Une grande zone maraîchère renaît à Blagnac
Au nord-ouest de Toulouse, la Ville de Blagnac a sanctuarisé 135 hectares de terres agricoles pour y encourager l’activité maraîchère. Le projet prend une nouvelle dimension.
C’est un témoignage bien vivant de la ruralité en pleine agglomération de Toulouse. À Blagnac, en bord de Garonne, la Plaine des 15 Sols est restée une enclave agricole au milieu d’un environnement de plus en plus urbain, avec le développement de l’aéroport, l’expansion des usines d’Airbus ainsi que la multiplication des quartiers résidentiels. Située en zone inondable, cette plaine est restée, au fil des décennies, un espace dédié à l’agriculture. Un espace partagé entre des champs, quelques habitations isolées, et quelques cabanons… Un espace que la Ville de Blagnac a décidé de sanctuariser en espace agricole face à la spéculation. Ainsi, en 2021, par un arrêté du préfet, la première zone agricole protégée (ZAP) de l’agglomération de Toulouse a vu le jour à la Plaine des 15 Sols
135 hectares sanctuarisés
Début 2022, Pascal Boureau, adjoint à la mairie de Blagnac, expliquait la portée de cette décision : « Ce sont des terres très fertiles qui se prêtent particulièrement au maraîchage. Or, ces vingt dernières années, il y avait dans cette zone beaucoup d’achats spéculatifs de terre, d’autres parcelles étaient en jachère. Ce territoire évoluait dans un sens qui ne nous plaisait pas avec des dépôts de déchets issus du bâtiment ou encore la tenue de fêtes et de barbecue. De notre côté, nous rachetions au fur et à mesure certaines parcelles. Avec la création de cette zone agricole protégée, l’ensemble des 135 hectares sont désormais sanctuarisés et réservés pour y installer des agriculteurs ». À l’époque, huit exploitants agricoles travaillaient la terre de la plaine. Deux ans plus tard, ils sont douze et le projet de faire des 15 Sols la grande zone maraîchère de l’agglomération de Toulouse passe à la vitesse supérieure. Pascal Boureau évoque les dernières avancées de ce projet unique dans l’agglomération de Toulouse, par sa taille, et la démarche entreprise :
« La Ville, au fil des années, a acquis 65 hectares sur les 135 de la Plaine. La réorganisation foncière est désormais terminée, cela a été bouclé il y a environ un mois. L’idée a été de regrouper des petites parcelles pour en faire des parcelles plus grandes, d’environ 2 hectares, donc viables pour des maraîchers. Ce qui nous permet désormais de proposer de nouvelles parcelles plus grandes à des personnes qui souhaiteraient s’installer sur la Plaine », explique l’élu.
Produire du bio
Dans les faits, 45 hectares, sur les 65 que possède la mairie de Blagnac, sont déjà cultivés. La quinzaine d’hectares qui reste est disponible pour y installer des maraîchers en agriculture biologique.« Les 10-15 hectares qui restent sur la partie dont la mairie est propriétaire doivent trouver preneur. Chaque grande parcelle proposée dispose d’un puits, et d’un cabanon que la mairie réhabilite au préalable, et qui permet à chaque maraîcher de stocker son matériel », explique Pascal Boureau.
Dans les années à venir, la Ville de Blagnac compte bien continuer à racheter du foncier sur la Plaine.
« Sur les 135 hectares, il y a 25% de terres disponibles, qui appartiennent soit à la mairie, soit à des privés pour accueillir des maraîchers, constate Pascal Boureau. Certaines parcelles qui appartiennent à des familles depuis des générations ne sont plus cultivées. Au gré des successions, elles sont transmises, sans que des projets agricoles y voient le jour ». La mairie de Blagnac va donc continuer à se manifester auprès de ces propriétaires pour tenter de racheter ces espaces encore inexploités. Et développer ce projet maraîcher 100% bio qu’elle souhaite voir émerger sur les 135 hectares de cet espace agricole unique dans l’agglomération toulousaine. « C’est tout un écosystème qui est en train de redonner vie à cette plaine maraîchère ancestrale (voir encadré). Les maraîchers qui se sont installés sont arrivés avec des projets solides tournés vers la vente directe ou des circuits courts. Actuellement, un ouvrier agricole est en train de préparer un dossier. Il veut travailler avec les restaurateurs locaux. Avec de tels dossiers, notre démarche est clairement validée ». Comme pour l’ensemble des candidats, ce nouveau dossier de candidature sera examiné par la chambre d’agriculture. Au total, ce sont 20 à 25 maraîchers qui pourraient, dans le futur, coexister sur la Plaine des 15 Sols.