qu’il y ait une communication là-dessus pour mettre les choses à plat. » Elle poursuit : « Certains parents sont très en colère. Et si la décision est validée, ils n’hésiteront pas à scolariser leurs enfants ailleurs, dans une autre commune. »
De nouvelles actions à venir ?
D’après Monique Courbières, la décision aurait déjà été actée. Mais pour l’heure, les parents d’élèves n’en démordent pas. « Ça n’aboutira peut-être pas, mais au moins, on aura essayé, lance Nelly Quivogne. Ce lundi soir, nous avions dans les cartables des enfants diverses communications, dont une fiche d’information sur la future répartition. Nous sommes un peu dépités par cette communication, car nous n’avons jamais été consultés. Nous attendons donc des retours à notre mail. »
Des actions pourraient être mises en place prochainement en fonction de l’évolution de la situation. « Tout s’est un peu fait dans l’urgence. Il faut donc que l’on réfléchisse à quelles suites nous pourrions donner à cette pétition. Peut-être que de nouveaux parents se manifesteront d’ici là, que la colère montera encore d’un cran… Ce que l’on espère, c’est faire pencher la balance en notre faveur d’ici le mois de juin », conclut-elle.