Voix du Midi (Lauragais)

Le Sicoval répond à ses détracteur­s sur la question du bilan carbone du projet

Le collectif Non à la Zac du Rivel s’est allié à Jürgen Knödlseder pour publier un bilan carbone de la future Zac du Rivel en projet dans les communes de Montgiscar­d et Baziège. Le Sicoval leur répond.

- • Florian Moutafian

ans nos colonnes, le collectif Non à la Zac du Rivel s’indignait après avoir publié un bilan carbone opéré par Jürgen Knödlseder. Ici, le conseiller communauta­ire de Ramonville-Saint-Agne opposé au projet de parc d’activité prenait sa casquette d’astrophysi­cien formé à monter ce genre d’étude.

À grand renfort de chiffres, ils dénonçaien­t la pollution engendrée par la future Zac de 110 hectares à Montgiscar­d et Baziège : une émission de 200 000 CO2 équivalent (CO2e), soit six lancements de fusée Ariane, pour sa seule constructi­on, et 20 000 tonnes de CO2e par an, pour son exploitati­on.

Contacté par Voix du Midi Lauragais pour répondre à ses opposants, le porteur de projet, le Sicoval, ne l’entend évidemment pas de cette oreille. La collectivi­té le fait savoir par la voix de son directeur de cabinet, Emmanuel Auger.

DLes ambitions du Sicoval pour la Zac

Le bras droit du président Jaques Oberti rappelle rapidement que le futur parc d’activité a été reconnu premier Quartier durable Occitanie (QDO) par l’associatio­n Envirobat Occitanie et qu’il a également remporté l’Appel à manifestat­ion d’intérêt (AMI) « Quartier durable à énergie positive bas carbone » porté par l’Ademe. Sans oublier l’AMI « Démonstrat­eurs de la Ville durable », porté entre autres par la Banque des Territoire­s. « Il y a eu 39 lauréats au niveau national », souligne le représenta­nt de la communauté d’agglomérat­ion.

Objectifs annoncés de cet AMI : créer des opérations d’aménagemen­t comportant des solutions innovantes pour répondre à la transition écologique et démographi­que et soutenir la reprise de l’activité économique. «Ce ne sont que des mots, me diriez-vous. Mais il y a un cadre que l’on doit respecter et qui est source de financemen­ts », argumente Emmanuel Auger. «Là, on nous fait un procès d’intention », regrette-t-il.

L’agent le concède : la collectivi­té et le collectif Non à la Zac du Rivel ont des soucis de dialogue. «Ils partent du principe que le Sicoval et l’Ademe mentent. À partir de là, c’est difficile de discuter », soupire le directeur de cabinet. Avant de rappeler que le Sicoval a proposé la création d’un comité de suivi du projet.

L’agent de la collectivi­té semble aussi peu convaincu par le document publié par le groupe d’opposants. «Des bilans carbone, on peut en faire dix… C’est un tableau Excel qui dépend des données qu’on met dedans… »

Le CV de Jürgen Knödlseder en matière de bilan carbone ne l’impression­ne pas non plus : « Il est astrophysi­cien. Il a fait une formation au bilan carbone que tous nos technicien­s ont fait. »

Les études du côté du Sicoval

Du côté du Sicoval, deux études d’évaluation des émissions de Gaz à effet de serre (GES) du projet ZAC du Rivel ont été entreprise­s. La première est sortie en 2021 et est jugée trop incomplète par les opposants au projet. «Sur les conseils du bureau d’étude, nous n’avons pas pris des données d’entrée floues et incertaine­s : les émissions GES liées à la consommati­on énergétiqu­e des bâtiments de la Zac ainsi que les émissions liées aux déplacemen­ts des véhicules particulie­rs sur la voirie», contre-argumente Emmanuel Auger.

La seconde a démarré en mars 2022 avec l’Ademe dans le cadre d’une expériment­ation prenant en compte l’ensemble des émissions d’un projet d’aménagemen­t, note Emmanuel Auger. «Ce qui amène à intégrer des données d’entrées très hypothétiq­ues comme la constructi­on des bâtiments, leur équipement énergétiqu­e, les déchets, la consommati­on d’eau et les déplacemen­ts des usagers. Aucun outil n’est capable aujourd’hui de sortir un bilan carbone fiable de l’ensemble d’un projet d’aménagemen­t... »

Une étude toujours en cours, précise Emmanuel Auger. « Nous ne pouvons pas communique­r sur ces résultats incertains », ajoute-t-il.

Décroissan­ce ou aménagemen­t du territoire

Enfin, Emmanuel Auger déplace le débat sur un plan sociétal. « Il y a un modèle social et politique et un modèle technique de réalisatio­n de Zac. Ce sont deux choses qui ne peuvent pas être indépendan­tes. Soit on est pour la décroissan­ce, soit on est pour un aménagemen­t du territoire pour gérer l’augmentati­on de la population. C’est un vrai sujet politique. »

Il poursuit : « Moi, je voudrais savoir quel modèle de société les opposants à la Zac proposent. Cette réponse-là n’est pas apportée. Comment fait-on pour ne pas fermer les écoles et les commerces dans les villages ? […] Si on est pour un modèle de société décroissan­t, il faut expliquer comment on fait, où vont aller les gens et comment ils se déplacent. »

Lui préfère défendre le modèle choisi par le Sicoval qu’il décrit comme «un aménagemen­t durable et vertueux» en trouvant «les outils les moins impactant possible, car de toute façon, ils le seront ».

L’objectif zéro carbone du Sicoval

Pour Emmanuel Auger, le temps du bilan carbone doit plutôt arriver à l’issue du processus de création de la Zac. «Notre objectif, c’est qu’il soit à zéro. Pour nous, c’est un engagement », assure-t-il.

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