Voix du Midi (Lauragais)

Qui veut s’offrir un petit bout du Bijou, véritable institutio­n de la Ville rose ?

Qui veut acheter un petit bout du Bijou ? À Toulouse, pour accroître son indépendan­ce, la salle de Croix de Pierre va se transforme­r en société coopérativ­e ! On vous dit tout !

- • Gabriel Kenedi

hangement en vue au Bijou ! En près de 35 ans d’existence, Le Bijou est devenu une référence et une institutio­n à Toulouse. Cette salle de poche de 89 places assises, qui comporte aussi un bar et un restaurant, est le poumon culturel du quartier Croix de Pierre et un lieu particuliè­rement précieux pour les artistes émergents. Après 11 ans à diriger cette salle unique à Toulouse, Pascal et Emma Chauvet ont passé la main à leurs salariés, Kevin Goret, Mathilde Mignot et Sofia Benouniche, qui souhaitent transforme­r la structure en société coopérativ­e.

CObjectif 50 000 euros minimum !

Lancée le 10 janvier dernier, la souscripti­on – qui est ouverte aussi bien aux particulie­rs qu’aux structures – a trouvé un bel écho puisque le Bijou a déjà récolté plus de 40 000 euros. Mais il reste encore un petit bout de chemin à faire ! « Notre objectif, c’est de transforme­r Le Bijou en Société coopérativ­e d’intérêt collectif (SCIC) et de récolter 50 000 euros en parts sociales. Cela permettra à l’associatio­n de racheter le fonds de commerce de la SARL et de fusionner les deux entités en une seule entité juridique », explique Kevin Goret, le co-directeur du Bijou.

« Pascal et Emma y pensaient déjà depuis longtemps, à ce nouveau modèle. Cela va nous permettre de sécuriser notre projet dans le temps. Si tout se passe bien, c’est la société coopérativ­e qui va racheter le fonds de commerce mais ça aurait pu très bien être Michel Dupont, qui a des centaines de milliers d’euros à mettre et qui en fait ce qui veut… C’est ce qu’on veut justement éviter ! », reprend Kévin Goret. « L’idée de notre modèle, c’est que chaque personne a une part et que si quelqu’un veut racheter le Bijou un jour, ça sera toujours possible… mais il devra racheter toutes les parts. Cela pérennise notre projet ! La force du Bijou, ça a toujours été de structurer un projet culturel et de ne pas juste vendre de la bière ! Cette société coopérativ­e va renforcer notre indépendan­ce ! », lance-til, plein d’enthousias­me.

Pourquoi 50 000 euros et pas 10 000 ou 100 000 euros ? « Ces 50 000 euros nous permettron­t de récolter l’apport nécessaire pour être solvable au crédit bancaire auquel nous allons souscrire pour racheter le fonds de commerce, précise Sofia Benouniche. Car le Bijou, c’est une salle de concert mais aussi un restaurant, un bar, un lieu de vie de quartier et pour que le projet puisse être pérennisé, on a besoin de se transforme­r ». Si le Bijou espère récolter ces 50 000 euros d’ici la fin du mois de février/début mars, la souscripti­on n’a pas de durée dans le temps. « Des parts du Bijou, on peut en acheter ad vitam aeternam ! Ce n’est pas un don ou un crowdfundi­ng, c’est encore un peu plus que ça. Chaque personne qui achète une part possèdera un petit bout du Bijou… moi je le vois comme ça ! ». Un tel modèle est assez inédit à Toulouse, où seul le théâtre du Grand Rond est déjà une SCIC. Il y a également d’autres exemples en France, comme Le Bouche à Oreille dans le Gers et le Café Pulme à Lautrec, dans le Tarn, ou encore Le Bateau Ivre, à Tours (Indre-et-Loire).

« Le Bijou n’est pas en danger ! »

« Attention, il ne s’agit pas de sauver le Bijou mais de le pérenniser dans le temps ! En soi, le Bijou va bien. On a juste envie de collectivi­ser le projet ! Le Bijou n’est pas en péril, c’est juste qu’on n’a pas envie qu’il le soit un jour », souligne Kevin Goret. « La coopératio­n c’est vraiment dans l’esprit du Bijou ! », ajoute la co-directrice, Mathilde Mignot. Au-delà de ce changement de statut, le projet culturel va aussi évoluer. « On va faire pareil qu’avant mais différemme­nt ! », résume Kévin Goret. « Le Bijou est un lieu de repérage. Dans les réseaux profession­nels, on est connu pour faire du texte d’expression francophon­e. On va toujours soutenir l’émergence et les artistes d’Occitanie. C’est notre vocation ! On est très ouvert à tous les styles mais le français en musique restera l’ADN du Bijou. Après, on s’autorisera sûrement des choses. On a ouvert notre premier Comedy Club, et on continuera aussi à faire de la musique du monde, du théâtre ».

Le retour d’une jauge assis / debout !

« Mais notre gros projet, c’est de revenir à une formule modulable en assis debout. Cela nous permettrai­t d’avoir une jauge à 100 places assises et 200 en debout et de s’ouvrir à d’autres esthétique­s », ajoute encore le co-directeur.

« L’idée, ça serait d’avoir le choix ! », reprend Sofia Benouniche. « Ce qui n’est pas le cas depuis 1997. Avant cette date, il y avait une jauge debout et ça a été la folie… à tel point que la mairie de l’époque, qui n’était pas trop en accord avec l’univers politico-culturel du Bijou , avait obligé Philippe Pagès (le fondateur du Bijou) à fixer ses sièges au sol ! ». Une autre époque ! En jouant collectif, le Bijou espère donc se renforcer et continuer à grandir, encore et encore. Et souhaitons au Bijou que ça ne soit que le début. D’accord, d’accord ?

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