Stationnement plus cher pour les SUV : Toulouse suivra-t-elle l’exemple de Paris ?
Alors qu’à Paris, les habitants ont voté pour le triplement du tarif de stationnement des SUV lors d’une votation citoyenne, qu’en sera-t-il à Toulouse ? Éléments de réponse.
oulouse emboîtera-t-elle le pas à la ville de Paris, qui a organisé dimanche 4 février 2024 une votation citoyenne entérinant d’une courte majorité (54,55 %) le triplement du tarif de stationnement des fameux SUV ? Dans la Capitale, où le référendum citoyen n’a pas passionné les foules (5,7 % de participation seulement), la mesure sera appliquée en septembre 2024, rapporte Actu Paris. Dans la Ville rose, on attend de voir.
TUn débat au Conseil municipal
Si les élus du Capitole n’ont pas prévu de prendre la roue de ceux de la capitale, la question s’est toutefois déjà invitée au conseil municipal : vendredi 1 décembre 2023, les groupes d’opposition municipaliste (AMC) et écologiste (TESC) avaient en effet déposé un voeu visant à demander une tarification pour le stationnement des SUV « progressive en fonction de la taille et du poids des véhicules ». Ce voeu sur la tarification au poids des véhicules SUV était un enjeu « d’équité dans l’espace public », expliquait Maxime Le Texier, co-président du groupe AMC, « alors que chaque espace bitumé devient un enjeu, que l’on veut aller vers plus de vélos et plus de transports en commun, et que les SUV ont une empreinte carbone plus importante ».
Pour ces élus, les SUV posent aussi « un grave problème de sécurité publique et d’accidentologie, un piéton ayant deux fois plus de risque d’être tué par un véhicule type SUV que par un véhicule standard ».
Alors que la ville de Toulouse a instauré la gratuité totale du stationnement pour les véhicules électriques, Maxime Le Texier estimait que cela prouve « qu’il est possible d’instaurer une tarification discriminante en fonction des véhicules ».
L’opposition avait donc proposé « la mise en place d’une politique de tarification stationnement résident et temporaire progressive en fonction de la taille et du poids des véhicules (avec des seuils différenciés pour les véhicules thermiques, hybrides et électriques) en intégrant des clauses spécifiques aidantes pour les véhicules professionnels, les familles nombreuses et/ou à faibles revenus ».
Mais ces arguments n’avaient visiblement pas convaincu les élus de la majorité, qui avaient voté contre le voeu de l’opposition. S’il jugeait « assez positif » le principe « d’avoir un système de stationnement vertueux pour les véhicules les moins polluants et les moins omnivores en termes d’espaces publics », l’adjoint en charge de la circulation et du stationnement Maxime Boyer estimait : « Le problème, c’est qu’on n’a pas de cadre légal suffisamment serein pour s’engager dans cette démarche actuellement ».
Deux mois plus tard, l’élu reste sur ses positions : « On observe ce qu’il se passe ailleurs, à Paris, mais aussi à Lyon, en scrutant notamment comment ils vont le mettre en application, y compris juridiquement ». « On ne veut pas concentrer uniquement l’attention sur les SUV », poursuit l’adjoint de Jean-Luc Moudenc, « car il peut y avoir d’autres véhicules, qui ne sont pas des SUV, mais qui pèsent tout autant, voire davantage, et qui sont plus polluants… ».
« Soit on taxe, soit on incite »
« Plutôt que de se contenter de simples attaques envers les conducteurs de SUV, nous préférons des mesures plus vertueuses, destinées à ceux qui roulent avec des véhicules plus propres, ou font le choix d’autres modes de déplacement.Nos opposants sont antiSUV pour différentes raisons, y compris politiques. Ce n’est pas notre position.
», argue Maxime Boyer.
Car selon lui, cette quête d’un « système plus vertueux » peut « se faire de deux manières : soit on taxe et on surtaxe, soit on incite au changement par des subventions et de la gratuité. C’est ce qu’on a fait à Toulouse, avec d’un côté, des primes pour l’acquisition de véhicules propres ou pour la transformation de motorisation. Et de l’autre, la gratuité du stationnement pour les véhicules électriques, à l’instar d’Olso en Norvège. En clair, plutôt que d’être uniquement punitifs, on préfère être incitatifs pour amener à transformer les motorisations, au report modal vers les transports en commun et le vélo ».
« La classe moyenne roule aussi en SUV »
« Et puis, il faut être prudent face à l’évolution du pouvoir d’achat des ménages et à l’inflation », dit encore Maxime Boyer. L’élu met aussi en garde face aux « raccourcis », estimant que les possesseurs de SUV ne sont pas forcément les plus riches.
« À Toulouse, on voit un certain nombre de personnes de la classe moyenne qui roulent en SUV, et ce ne sont pas des Porsche Cayenne… Partir du principe que ce sont uniquement des riches qui possèdent ces SUV, c’est faux, un certain nombre sont conduits par des concitoyens qui ne sont pas tous fortunés », estime-t-il. Il appelle aussi à « de la mesure » dans les décisions : « Quand toutes les villes se sont engouffrées dans le développement des trottinettes électriques en libreservice, Jean-Luc Moudenc a préféré être prudent, et il a eu raison ». Et l’adjoint de se gargariser : « On a été précurseur, et au final, on n’a pas eu tous les problèmes que d’autres villes ont rencontrés ».