Voix du Midi (Lauragais)

Connaissez-vous l’incroyable histoire de Punch, l’éléphant star du Museum ?

Impossible de le manquer dans le grand hall du Museum de Toulouse. Punch, l’éléphant d’Asie, star du musée, cache une belle histoire racontée par le directeur, Francis Duranthon.

- • Marie Lamarque

Àl’entrée du Museum de Toulouse, dans le grand hall, impossible de manquer l’imposant animal, la trompe levée. Il est devenu la mascotte la plus célèbre du musée, régulièrem­ent photograph­iée. Alors, connaissez­vous l’incroyable histoire de cet éléphant d’Asie ? Francis Duranthon, le directeur du Museum, nous la raconte.

Déjà une star de son vivant

Son nom ? Punch. De son vivant, il était déjà une star... mais dans un cirque, celui de Pinder. « À l’époque, il prenait ses quartiers d’hiver à Montauban, le long des quais du Tarn, sous le musée Ingres. Punch était l’une des attraction­s vedettes du spectacle », explique le directeur. Son dresseur, un certain M. Curley, d’origine anglaise, lui faisait faire un certain nombre de tours, pour le plus grand ravissemen­t du public. De retour sur les routes, le cirque a enchaîné les dates « à travers la France, et même l’Europe ». Marié, Curley avait été contraint de laisser son épouse à Montauban. Mais quand il est revenu dans la Cité d’Ingres, cette dernière s’est déjà envolée avec un autre. La rupture a plongé l’Anglais « dans une profonde dépression ». À tel point qu’il faisait le choix de repartir sur ses terres natales, laissant derrière lui son brave Punch. « Et vous savez, un éléphant dressé, il n’accepte l’autorité que d’une seule personne », précise Francis Duranthon. La séparation aura effectivem­ent un effet terrible sur Punch qui a montré, à plusieurs reprises, des signes d’agressivit­é, et ce, malgré des tentatives de Pinder de le faire apprivoise­r par d’autres. Puis, un jour, « d’un coup de trompe », il a projeté la personne qui venait le nourrir. « À ce moment-là, Pinder a dû prendre la triste décision de s’en séparer ». Nous sommes au début des années 1900. À cette période, difficile de savoir comment s’y prendre pour abattre un tel animal. Il faut que dire que Punch, du haut de ses 20 ans, pesait 3,167 tonnes ! « Les chasseurs du coin n’avaient pas l’habitude de tirer sur un mammifère de ce genre. » En conséquenc­e, « la décision est prise de demander à l’armée de venir exécuter l’éléphant ». C’est ainsi qu’un régime de zouaves, venu d’Agen, est mobilisé. Punch est fusillé puis donné par Pinder au Museum de Toulouse le 11 décembre 1907.

Pour le musée, c’est un cadeau de grande valeur qui vient de lui être fait, car l’impression­nante dépouille donne accès à un lot de savoirs. Et c’est Philippe Lacomme, taxidermis­te de l’époque, qui en a l’exclusive jouissance. « Cet éléphant a permis de mettre au point de nouveaux procédés, des procédés révolution­naires », insiste Francis Duranthon. Lacomme, lui, a l’idée de bâtir une charpente en bois sur laquelle il fixe une sorte de liège aggloméré. Il vient alors sculpter les masses musculaire­s de l’animal avant de coudre la peau dessus, comme on le fait toujours en taxidermie« . L’avantage de cette nouvelle méthode ? »Cela donne des spécimens beaucoup plus légers et manipulabl­es« . C’est peut-être pour cette raison que, plus de 100 ans après sa mort, Punch continue toujours de fasciner.

 ?? Frédéric Ripoll ?? Le directeur du Museum de Toulouse raconte l’étonnante histoire de Punch, l’éléphant mascotte du musée.
Frédéric Ripoll Le directeur du Museum de Toulouse raconte l’étonnante histoire de Punch, l’éléphant mascotte du musée.

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