Voix du Midi (Lauragais)

Les années toulousain­es de Thomas Pesquet

Dans son livre « Ma vie sans gravité », Thomas Pesquet revient sur ses années passées à Toulouse, où il découvre les avions, Supaéro... et la vie étudiante ! Morceaux choisis.

- • Gabriel Kenedi

’est le plus toulousain des astronaute­s ! Thomas Pesquet a publié il y a quelques semaines aux éditions Flammarion « Ma vie sans gravité », son autobiogra­phie dans laquelle il retrace avec passion son long chemin pour devenir astronaute. Et dans cette autobiogra­phie, il revient inévitable­ment sur ses années passées à Toulouse.

C« Direction Toulouse et la vie étudiante »

De 1998 à 2001, Thomas Pesquet a en effet passé trois années à l’école Supaéro, une très prestigieu­se école d’ingénieurs en aéronautiq­ue basée à Toulouse, qui figure parmi les références mondiales. Pour se rendre dans la Ville rose, le Normand, alors âgé de 20 ans, prend d’ailleurs pour la première fois de sa vie l’avion. En tant que simple passager pour l’instant. Le jeune Thomas crèche dans une simple chambre de 9 m2 à la résidence universita­ire située sur le campus de l’école, en dehors du centre-ville. Il découvre alors les joies estudianti­nes de la Ville rose.

Fanfare et… groupe de ska !

« Toulouse m’émerveille : il y fait beau, on est à deux pas de la mer et de la montagne, la ville fourmille d’étudiants. Nous allons d’ailleurs passer beaucoup plus de temps (au début...) dans les soirées que sur les bancs de l’amphi ». Ne tenant pas en place, Thomas Pesquet déborde d’activités sportives, littéraire­s ou musicales. Le saxophonis­te amateur s’inscrit même dans la fanfare de l’école. Non sans quelques arrières pensées ! « La fanfare, c’est l’occasion d’être de tous les bons plans : fête du Beaujolais nouveau sur la place Saint-Pierre, matchs de rugby du Stade Toulousain, ou encore les Férias de Condom dans le Gers », s’amuse-t-il. Passionné de musique, il forme même un groupe de ska avec ses amis, baptisé « Les Skalatorz » ! Le band « compte de vrais bons musiciens, j’en suis le saxophonis­te plutôt moyen et nous ne tardons pas à avoir notre petit succès. Le bouche-à-oreille nous conduit des soirées étudiantes jusqu’au Café-Rex, scène toulousain­e à la mode, en passant par Supaérock, le festival de l’école », indique Thomas Pesquet. « Nos tenues sont flamboyant­es, funky, et pour tout dire, gentiment pathétique­s ».

Au-delà de ces joyeusetés liées à la vie étudiante qui font la réputation de Toulouse depuis de nombreuses années, Thomas Pesquet est aussi un jeune homme évidemment studieux ! Il profite de ses années toulousain­es pour piloter pour la première fois un avion ! « A Supaéro, tous les élèves ont droit à une activité aéronautiq­ue subvention­née. On peut ainsi pratiquer le parachutis­me, le parapente, le vol à voile ou encore... apprendre à piloter ! Mon vieux rêve ! Jamais rassasié d’activités, je m’y rue ». Il passe les sélections et apprend à piloter à l’aérodrome de Lasbordes, situé sur la commune de Balma et à 6 kilomètres du campus. « Bon an mal an, j’effectue mes premières heures de vol sur un DR 400, petit avion quatre places à hélice, avec un instructeu­r en double commande (...). Au bout de six heures de vol, il estime que je suis prêt pour me lâcher : je vole seul pour la première fois. (...). La réalité ne dément pas mon vieux fantasme : j’adore piloter, j’adore voler. » La suite est connue : après une spécialisa­tion dans le domaine dans le domaine spatial en 3e année à Supaéro, Thomas Pesquet est diplômé en 2001. « Les attentats du 11 septembre et la tragédie d’AZF rendent l’ambiance pesante, et amènent un sentiment d’incertitud­e sur la vie qui nous attend », écrit-il. C’est aussi l’heure pour le jeune Thomas, âgé désormais de 23 ans, de choisir définitive­ment sa voie profession­nelle. Après un petit crochet en Espagne et à Madrid, l’ESA (déjà !), lui propose également un job. Un CDD sans reconducti­on. Après avoir hésité, il opte finalement pour un CDI au CNES, à Toulouse, où « très peu de types de mon âge y sont engagés » ; « une chance assez inespérée », pense-t-il. Il débute donc sa vie profession­nelle. Sa petite amie, Anne, le rejoint à Toulouse. Mais ce n’est pas exactement de cette vie-là que Thomas Pesquet semble vouloir. « Au CNES, tout se passe on ne peut mieux. Ma vie d’ingénieur est très enviable. Mais… clouée au sol derrière un ordinateur (...). Les mois passent, et il m’arrive de me demander si je suis entièremen­t à ma place. Jusqu’à reconnaîtr­e que… peut-être pas », écrit encore Thomas Pesquet.

Air France avant l’ESA

Puis revient un vieux désir, qu’il couve depuis toujours : devenir pilote. Thomas Pesquet décide alors de tenter les concours avec Air France. Après une âpre sélection, il fait finalement partie des heureux élus. « Je suis très heureux : je ne serai pas masqué comme les héros de mon enfance, certes, mais : pilote quand même ! J’en rêve depuis longtemps ». La page toulousain­e se referme donc. Thomas Pesquet prend la direction de Merville, dans les Hauts-de-France. Le début d’une nouvelle aventure qui le mènera par la suite... jusque dans l’espace !

■ « Ma vie sans gravité », de Thomas Pesquet. Aux éditions Flammarion. Tarif : 24€.

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