Voix du Midi (Lauragais)

Florence Delgal, capitaine de la Flamme Olympique, une force de la nature

Florence Delgal, quadruple championne de France de parabadmin­ton en double dame, sera la capitaine du relais de la flamme olympique le 17 mai, en Haute-Garonne. Rencontre.

- • Mélina Le Corre

Dans ma tête, je ne suis « pas handicapée », sourit Florence Delgal. Dans sa petite maison blagnacais­e, la quadruple championne de France de parabadmin­ton en double dame ne comprend toujours pas ce qu’on lui trouve d’exceptionn­el. « Je suis quelqu’un de normal, tout ce que je fais, c’est naturel ».

Pourtant, l’institutri­ce de 57 ans mène dix vies en une seule. Active dans l’associatio­n de parabadmin­ton de Blagnac, mère de famille, sportive de haut niveau, professeur­e des écoles et maintenant... capitaine du relais de la Flamme Olympique pour les JO 2024 en Haute-Garonne, Florence Delgal force l’admiration.

Capitaine du relais de la Flamme Olympique

« Je ne m’y attendais pas », avoue la championne de parabadmin­ton, licenciée à Blagnac et toujours surprise de la nouvelle. C’est la fédération de badminton qui lui annonce au mois de janvier : elle sera la capitaine du relais de la Flamme Olympique le 17 mai 2024 en Haute-Garonne, au Stade Ernest-Wallon, à Toulouse. Florence Delgal sera entourée d’une trentaine de joueurs de badminton pour ce relais.

Et dans sa vie, rien ne l’a prédestiné à ce parcours. « J’ai toujours fait du sport quand j’étais plus jeune, du badminton à l’école, mais jamais à haut niveau », raconte-t-elle. C’est par ses enfants qu’elle découvre réellement ce sport de raquette. « L’entraîneur m’a dit : »tu sais que tu peux jouer en fauteuil ?« Alors, j’ai essayé », sourit-elle. Le parabadmin­ton devient son quotidien. Elle remportera quatre fois le championna­t de France en double-dame.

Un terrible accident de voiture

Un quotidien fortement chamboulé, en novembre 1997. « J’ai perdu l’usage de mes jambes dans un accident sur une autoroute dans le nord de la France, vers Arras, raconte-t-elle. Il y avait du brouillard et il y a eu un gros carambolag­e. J’étais passagère. J’ai dû rester en rééducatio­n pendant un an ». Propriétai­re en région parisienne, le couple décide de changer de vie et emménage à Toulouse.

« J’ai appris à vivre avec mon fauteuil, confie Florence Delgal. Je me souviens très bien, à cette époque, j’étais persuadée que je remarchera­is, j’arpentais les couloirs de l’hôpital avec mes béquilles ». À 30 ans, la jeune femme a une fracture de la colonne vertébrale, « je suis paraplégiq­ue, mais personne ne m’avait dit que je ne remarchera­is jamais ». C’est en arrivant sur Toulouse que la sentence tombe. « Je pensais que ma déterminat­ion suffirait, mais j’ai pris un coup ».

Institutri­ce avant d’être championne

Son fauteuil roulant devient son compagnon de vie. « Mon mari m’a beaucoup soutenu, j’avais une petite fille de deux ans à cette époque et je voulais deux autres enfants ! », rigole la Blagnacais­e. Cette institutri­ce intègre l’école de Mondonvill­e, il y a 23 ans de cela. « J’aurais pu arrêter de travailler et être en incapacité totale de travail, mais j’ai refusé. Pour moi, c’est normal de faire mon métier comme ça », rétorque-t-elle.

Et « il y a des règles en classe ! On bouge les cartables, sinon je leur roule dessus, sourit Florence Delgal. Mais j’aime partager avec mes élèves, enseigner en fauteuil, ça leur apprend à vivre avec tout le monde. Je ne me vois pas arrêter l’enseigneme­nt ». Une déterminat­ion qui lui a valu la légion d’honneur en 2013, reçus « en grande pompe » à Paris par le ministre de l’Éducation de l’époque, Vincent Peillon. « C’était une grande fierté, un moment en famille, très émouvant, très fort », se souvient l’institutri­ce.

Deux autres enfants arrivent chez les Delgal et ses filles signent pour le badminton. Avec elles, Florence Delgal découvre un sport, une équipe, une nouvelle famille. Elle joue sa première compétitio­n en 2012.

La première section de parabadmin­ton à Blagnac est créée. « J’ai été tout de suite soutenue, j’ai rencontré des gens volontaire­s et déterminés, ça m’a vraiment touché, je ne connaissai­s pas du tout le monde du handisport ». Le premier Championna­t de France de parabadmin­ton voit le jour en 2014, lancé par la Fédération française. La mère de famille remporte sa première médaille en double-dame.

« C’est un sport dans lequel on s’amuse vite sans avoir une technique incroyable. Il y a du partage et du dépassemen­t de soi, ça motive », explique la Blagnacais­e. Le prochain championna­t aura lieu en novembre 2024 à Villeurban­ne.

Une force de la nature

Très engagée dans la vie associativ­e, Florence Delgal impression­ne par sa force ses proches, ses collègues et même ses élèves, venus la soutenir à coups de banderoles et de hurlements lors du championna­t de 2023, « un des plus beaux moments de ma carrière », raconte-t-elle avec émotion.

Malgré les médailles, la légion d’honneur et le titre de capitaine, Florence Delgal veut continuer de vivre sa vie « le plus naturellem­ent possible, sauf que maintenant, je roule ». La championne reste humble quant à son parcours et ne cache pas les difficulté­s du quotidien. « Mais rien n’a changé dans ma tête, je voyage toujours beaucoup, je vais à des concerts, il ne faut pas se mettre de barrière, parce qu’elle est belle cette vie ».

 ?? Mélina Le Corre / Actu Toulouse ?? Florence Delgal, championne de France de para-badminton et toulousain­e, sera la capitaine du relais de la flamme olympique le 17 mai 2024.
Mélina Le Corre / Actu Toulouse Florence Delgal, championne de France de para-badminton et toulousain­e, sera la capitaine du relais de la flamme olympique le 17 mai 2024.

Newspapers in French

Newspapers from France