Des millions d’euros de dégâts sur l’ex-Alinéa, « pillé par les gens du voyage »
Les travaux de réhabilitation ont débuté sur l’ex-Alinéa de Toulouse, toujours squatté par les gens du voyage, qui ont fait de coûteux dégâts sur le site, selon le propriétaire.
C’est épouvantable », « soupire Laurent de Sayve, « on n’arrive pas à les chasser ». Près de quatre ans après la fermeture d’Alinéa, le site est devenu un lieu de prédilection… des gens du voyage. À l’extrême sud-est de Toulouse, aux portes de Saint-Orens, les caravanes ont supplanté les voitures des clients qui venaient s’achalander en meubles et autres gadgets de déco. « Les travaux ont commencé, mais ce n’est pas simple, car des dizaines de caravanes occupent encore le parking », poursuit le fondateur d’Imocom Partners, société propriétaire du local. « Actuellement, on cure le bâtiment, on enlève ce qu’on ne garde pas avant de le diviser en plusieurs cellules commerciales. Et surtout, on nettoie ce que les gens du voyage nous ont démoli ». Depuis le départ d’Alinéa, le terrain en friche a fait l’objet de « successions de squats par les gens du voyage », qui ont « pillé tout ce qu’ils ont pu dans le bâtiment. Ils ont tout arraché : les câbles, le matériel de sécurité incendie, les cloisons… Il faut tout refaire », fulmine Laurent de Sayve.
L’addition va être très lourde pour le propriétaire, qui évoque « des dégâts de plusieurs millions d’euros ». « Ils ont tellement détruit le bâtiment que cela a de très lourdes conséquences sur tous les coûts du projet, mais aussi sur les délais de livraison », explique-t-il. Déjà retardée après les premiers pillages, la fin du chantier a pris « quelques mois de retard » supplémentaires avec le retour des gens du voyage fin 2023. Elle est désormais envisagée pour le « début 2025 ». D’ici là, le propriétaire prévoit des travaux d’Hercule, incluant la réhabilitation complète de la structure de bâtiment, avec des matériaux modernes, adaptés aux nouvelles normes environnementales. « L’avantage, c’est qu’il n’y a plus rien à piller. Désormais, ça ira plus vite. Le gros des travaux va commencer ces prochaines semaines ».
Si le site avait été rapidement saccagé après son abandon par Alinéa, Imocom Partners avait pourtant pris les devants en installant des blocs en béton et autres équipements de fortune. « La sécurisation du site nous a coûté près de 100 000 euros, rien que pour empêcher l’accès aux gens du voyage… C’est de l’argent jeté par les fenêtres. Ce site de Toulouse est pour nous un cas d’école », estime le patron d’Imocom Partners, qui dispose de nombreuses zones commerciales partout en France. « Je n’imaginais pas qu’ils parviennent à revenir », ajoute-t-il. « On a essayé de leur bloquer les accès dans tous les sens, mais rien n’y a fait. Malheureusement, ils ne s’embêtent pas avec la législation : il y a quelques semaines, ils ont volé une tractopelle à proximité et poussé les blocs en béton que nous avions fait installer ».
Des acquéreurs ont tourné les talons
Alors que le propriétaire prévoyait de diviser l’ex-Alinéa en trois cellules, de l’aveu de Laurent de Sayve, la commercialisation s’avère « très difficile » du fait de ce voisinage : « Des enseignes qui sont venues visiter le site nous ont dit non parce qu’elles ont pris peur face aux gens du voyage ».
« Clairement, cela a retardé la commercialisation. Quand vous avez un local vide, propre, avec un environnement commercial qui tient la route, c’est plus vendeur qu’un bâtiment littéralement pillé par les gens du voyage et autour duquel ils sont installés », ajoute Laurent de Sayve.
Pour succéder à Alinéa, le futur bâtiment devait être scindé en trois cellules. Deux enseignes se sont déjà engagées : les fleurons du discount B&M (équipement de la maison) et Stokomani (équipement de la personne) se partageront le rez-de-chaussée sur environ 2 000 m² de surface de vente chacune. Quant aux 4 000 m² dévolus à une troisième enseigne à l’étage, ils n’ont pas trouvé preneur… Et le propriétaire n’exclut désormais pas de découper l’espace en deux. Alors que l’activité semble plus poussive qu’ailleurs sur la zone commerciale de Saint-Orens, comme l’illustre la prochaine fermeture de Decathlon qui a déploré sa « faible activité économique » avant de plier boutique, Laurent de Sayve reste persuadé de ses capacités : « Si Decathlon Essentiel ferme, c’est parce que le concept ne marchait pas. Mais la zone est bonne, et sera encore davantage portée à l’avenir par la nouvelle ZAC de la Malepère », ce gigantesque quartier champignon qui devrait à terme compter 15 000 habitants. « De nombreux consommateurs vont s’installer à proximité immédiate, c’est très bon pour nous ».