À deux ans des Municipales, vive passe d’armes sur le remaniement au Capitole
L’élection de nouveaux adjoints au maire a entraîné des débats à couteaux tirés sur un potentiel « malaise dans la majorité » de Jean-Luc Moudenc, vendredi 29 mars 2024, au Capitole.
Lors du Conseil municipal, vendredi 29 mars 2024, les élus de Toulouse ont procédé à l’élection de nouveaux adjoints à Jean-Luc Moudenc, en raison notamment, de la démission d’office de Laurence Arribagé, ex-2e adjointe au maire, condamnée fin janvier en justice à cinq ans d’inéligibilité, mais aussi du souhait de Daniel Rougé de prendre du recul « pour raisons personnelles » avec son poste de 1 adjoint.
Une nouvelle première adjointe
Premier changement et non des moindres : comme l’a laissé entrevoir Jean-Luc Moudenc la veille, Marion Lalane-de Laubadère, jusqu’ici adjointe à l’éducation, a été promue première adjointe au maire. Elle garde sa délégation à l’éducation. « J’ai toute confiance » en elle « à apporter son énergie, sa rigueur et sa force de travail, requises pour tenir ce rôle », a esquissé le premier magistrat. À savoir qu’elle est la quatrième femme à occuper ce poste au Capitole, la première ayant été Christine de Veyrac, lors du premier mandat de Jean-Luc Moudenc (20042008), suivie de Nicole Belloubet — actuelle ministre de la Justice — et Gisèle Verniol sous Pierre Cohen (2008-2014). Par effet domino, Jean-Luc Moudenc se retrouve également avec un nouveau 2 adjoint, puisque le patron de Tisséo Jean-Michel Lattes gagne deux rangs et retrouve à nouveau sur l’estrade qu’il avait quittée en 2020 (il était 1 adjoint lors du dernier mandat).
Jusqu’ici bras droit de JeanLuc Moudenc, Daniel Rougé, qui a donc souhaité être moins exposé, conserve sa mission aux affaires sociales, et glisse 12 adjoint. Dernière nouveauté : la conseillère municipale déléguée Julie Escudier est également nommée adjointe au maire, toujours en charge de l’égalité femmes-hommes.
Un tel changement au sommet de la gouvernance du Capitole, à deux ans des Municipales… Il n’en fallait pas moins pour que l’opposition saisisse la balle au bond. En amont de la séance, Antoine Maurice, adversaire de Jean-Luc Moudenc aux Municipales 2020 et chef de file du groupe écologiste à la Mairie, s’est interrogé sur « les tensions » dans l’aréopage du maire. « Avec la démission d’office de Laurence Arribagé, il aurait pu y avoir un simple petit remaniement, mais cela a révélé une véritable instabilité dans la majorité. Jean-Luc Moudenc a fait le choix d’une valse des maires de quartier, avec beaucoup de changements à moins de deux ans de la fin du mandat. On se pose des questions sur ce qu’il se passe dans la majorité’. »C’est la preuve d’un malaise au sein de votre majorité« , a lancé sous les ors du Capitole Antoine Maurice, après avoir raillé les condamnations successives de Laurence Arribagé, mais aussi de Thierry Fourcassier, ex-maire de Saint-Jory désormais en détention. »Ce qui s’est passé à Saint-Jory reste à Saint-Jory« , s’est exclamé en retour Pierre Esplugas-Labatut, porte-parole du groupe majoritaire Aimer Toulouse, s’interrogeant au passage sur »le respect de la proportionnalité des peines« infligées à son ex-collègue Laurence Arribagé. Romain Cujives, lui, y voit un signe du »le rétrécissement de la majorité. L’ouverture de façade de la droite n’a pas tenu un mandat« , a-t-il fustigé en marge de la séance. »Les profils singuliers de Philippe Perrin, qui a une patte écologiste, ou de Daniel Rougé, qui a un côté plus social, sont de moins en moins au coeur de la majorité municipale… On se retrouve de plus en plus avec une droite conservatrice, réactionnaire et traditionaliste aux affaires de la ville« .
»C’était le cas sous Cohen aussi !«
Des remous dans la majorité ? »Dans une période longue de six ans, qu’il y ait des réaménagements, c’est la vie d’une institution« , relativise Pierre Esplugas-Labatut. »Et ce, quelles que soient les majorités : c’était le cas sous Cohen, ça l’est aussi sous Moudenc« . Puis il embraye : »Vos allusions ne font qu’alimenter le poujadisme, le ‘tous pourris’ et le populisme que vous incarnez« . Le maire lui-même en a remis une couche. »En réponse à Monsieur Maurice qui s’inquiétait du malaise et des problèmes dans la majorité« , Jean-Luc Moudenc ne s’est pas privé de relever que pas une voix n’avait manqué dans sa majorité, pour élire ses adjoints : »54 suffrages pour et 15 bulletins blancs« . Raillant le »propos inventif« d’Antoine Maurice, il a rempilé : »Le malaise qu’il évoque est en réalité le sien« . Avant de lever les yeux à l’endroit de son rival de la dernière course au Capitole : »Monsieur Maurice se retrouve une fois de plus désavoué dans les urnes« .