Cet avion électrique créé par Aura Aero est « une révolution »
Une startup de Toulouse vient de dévoiler son avion électrique, qu’elle développera en série pour 2026. Un engin non polluant et peu bruyant, qui la propulse à l’international.
C’est un avion dans l’air du temps. Moteur électrique de 150 kWh, alimenté par des batteries, rechargeables en un peu plus d’une heure (actuellement), et 30 minutes à l’avenir, pour une durée de vol de 60 minutes.
Une structure de 7 mètres, à deux-tiers en bois, « facilement réparable », et un tiers en carbone. Et puis surtout : « un niveau sonore tel, qu’on ne lèvera plus la tête au passage d’un avion », souligne Jérémy Caussade, fondateur de la startup toulousaine Aura Aero. Un avion silencieux, à l’intérieur du cockpit, comme à l’extérieur.
Un avion zéro carbone ?
Sur le papier, l’engin 100 % français, nommé Integral E, pourrait paraître futuriste. Mais après trois ans d’essais et de développement sur deux autres modèles thermiques, l’avion électrique a roulé sur la piste de l’aéroport Toulouse Francazal,
ce lundi 19 février 2024, remplissant d’émotion les 250 salariés, ingénieurs et pilotes confondus. Dans les prochains mois, l’avion biplace électrique Intégral E, - E pour le moteur ENGINeUS fabriqué par Safran -, volera. Il sera présenté au plus grand salon européen de l’aviation à Friedrichshafen, en Allemagne. Sa commercialisation démarrera cet été et les premières livraisons sont attendues pour 2026.
« C’est la première fois qu’une entreprise française produit des avions à moteur électrique en série », se réjouit Jacques Rocca, chargé de la communication d’Aura Aero. C’est aussi l’une des sociétés tricolore dont l’ambition porte clairement sur les enjeux « non plus de demain, mais d’aujourd’hui, assurent les fondateurs : la décarbonisation des transports ».
Avec ce petit avion deux places, Aura Aéro décolle tout droit direction sa cible : l’objectif de zéro émission nette de
CO2 en 2050. Alors, certes, il y a encore du chemin à parcourir. « Il faut qu’on puisse produire l’énergie qu’on met dans nos avions, souligne Jérémy Caussade. Même si l’automobile a défriché les choses. » Mais à Aura Aero, c’est surtout le « quand et comment cet avion électrique représentera la solution de demain ».
Jusqu’à l’international
Et puis où ? A cette question, l’entreprise toulousaine pose déjà quelques jalons aux EtatsUnis, le plus gros marché du monde. Elle prévoit d’ouvrir d’ici peu une usine Outre-Atlantique. « Il est probable qu’on monte en cadence », déclare le PDG.
En clair, Aura Aéro prend son envol. Et n’en est qu’à son départ. L’entreprise vient aussi d’obtenir une aide de 13,2 millions d’euros, dans un appel à projets France 2030, pour développer son modèle ERA, un aéronef régional éco-responsable de 19 places propulsé par huit moteurs électriques et un turbogénérateur. Un avion à plus grande échelle, inspiré de l’Intégral E, qu’elle souhaite développer avant 2030.
100 salariés et une usine supplémentaires
Pour cela, Aura Aero compte employer encore une centaine de personnes. Alors même qu’en l’espace de quatre ans, son personnel est passé de 2 à plus de 200. « On va avoir un permis de construire d’une usine de 40 000 m² sur le site de Francazal pour la fabrication des avions ERA 19 places et Intégral ». 500 exemplaires ont déjà été commandés.
En perspective ? Un chiffre d’affaires à la hausse, jusqu’à atteindre les 3 milliards, projette le fondateur. Mais aussi : la formation des pilotes à ces modèles nouvelle génération. Le bruit court que ces appareils silencieux seraient les prochains joujoux des apprentis de l’école Airbus Flight Academy à Angoulême...