La polémique enfle autour des méthodes utilisées par les forces de l’ordre pour évacuer la ZAD de l’A69
Vendredi 16 février, une plainte contre X a été déposée pour mise en danger de la vie d’autrui à la suite de l’opération de police menée sur la ZAD de l’autoroute A69.
Installée depuis le mois de novembre dernier dans le bois de la Crémade, à Saïx, la Zone à défendre (ZAD) de l’autoroute A69 a été en partie évacuée lors d’une opération de police menée sur le site le jeudi 15 février. En partie seulement, puisqu’une dizaine de militants restaient encore perchés dans les arbres au lendemain de cette intervention. Des « écureuils » qui ont été assiégés les jours suivants par les nombreuses forces de police ou gendarmerie se relayant au sol. « Le pied des arbres n’est pas accessible et leur ravitaillement est impossible », dénonçait le collectif opposé à la construction de l’autoroute A69 entre Castres et Toulouse, vendredi 16 février.
Dépôt de plainte
Ce même jour, La Voie est Libre annonçait avoir déposé avec plusieurs autres associations - ATTAC, la Ligue des Droits de l’Homme, l’Association nationale pour la biodiversité et le Groupe national de surveillance des arbres - une plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui après l’opération de police menée la veille pour évacuer la ZAD.
Photos et vidéos à l’appui, ces associations dénoncent des « exactions » commises par les forces de l’ordre autour de la ZAD lors de cette intervention. On y voit notamment gendarmes et policiers mettre le feu à différents matériaux (bois, plastique...) dans le bois. « Des scènes surréalistes », précisent les auteurs du dépôt de plainte en expliquant que ces actes ont généré des fumées toxiques en direction des activistes présents dans les arbres, les mettant en danger de mort. « Les pratiques des forces de l’ordre sont totalement inadmissibles. Nous refusons qu’un nouveau drame arrive pour que les instances compétentes se saisissent d’une expertise approfondie du dossier », indiquait alors Claire Dujardin, avocate au barreau de Toulouse, en charge du dépôt de cette plainte.
L’inquiétude d’un rapporteur de l’ONU
Souvent dénoncées ces dernières semaines par les collectifs d’opposants à l’A69, les méthodes employées par les forces de l’ordre aux abords de la ZAD de l’autoroute A69 sont désormais aussi pointées du doigt par plusieurs élus et parlementaires de La France
Insoumise et des Ecologistes.
Des instances indépendantes se sont également saisies du dossier. Ainsi, Michel Forst, rapporteur spécial de l’Organisation des Nations unies (ONU) en charge de la protection des défenseurs de l’environnement s’inquiétait, vendredi 16 février, de la situation dans un tweet publié sur le réseau social X en direction du préfet du Tarn : « Les alertes sur les méthodes de maintien de l’ordre actuellement employées contre les militants pacifiques sur le chantier de l’A69 sont alarmantes. Il est indispensable d’apaiser la situation sur place pour que la démocratie environnementale s’exerce. »
La situation dans le bois de la Crémade a également retenu l’attention de l’Observatoire toulousain des pratiques policières qui a annoncé envoyer une équipe sur les lieux, dès vendredi 16 février, dans le but de documenter précisément des pratiques policières qu’elle juge « inédites ». Présents en continu sur le site pendant le week-end, ses membres l’étaient également lundi 19 février lorsque l’opération de délogement des écureuils a commencé. Avant d’être interdit d’accès à la zone par les forces de l’ordre pour cause d’opération judiciaire « Alors que des gendarmes montent pour déloger les écureuils, il n’est plus possible pour nous d’observer efficacement le déroulement des opérations », regrettaient-ils alors.
Silence radio du côté de la préfecture
Contactée samedi 17 février au matin pour donner sa version des faits sur l’opération menée sur la ZAD du bois de La Crémade et les incriminations dont elle fait l’objet à la suite de celleci, la préfecture du Tarn n’a pas répondu à notre sollicitation.