Albert Carovis, chef de file de la Résistance civile
Ce résistant, à la tête du Maquis Roger, l’un des plus actifs de Haute-Garonne, devient président du Comité départemental de libération (CDL) du département.
Albert Carovis fait partie de la caste des premiers résistants. Mobilisé comme officier, commandant d’une compagnie du 16e Régiment de tirailleurs sénégalais, ce Saint-Cyrien originaire de l’Aveyron (natif de Boisse-Penchot, près de Decazeville) refuse la défaite et la collaboration.
Il s’engage dans la Résistance
De retour à la vie civile, tout en reprenant son travail d’ingénieur, il multiplie les contacts autour de Grenade-sur-Garonne (Haute-Garonne) pour former un groupe d’opposants au régime de Vichy. « La Résistance fut un métier de bâtisseurs. Je travaillais dans une entreprise qui construisait des lignes électriques et des rails de chemin de fer. (...) J’ai donc rejoint mes chantiers et j’ai commencé en même temps mon travail de résistant : chercher des gens qui voulaient se faire casser la figure sans espoir, quel qu’il soit (...). Parmi mon personnel, j’avais des éléments qui m’étaient sûrs. Je leur ai dit : voilà ce que je fais, j’ai besoin de vous. Ce furent mes premières recrues. C’est de cette manière que tout a commencé (...) » avait-il confié à Michel Goubet, l’un des grands historiens de la Résistance toulousaine. Un an plus tard, Albert et sa trentaine de camarades intègrent, par l’intermédiaire du commandant Marcouire, Combat, le premier mouvement résistant d’alors.
Le Maquis Roger
Jean-Pierre Vernant, le chef départemental de l’Armée Secrète (AS) propose à Carovis la coordination du secteur 1 (Grenade-sur-Garonne et ses environs débordant sur le Gers, avec L’Isle-en-Jourdain et Caumon. Désormais connu sous le pseudonyme de « Jean », cet organisateur méthodique hyperactif rebaptise ses troupes le « Maquis Roger » qui va compter jusqu’à près de 280 membres en août 1944. « Il monte un service de renseignement et d’enquête et multiplie les transmissions et les contacts avec les autres groupes de Résistance. Il supervise les sabotages, produit de faux papiers, accueille les personnes traquées ou les réfractaires au Service du travail obligatoire (STO) » souligne l’historienne Elerika Leroy dans son ouvrage Toulouse, mémoire de rues.
En mars de cette même année, poursuivi par la Gestapo, il est victime d’un grave accident de moto. Albert Lautmann, son adjoint, est arrêté le 15 mai avant d’être fusillé à Bordeaux, lors d’une escale du convoi dit du « Train Fantôme ». Marcouire et quatre autres proches sont arrêtés à leur tour. Le Maquis, face aux assauts des Allemands, est contraint de changer de cantonnement à plusieurs reprises.
Entrée dans Toulouse
Peu à peu intégré au sein des FFI du colonel Serge Ravanel et de Vernant, le groupe Carovis est le premier à entrer dans Toulouse le 19 août afin de protéger certains endroits stratégiques comme l’aérodrome ou la Cartoucherie. Albert, désigné président du Comité départemental de Libération (CDL) par le Gouvernement provisoire d’Alger, est chargé de rétablir la légalité républicaine et le programme établi par la Résistance.