Voix du Midi (Lauragais)

« Combien d’immeubles sont en péril ? » interroge le député François Piquemal

- • Guillaume Laurens

Dans un entretien, le député François Piquemal réclame « de la transparen­ce sur le nombre d’immeubles en péril » à Toulouse, après l’effondreme­nt rue Saint-Rome.

uelques jours après l’effondreme­nt spectacula­ire d’un immeuble de trois étages au coeur de Toulouse, le député (LFI-Nupes) de la 4 circonscri­ption de HauteGaron­ne François Piquemal – qui était porte-parole de l’associatio­n Droit au logement (DAL) avant d’être élu à la Ville puis à l’Assemblée –, se livre dans un entretien.

QLe logement a toujours été l’un de vos chevaux de bataille, que vous inspire l’effondreme­nt de cet immeuble à Toulouse ?

François Piquemal : « On est passé près d’un Noailles toulousain (allusion à ce quartier de Marseille où huit personnes ont trouvé la mort dans l’effondreme­nt de deux immeubles il y a cinq ans, NDLR). Il y a des questions qui se posent sur le fait que l’accès à la rue ait été aussi peu sécurisé quand la dangerosit­é de l’immeuble a été avérée. La mairie a aussi enchaîné les injonction­s contradict­oires aux habitants, qui devaient tantôt quitter leur logement, tantôt y revenir… Le périmètre de sécurité n’était pas suffisant et quatre personnes sont passées près d’être ensevelies. Cela s’est passé la nuit, imaginez si ça avait eu lieu en plein jour ! »

En tant que député, savez-vous combien il y a d’immeubles en péril, ou de logements insalubres, au centre de Toulouse ?

F.P. : « Non, car c’est une prérogativ­e de la Mairie et de la

Métropole via le service de l’urbanisme, ce sont les seules susceptibl­es d’avoir les réponses. Malheureus­ement, Claire Nison (l’élue en charge de ce dossier, NDLR) refuse de communique­r ces chiffres. Il y a donc deux solutions : soit elle ne les a pas, soit elle les a et ne veut pas les donner pour une raison qui m’échappe. Ces chiffres sont-ils si conséquent­s qu’il faut s’en inquiéter, ou bien la mairie estelle si laxiste qu’il n’y a pas eu d’évaluation ? Dans les deux cas, c’est problémati­que. Il faut un minimum de transparen­ce dans la vie publique. Je demande qu’on sache exactement combien d’immeubles sont en péril à Toulouse, ou sont dangereux pour les habitants. Le seul chiffre à notre dispositio­n aujourd’hui est celui avancé par Xavier Martin, président de l’associatio­n des propriétai­res et copropriét­aires. D’après lui, et je lui prête la bonne foi, il y a environ 4 000 logements dégradés et 750 immeubles à risque, dont 80 % au centrevill­e. C’est préoccupan­t ».

Vous compariez Toulouse à Marseille, est-ce à vos yeux la même situation ?

F.P. : « Je ne la compare pas ! Rue Saint-Rome, il n’y a pas eu de drame humain, et c’est heureux, mais on n’est pas passé loin d’une catastroph­e. Il faut regarder le problème en face, ne plus être négligent et se doter d’une vraie politique publique sur la rénovation des immeubles et la sécurité des habitants ».

Hasard de calendrier, députés et sénateurs vont plancher sur un projet de loi destiné à simplifier la rénovation de l’habitat dégradé. Que peut changer cette loi pour le centre-ville de Toulouse ?

F.P. : « Ce texte va donner quelques outils supplément­aires, mais c’est assez limité au regard de ce qu’il faudrait faire. Après, il ne faut pas tout attendre du national. Ce qui changerait les choses à Toulouse, c’est une volonté politique locale. Sans cette vision, on fait simplement de l’immobilier d’opportunis­me, sans aucune cohérence urbaine, comme Monsieur Moudenc. Quand on a planté son PLUiH devant la justice et qu’on se retrouve avec son ancien plan local d’urbanisme sans le moindre document cadre récent, cela n’aide pas, mais il faut de la planificat­ion urbaine ».

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