TOULOUSE Immeuble effondré, fissures, signalements à foison… Où en est-on ?
Le maire Jean-Luc Moudenc a indiqué lundi 18 mars 2024 qu’Allô Toulouse avait reçu 150 appels par jour pour des problèmes sur des immeubles après l’effondrement rue Saint-Rome.
50 par jour. C’est le nombre 1 d’appels quotidiens reçus par Allô Toulouse, la plateforme de la mairie, pour signaler des problèmes structurels sur des immeubles, les jours suivant l’effondrement spectaculaire survenu rue Saint-Rome, a indiqué le maire Jean-Luc Moudenc ce lundi 18 mars, en marge d’un échange avec quelques journalistes. Un chiffre sans commune mesure avec l’activité habituelle de cette plateforme municipale, a concédé le maire : « Chaque année, on a toujours un nombre important de signalements, entre 300 et 400 par an, voire parfois 500, qui donnent tous lieu à une inspection de nos services ». Alors qu’il prévoit de faire des annonces sur le sujet ce mardi 19 mars, le maire a ensuite évoqué la situation de chacun des trois immeubles qui ont occupé ses services ces derniers jours, l’un s’étant effondré, et les deux autres ayant été évacués en urgence.
Rue Saint-Rome
« En ce qui concerne le 4 rue Saint-Rome, nous avons tout dégagé, tout payé, tout sécurisé », a avancé le maire, « mais il manque deux éléments à éclaircir ». D’une part, « pour l’heure, je ne sais pas quelle est la cause de l’effondrement »… Mais la connaîtra-t-on un jour ? L’édile en doute visiblement : « Les quatre autres effondrements qui ont eu lieu depuis que je suis maire étaient partiels. Là, nous avons eu un effondrement total, ce qui rend forcément plus difficile le travail de recherches ». D’autre part, Jean-Luc Moudenc lui-même s’interroge sur la date de réouverture des « quelques commerces encore fermés autour du n°4 ».
Rue du Puits-Clos
En ce qui concerne l’immeuble à l’angle de la rue du Puits-Clos et de la rue Peyras, évacué juste après l’effondrement, cette bâtisse à colombages de la fin du XVe siècle était « sous surveillance depuis des années », a rappelé le premier magistrat. En attendant « les résultats du rapport de l’enquête, qui sont attendus ce mardi », il estime que cet immeuble « a cumulé trois malheurs ».
Primo, « les exigences de la DRAC et de l’Architecte des Bâtiments de France qui ont jusqu’ici bloqué tout chantier, car les travaux qu’ils préconisaient étaient trop coûteux ». Secundo, « ce bâtiment se retrouve avec un syndic qui a été commis d’office, sans un euro pour fonctionner, puisqu’il était géré par le fameux cabinet L’Immeuble ».
Et tertio, si cet immeuble « suivi depuis des années par la mairie » était « parfaitement habitable et sécure jusqu’ici, il ne l’est plus depuis le 9 au soir », date de l’effondrement de l’immeuble rue Saint-Rome, qui aurait entraîné l’apparition de « fissures inquiétantes » avait indiqué la collectivité.
Place Belfort
En ce qui concerne enfin l’immeuble situé à l’angle de la place Belfort et de la rue Caffarelli, les autorités l’ont fait évacuer samedi « par mesure de précaution et d’urgence ». Celui-ci étant dans un tout autre quartier, il ne peut y avoir de lien avec la rue Saint-Rome, mais des occupants avaient, ici aussi, alerté les secours après avoir vu le bâtiment se fissurer à vue d’oeil. « Les personnes qui nous ont alertés samedi soir ont été témoins d’une fissure qui s’est créée et s’élargissait sous leurs yeux », a précisé Jean-Luc Moudenc. Que s’est-il passé en ce qui concerne cet immeuble ? « Une étude plus documentée et une expertise ont été mandatées », a indiqué le maire. Les circonstances de la fragilisation de l’immeuble restent à déterminer, d’autant que « les nombreux chantiers d’urbanisme menés aux alentours sont terminés depuis longtemps ». Hasard de calendrier, le gouvernement planche actuellement sur une loi portant sur la rénovation de l’habitat dégradé. Et Jean-Luc Moudenc se réjouit que ce futur texte « prévoie d’obliger les propriétaires à faire un diagnostic structurel » de leurs immeubles. « Des outils juridiques nouveaux que nous n’avions pas se profilent », a-t-il esquissé. « Car ce n’est pas un problème toulousain et jusque-là, les maires étaient extrêmement limités par le droit ».
Quid, enfin, des voix s’élèvent à gauche pour fustiger la gestion municipale de ce dossier ? « Une partie de l’opposition essaie d’accréditer la thèse que nous n’aurions rien fait, alors que nous avions une étude à disposition, en l’occurrence celle du cabinet Urbanis », observe Jean-Luc Moudenc. « Or, l’étude en question portait uniquement sur l’extérieur des immeubles. Elle a un intérêt certain, mais superficiel, car ce n’est pas ce qu’il nous faut. Au 4 rue SaintRome, vu de l’extérieur, on ne voyait rien… » Et de conclure : « Il faut une étude structurelle du bâti des immeubles ».