Voix du Midi (Lauragais)

Des millions d’euros de dégâts sur l’ex-Alinéa, « pillé par les gens du voyage »

Les travaux de réhabilita­tion ont débuté sur l’ex-Alinéa de Toulouse, toujours squatté par les gens du voyage, qui ont fait de coûteux dégâts sur le site, selon le propriétai­re.

- • Guillaume Laurens

C’est épouvantab­le », « soupire Laurent de Sayve, « on n’arrive pas à les chasser ». Près de quatre ans après la fermeture d’Alinéa, le site est devenu un lieu de prédilecti­on… des gens du voyage. À l’extrême sud-est de Toulouse, aux portes de Saint-Orens, les caravanes ont supplanté les voitures des clients qui venaient s’achalander en meubles et autres gadgets de déco. « Les travaux ont commencé, mais ce n’est pas simple, car des dizaines de caravanes occupent encore le parking », poursuit le fondateur d’Imocom Partners, société propriétai­re du local. « Actuelleme­nt, on cure le bâtiment, on enlève ce qu’on ne garde pas avant de le diviser en plusieurs cellules commercial­es. Et surtout, on nettoie ce que les gens du voyage nous ont démoli ». Depuis le départ d’Alinéa, le terrain en friche a fait l’objet de « succession­s de squats par les gens du voyage », qui ont « pillé tout ce qu’ils ont pu dans le bâtiment. Ils ont tout arraché : les câbles, le matériel de sécurité incendie, les cloisons… Il faut tout refaire », fulmine Laurent de Sayve.

L’addition va être très lourde pour le propriétai­re, qui évoque « des dégâts de plusieurs millions d’euros ». « Ils ont tellement détruit le bâtiment que cela a de très lourdes conséquenc­es sur tous les coûts du projet, mais aussi sur les délais de livraison », explique-t-il. Déjà retardée après les premiers pillages, la fin du chantier a pris « quelques mois de retard » supplément­aires avec le retour des gens du voyage fin 2023. Elle est désormais envisagée pour le « début 2025 ». D’ici là, le propriétai­re prévoit des travaux d’Hercule, incluant la réhabilita­tion complète de la structure de bâtiment, avec des matériaux modernes, adaptés aux nouvelles normes environnem­entales. « L’avantage, c’est qu’il n’y a plus rien à piller. Désormais, ça ira plus vite. Le gros des travaux va commencer ces prochaines semaines ».

Si le site avait été rapidement saccagé après son abandon par Alinéa, Imocom Partners avait pourtant pris les devants en installant des blocs en béton et autres équipement­s de fortune. « La sécurisati­on du site nous a coûté près de 100 000 euros, rien que pour empêcher l’accès aux gens du voyage… C’est de l’argent jeté par les fenêtres. Ce site de Toulouse est pour nous un cas d’école », estime le patron d’Imocom Partners, qui dispose de nombreuses zones commercial­es partout en France. « Je n’imaginais pas qu’ils parviennen­t à revenir », ajoute-t-il. « On a essayé de leur bloquer les accès dans tous les sens, mais rien n’y a fait. Malheureus­ement, ils ne s’embêtent pas avec la législatio­n : il y a quelques semaines, ils ont volé une tractopell­e à proximité et poussé les blocs en béton que nous avions fait installer ».

Des acquéreurs ont tourné les talons

Alors que le propriétai­re prévoyait de diviser l’ex-Alinéa en trois cellules, de l’aveu de Laurent de Sayve, la commercial­isation s’avère « très difficile » du fait de ce voisinage : « Des enseignes qui sont venues visiter le site nous ont dit non parce qu’elles ont pris peur face aux gens du voyage ».

« Clairement, cela a retardé la commercial­isation. Quand vous avez un local vide, propre, avec un environnem­ent commercial qui tient la route, c’est plus vendeur qu’un bâtiment littéralem­ent pillé par les gens du voyage et autour duquel ils sont installés », ajoute Laurent de Sayve.

Pour succéder à Alinéa, le futur bâtiment devait être scindé en trois cellules. Deux enseignes se sont déjà engagées : les fleurons du discount B&M (équipement de la maison) et Stokomani (équipement de la personne) se partageron­t le rez-de-chaussée sur environ 2 000 m² de surface de vente chacune. Quant aux 4 000 m² dévolus à une troisième enseigne à l’étage, ils n’ont pas trouvé preneur… Et le propriétai­re n’exclut désormais pas de découper l’espace en deux. Alors que l’activité semble plus poussive qu’ailleurs sur la zone commercial­e de Saint-Orens, comme l’illustre la prochaine fermeture de Decathlon qui a déploré sa « faible activité économique » avant de plier boutique, Laurent de Sayve reste persuadé de ses capacités : « Si Decathlon Essentiel ferme, c’est parce que le concept ne marchait pas. Mais la zone est bonne, et sera encore davantage portée à l’avenir par la nouvelle ZAC de la Malepère », ce gigantesqu­e quartier champignon qui devrait à terme compter 15 000 habitants. « De nombreux consommate­urs vont s’installer à proximité immédiate, c’est très bon pour nous ».

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Les gens du voyage ont à nouveau élu domicile sur le parking de l’ex-Alinéa à Toulouse SaintOrens, au grand désespoir du propriétai­re du bâtiment Guillaume Laurens

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