Voix du Midi (Lauragais)

Les négociatio­ns virent à la guerre psychologi­que entre gendarmes et militants

Jeudi 22 et samedi 24 février, trois des activistes perchés dans les arbres de la ZAD de l’A69 ont été délogés. L’un par force, les deux autres en décidant de descendre eux-mêmes pour préserver leur santé. D’autres résistaien­t toujours mardi 27 février.

- • Paul Halbedel

epuis lundi 19 février, les gendarmes de la Cellule nationale d’action mobile (CNAMO) sont présents dans le bois de la Crémade, à Saïx, dans le Tarn, pour tenter de déloger la dizaine de militants perchés dans des arbres qui doivent être abattus dans le cadre du chantier de constructi­on de l’autoroute A69 entre Castres et Toulouse. Une opération délicate et de longue haleine.

Jeudi 22 février, deux militants ont pu être ramenés au sol. Le premier a été évacué en matinée à la demande de ses compagnons de lutte, en raison de sa faiblesse physique. Le second a quant à lui été cueilli de force par deux militaires de cette unité spécialisé­e au cours de l’après-midi.

DInterpell­ation musclée au milieu des arbres

Voix du Midi Lauragais était sur place et a pu assister à cette interpella­tion qui est intervenue au moment même où le rapporteur spécial de l’ONU en charge de la protection des défenseurs de l’environnem­ent, Michel Forst, arrivait sur le site pour s’entretenir avec ces militants (voir en page 12). Mais au moment de cette opération, plusieurs véhicules de gendarmeri­e ont été déplacés pour obstruer la vue des journalist­es présents sur place. Sur le cliché illustrant cet article, on peut toutefois apercevoir le militant redescendr­e dans la nacelle. Il est encadré par les deux gendarmes qui viennent de l’arrêter quelques secondes auparavant.

Cette interpella­tion a pu être filmée par Thomas Brail, le président fondateur du Groupe national de surveillan­ce des arbres (GNSA) – groupe dont plusieurs des militants sont perchés dans les arbres de la ZAD. Ce dernier l’a diffusée sur le réseau social Instagram en direct. On y voit l’activiste se débattre, au milieu des arbres et à plusieurs mètres de hauteur, pour tenter d’échapper aux gendarmes qui le tirent vers la nacelle. Une scène assez impression­nante.

Le patron du GNSA en profite aussi pour filmer le rapporteur spécial de l’ONU, présent à l’entrée du site et en grande discussion avec les gendarmes. Et qui, de là où il se trouve, ne peut donc pas assister à l’interpella­tion qui a lieu à quelques mètres de là. En est-il empêché volontaire­ment ? Rien ne permet de le prouver même si la scène interroge. L’opération de police ne reprendra d’ailleurs qu’une fois son départ effectif.

Un autre « écureuil » descend de lui-même

Samedi 24 février, c’est un autre activiste qui a choisi de redescendr­e de lui-même en raison d’un souci médical. Après un court passage par l’hôpital, il a aussitôt été placé en garde à vue. Le lendemain à 10 h 30, quelques dizaines de ses soutiens étaient présents pour l’accueillir à sa sortie du tribunal de Castres. Il précisait alors être sous le coup d’un contrôle judiciaire et d’une interdicti­on de présence dans le Tarn en attendant une future comparutio­n.

Depuis lundi 26 février, les négociatio­ns se poursuiven­t entre gendarmes et militants présents dans les arbres. Des échanges qu’il est possible de suivre quasiment en temps réel grâce aux vidéos postées par les « écureuils » sur les réseaux sociaux.

Mardi 27 février, il était difficile d’avoir une idée exacte du nombre de militants encore présents dans les arbres. Ces derniers laissent en effet planer le doute à ce sujet. Mais ils seraient encore au minimum six ou sept. Ces derniers dénoncent les conditions de siège des forces de l’ordre qui leur interdisen­t toute possibilit­é de ravitaille­ment autre que de l’eau depuis le début de l’opération. À l’heure de notre bouclage, des gendarmes étaient présents dans une nacelle déployée sur le site et semblaient prêts à tenter une nouvelle approche pour procéder à des interpella­tions aériennes. « Si vous approchez, on se décroche et nous ne serons plus en sécurité », menaçaient de leur côté les activistes.

Le feuilleton prend donc des allures de véritable guerre psychologi­que entre les différente­s parties. Tout porte à croire qu’il devrait se poursuivre encore plusieurs jours au regard de la déterminat­ion affichée par les opposants à l’A69.

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