Voix du Midi (Lauragais)

Nouveaux heurts lors d’une tentative de ravitaille­ment des militants perchés dans les arbres

- • Paul Halbedel

Vendredi 1er mars, au lendemain de la publicatio­n des conclusion­s du rapporteur de l’ONU, 80 personnes ont tenté de ravitaille­r les militants perchés dans les arbres de la ZAD de l’A69. Les gendarmes les en ont empêchés et la situation a dégénéré.

Ils voulaient apporter des vivres aux « écureuils », le nom qu’ils donnent à leurs compagnons de lutte perchés dans les arbres de la ZAD de l’A69. Près de 80 opposants à l’autoroute entre Castres et Toulouse se sont réunis vendredi 1er mars, en fin d’après-midi, aux abords du bois de la Crémade, à Saïx, dans le Tarn.

Dès leur arrivée à l’entrée du chemin de La Gascarié, les manifestan­ts ont fait face à un important cordon de forces de l’ordre déployé pour les empêcher d’accéder au site. Très rapidement, la conversati­on s’est engagée entre militants et forces de l’ordre. « Le rapporteur spécial de l’ONU demande à ce que les écureuils puissent être ravitaillé­s. On ne peut pas les priver de nourriture. Il a bien dit que c’était considéré comme de la torture. Il faut nous laisser passer », lance un militant sous le regard impassible des gendarmes mobiles.

Karen Erodi, députée La France Insoumise du Tarn, est aussi là avec son écharpe tricolore. Elle est autorisée à avancer de quelques mètres dans le périmètre interdit aux manifestan­ts pour s’entretenir avec un gendarme. Sa requête est la même. Elle revient finalement auprès des militants en expliquant qu’elle n’est pas autorisée non plus à apporter les sacs de nourriture aux « écureuils » en raison d’une opération judiciaire en cours. « Parce qu’il y a une opération judiciaire, on va les laisser crever ? C’est inhumain ! », s’agace un militant.

Les « A boire, à manger », commencent à être scandés par la foule. Une manifestan­te active quant à elle son mégaphone et diffuse en boucle une bandeson avec les paroles du message du rapporteur spécial de l’ONU, Michel Forst : « Mon mandat est basé sur une convention juridiquem­ent contraigna­nte, c’està-dire que l’État a l’obligation d’écouter mes recommanda­tions et de les mettre en oeuvre. » Un haut gradé de la gendarmeri­e approche. « Vous reculez. Vous assourdiss­ez tout le monde avec votre appareil. » La situation se tend et les premières bousculade­s intervienn­ent, les forces de l’ordre repoussant avec leurs boucliers des manifestan­ts de plus en plus insistants.

Finalement, les manifestan­ts décident de contourner le cordon de forces de l’ordre par le champ voisin pour se rapprocher de la ZAD où sont présents les militants perchés dans les arbres. Les gendarmes se replient pour constituer un nouveau barrage, une centaine de mètres plus bas. Certains opposants à l’A69 tentent de forcer le barrage et sont repoussés par les boucliers. Les bousculade­s deviennent de plus en plus nombreuses. Quelques militants sont projetés au sol, dans la boue. Une montée en tension qui aboutit à des jets de quelques dizaines de grenades lacrymogèn­es par les forces de l’ordre pour disperser la foule. Quelques-uns des manifestan­ts répondent en renvoyant ces mêmes grenades vers les gendarmes ou leurs véhicules.

Les militants sont finalement contraints de se replier au croisement entre la route de Sémalens et le chemin de La Gascarié où la circulatio­n est d’ailleurs interrompu­e pendant quelques minutes. Certaineme­nt postés un peu plus loin jusque-là, de nombreux fourgons de forces de l’ordre arrivent très rapidement en renfort.

Le calme revient finalement et plusieurs manifestan­ts quittent les lieux. L’opération de ravitaille­ment des « écureuils » a échoué. Les paroles de Michel Forst sont à nouveau diffusées en boucle au mégaphone par la vingtaine de militants qui a décidé de rester sur place. « On diffuse encore le message. Et ensuite, plus de bruit pour que les écureuils puissent se reposer », lance un militant peu avant 20 h.

Les jours suivants, plusieurs autres tentatives de ravitaille­ment ont elles aussi échoué. Lundi dans l’après-midi, c’est finalement les avocats des militants perchés dans les arbres qui ont finalement été autorisés à leur apporter des vivres. Mardi 5 mars, au moins trois « écureuils » n’avaient toujours pas été délogés par les forces de l’ordre.

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