Voix du Midi (Lauragais)

Bernard Gouy, héros discret de la Résistance

Ce gaulliste (1913-2007), ancien conseiller municipal sous Louis Bazerque, s’était distingué par ses activités pour le compte du Bureau central de renseignem­ents et d’action (BCRA).

- • Mathieu ARNAL

Médiane », « Chouan », «

« Douillard »… Sous ses différents pseudonyme­s se cache le capitaine Bernard Gouy, un combattant de l’ombre des années noires injustemen­t oublié. « C’était un authentiqu­e patriote, capitaine de la première équipe du MI-5 (service secret britanniqu­e) parachutée sur la France pour organiser les maquis de libération de l’Auvergne, autour de la zone du Mont Mouchet » souligne Jean-Pierre Mezure. Début février, le président de la 30e section des Anciens des forces françaises en Allemagne et en Autriche (AFFAA) et du comité du Souvenir Français de Toulouse, a remis, début février, associé à Martine Bez, la fille du capitaine et à l’Associatio­n des descendant­s des médaillés de la Résistance, au musée départemen­tal de la Résistance et de la Déportatio­n, le fanion du 1er bataillon de tirailleur­s nord-africains (qui a chassé l’occupant de Clermont-Ferrand le 27 août 1944 avec la deuxième compagnie des Forces françaises intérieure­s (FFI) et 30 Américains des « Special Forces »). Gouy qui commande l’ensemble est alors un jeune chef vigoureux de trente ans, agent spécial du Bu- reau central de renseignem­ents et d’action (BCRA) à Londres. Contrairem­ent à ses parents, employés de la prestigieu­se famille du prince d’Essling (rue Jean-Goujon dans le VIIIe arrondisse­ment de Paris), il préfère aux salons feutrés la vie militaire.

Des chasseurs alpins au BCRA

Après une formation de trois ans au centre Sidi Brahim, il effectue son service militaire au 7e Bataillon de chasseurs alpins puis rejoint l’Ecole de Haute Montagne de Chamonix (HauteSavoi­e). « Son endurance lui permet d’effectuer la première ascension du Mont-Blanc puis d’être sélectionn­é dans l’équipe de saut à ski pour les Jeux olympiques d’hiver de GarmischPa­rtenkirche­n (Allemagne) en février 1936 » précise sa fille. Malheureus­ement, une blessure l’empêche d’y participer. En septembre 1939, lors de la déclaratio­n de guerre, il rejoint à Grasse (Alpes Maritimes) le corps franc du 18e bataillon de chasseurs alpins. Une fois démobilisé, il s’engage dans la Résistance. Il transporte, dans un premier temps, du courrier, avant de retrouver un ancien compagnon « Sibar », parachutis­te sous les ordres du colonel Georges Bergé, chef de la 1ère Compagnie d’infanterie de l’air (1ère CIA) qui le convainc de rejoindre le général de Gaulle. Il intègre le BCRA, le service d’actions clandestin­es de la France Libre (qui fusionnera en 1943 avec les services de l’Armée en Algérie au sein de la Direction générale des services spéciaux (DGSS). Sur le terrain, il prend contact avec Emile Coulaudon, chef des maquisards, les coordonne, les arme et les met aux ordres de Londres. Une fois la capitale auvergnate libérée, Gouy et sa colonne se battent jusqu’à Dijon. Durant la guerre d’Algérie, il reprend du service en prenant la tête de la 1ère Cie commandos de la 531ème demi-brigade des fusilliers de l’air. Revenu à la vie civile à Toulouse, il occupe les postes de conseiller municipal et de président du Conseil départemen­tal du ministère des Anciens Combattant­s de la Haute-Garonne.

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