Voitures, vélos, marche, transports en commun : voici comment on se déplace dans l’aire urbaine
Si l’usage de la voiture diminue dans l’aire urbaine de Toulouse, l’Enquête Mobilités, diffusée mercredi 7 février, confirme qu’il existe une vraie fracture des déplacements.
Tisséo a présenté, mercredi 7 février, l’Enquête Mobilités, sa grande enquête sur les déplacements dans l’agglomération de Toulouse.
Dix ans après la dernière enquête de ce type, cette nouvelle étude nous en apprend beaucoup sur les habitudes de transports des Toulousains et des habitants de l’aire urbaine. Par rapport à l’étude de 2013, le périmètre de l’étude a été élargi à 453 communes, contre 178 communes en 2013. Soit des communes situées jusqu’à la troisième couronne de Toulouse.
Au total, 15 000 « résidents du territoire concerné par l’enquête » ont été sélectionnées par tirage au sort pour participer à ce sondage devant donner la photographie des déplacements à Toulouse et largement autour de la métropole.
Voici ce qui ressort de cette nouvelle enquête :
#1 La voiture reste prédominante...
C’est somme toute logique. Avec 52% de part modale, l’usage de la voiture reste prédominant sur le périmètre correspondant à l’enquête de 2013, soit la première et à la deuxième couronne de Toulouse. Cette part modale a tout de même baissé de 8 points puisqu’elle se situait à 60% en 2013.
« Le recours à la voiture diminue quel que soit le territoire de résidence et le motif de déplacements », notent les auteurs de l’enquête.
Cependant, la part modale de la voiture augmente d’autant plus qu’on s’éloigne du centre de Toulouse : de 31% à l’intérieur du périphérique, elle passe à 64% en première couronne, puis à 74% en deuxième couronne, avant de baisser à 71% en troisième couronne.
Les deuxième et troisième couronne sont les véritables zones blanches en matière d’offre de transports en commun.
De ces zones proviennent de nombreux salariés qui rallient chaque jour la métropole pour y travailler, la plupart seul dans leur voiture. Cela se traduit dans les chiffres : l’usage de la voiture reste écrasant dans le cadre des trajets domicile-travail avec 70% de ces déplacements en voiture.
« Il faut réfléchir aux deuxième et troisième couronne pour apporter des solutions. On doit proposer des alternatives à une situation qui n’est pas durable », a fait remarquer Thierry Suaud, le maire de Portet-surGaronne, dont la commune est en première ligne sur le front des bouchons, chaque jour.
#2 La marche fait un bond
En dix ans, depuis 2013, c’est la marche à pied qui a fait un bond dans les habitudes de déplacements des habitants. La part modale y est, en effet, passée de 22 à 29%. Ce mode de déplacements est le premier à Toulouse (39 % des déplacements) devant la voiture (31 %), les transports en commun (21 %) et le vélo (6 %).
Sur l’ensemble du périmètre étudié en 2023, la marche représente 26% des déplacements, derrière la voiture (55%), mais largement devant les transports en commun (12%) et le vélo (4%).
Sans surprise, le choix du mode de transport dépend de la distance à parcourir. Sur les déplacements de moins de 1 kilomètre, la marche est largement prédominante avec 76% de part modale. Elle représente encore 40% des déplacements sur des distances de 1 à 2 kilomètres.
La marche pèse 1,2 million de déplacements par jour dans le périmètre étudié en 2023. 30% de ces déplacements sont effectués entre le domicile et un lieu d’achats et 26% le sont dans le cadre de trajets effectués entre le domicile et le lieu d’études.
« Cette croissance est notamment importante pour les activités de loisirs, visites, accompagnement, et courses », résument les auteurs de l’Enquête Mobilités.
#3 Les transports en commun stables
La part modale des transports en commun n’a pas augmenté d’un iota sur le périmètre étudié en 2013 : elle représente toujours environ 13% dix ans après. Sur le périmètre étudié en 2023, bien plus large sur le plan territorial, elle représente 12%.
À Toulouse, la part modale des transports en commun s’élève à 21%. Logique vu l’offre proposée.
Cette stabilité de la part modale des transports en commun peut être vue comme une déception. Pour Tisséo, cela n’en est pas forcément une, « même si on veut toujours faire mieux », explique Jean-Michel Lattes, son président.
« La période Covid nous a privés d’une meilleure dynamique. Là aussi, l’étude est un encouragement à nos choix, et notamment celui de réaliser la 3 ligne de métro qui ira chercher les déplacements domicile-travail qui sont actuellement effectués en voiture », estime Jean-Luc Moudenc qui met en avant la croissance de 11% du nombre de passagers sur le réseau, enregistrée en 10 ans. « Si la croissance démographique avait été moindre, la part modale des transports en commun aurait été plus forte », fait-il aussi remarquer.
« Au moment de la réalisation de l’enquête, le réseau Tisséo était encore en phase de reprise et sa fréquentation n’avait pas encore retrouvé son niveau d’avant covid », estiment les auteurs de l’étude.
« 55% de part modale pour la voiture et 12% pour les transports en commun, il y a des marges de progression importante. Quand les transports en commun sont efficaces comme à Toulouse, la voiture baisse en effet de 10 pts », constate Martine Croquette, en charge des mobilités au Département de Haute-Garonne.
#4 Le boom du vélo
Chaque jour, les habitants de Toulouse et des deux premières couronnes autour de la Ville rose effectuent 175 000 déplacements à vélo. C’est une hausse de 106% par rapport à 2013.
Le vélo pèse désormais 4% des déplacements et 8% des déplacements domicile-travail s’effectuent à bicyclette. Il représente une part modale de 7% sur des distances allant de 1 à 5 kilomètres. C’est dans ce segment qu’il est le plus utilisé.
#5 Toujours autant de bouchons
Si le nombre de déplacements en voitures a baissé de 13% chaque jour, pourquoi les bouchons sont-ils toujours aussi nombreux dans l’agglomération ? L’Enquête Mobilités est claire. La densité de circulation reste la même aux heures de pointe qu’il y a dix ans. Les courbes de la congestion sont même quasiment superposées.
Le pic des déplacements du matin est même plus élevé en 2023 qu’en 2013. L’étude s’étant bornée à étudier les déplacements de la population sur un certain périmètre, elle ne prend pas en considération les déplacements qui s’opèrent entre Toulouse et des territoires plus éloignés des trois premières couronnes autour de Toulouse. Or, les déplacements motorisés sont par exemple nombreux entre Montauban et Toulouse, la vallée du Tarn et Toulouse, Castres et Toulouse...
C’est le « pic du soir » qui reste le plus élevé sur nos routes. Ce qui confirme une étude de l’Agence d’urbanisme et d’aménagement aire métropolitaine (AUAT), publiée le 4 janvier 2024, qui permet d’évaluer les conditions d’accès en voiture à l’agglomération..