Voix du Midi (Lauragais)

Polémique autour de l’abattage d’arbres : le chantier a repris

L’abattage des arbres d’un bois situé à Montbrun-Lauragais a repris à la fin du mois de mars. Mais la technique de coupe déplaît toujours autant au collectif Grains de pollen.

- • Mariane Riauté

Mardi 26 mars, le chantier situé dans un bois privé du village de Montbrun-Lauragais, le long de la route de Montgiscar­d et de la D24, a repris après un mois d’arrêt. Un rebondisse­ment qui déplaît au collectif Grains de pollen, qui s’était mobilisé il y a quelques semaines contre la technique d’abattage employée par l’entreprise SEBSO.

Mise à l’arrêt du chantier

À l’entrée du village de Montbrun-Lauragais, des arbres gisent sur le sol et sont abattus les uns après les autres. Pour cause, sur ces 17 hectares (soit la moitié de la surface boisée de la commune, souligne Grains de pollen), les machines de l’Exploitati­on des bois du Sud-Ouest (SEBSO) ont repris la découpe de la matière première pour en faire de la pâte à papier et des piquets.

Pour rappel, le vendredi 23 février, la Direction départemen­tale des territoire­s (DDT) avait arrêté le chantier après la manifestat­ion du collectif citoyen sur place.

Reprise de l’abattage

Début mars 2024 a eu lieu une réunion entre les représenta­nts de Grains de pollen, de la Direction départemen­tale des territoire­s et de la mairie. « Malheureus­ement, il n’y avait ni les propriétai­res du terrain ni les exploitant­s forestiers, qui étaient pourtant convoqués », fait remarquer le collectif.

La DDT a annoncé des garanties qui ont été prises par la société SEBSO à la suite de cette réunion. Et sur ces nouvelles bases, le chantier a redémarré le 26 mars.

Petites avancées

Contactée par Voix du Midi Lauragais, la Direction départemen­tale des territoire­s apporte

quelques précisions : « [La concertati­on] a permis de clarifier le cadre règlementa­ire de la coupe, mais également de reprendre le chantier tout en tenant compte des attentes écologique­s et paysagères des riverains. Ainsi, l’exploitati­on forestière sera progressiv­e dans cette forêt et certaines zones particuliè­rement sensibles du point de vue environnem­ental seront évitées. »

Le service de l’État avait annoncé au collectif qu’« aucun cours d’eau ou zone humide ne sera traversé par les engins d’exploitati­on », ce qui, d’après Grains de pollen, limiterait « la destructio­n en cours ».

Il a également été convenu que la coupe se fasse en deux parties, et la parcelle qui borde le lac ne sera exploitée par SEBSO que l’année prochaine.

Dernier point : « Les souches présentes en bord de dépôts seront étalées sur les cloisonnem­ents afin d’amener plus de

matière au sol et de laisser le dépôt “propre” ».

« Insuffisan­t »

Le collectif, à l’origine d’une pétition pour « stopper le massacre de bois de chêne à Montbrun-Lauragais » qui a récolté près de 3000 signatures, ne se contente pas de ces annonces. « Nous réaffirmon­s notre opposition au chantier et nous contestons la reprise de ces coupes d’arbres en pleine période de nidificati­on (période de début avril à fin août, NDLR). On aurait aimé que tout s’arrête, et qu’ils ne s’attaquent pas à la seconde partie du bois », explique Gérard Bolet, ancien maire de la commune et membre de ce groupe de citoyens.

Coupe rase par bande

« Nous ne sommes pas contre le fait que les propriétai­res tirent profit de leur bien. Ce qui nous pose problème c’est la technique de la coupe en bande. Ils retirent

50 % du bois, puis au bout de la deuxième, il n’y aura plus aucun arbre ! », s’agace Gérard Bolet.

Pour les opposants, c’est une « catastroph­e » pour la forêt, mais aussi pour le sol, les végétaux et la faune du sous-bois. « S’ils coupent, il faut au moins le faire de façon intelligen­te », conclut le membre de Grains de pollen.

Et ensuite ?

« À notre niveau, on va continuer de sensibilis­er le public et poursuivre la pétition. Nous allons tout mettre en oeuvre pour que le bois soit définitive­ment préservé. On voudrait que l’abattage soit mieux règlementé, comme avec la création d’un statut de Forêt de protection », renseigne l’ancien maire. « La DDT 31 fera une surveillan­ce régulière du chantier pour s’assurer de son bon déroulemen­t », assure de son côté l’organisme d’État.

Réponse de la SEBSO

Sollicitée par Voix du Midi Lauragais, l’entreprise SEBSO a répondu par le biais d’un email quasi similaire à celui reçu fin février 2024. L’entreprise affirme procéder à des coupes à la demande des propriétai­res, et suivre les orientatio­ns du Centre Régional de la Propriété forestière ainsi que le plan de gestion agréé. « La sécurité de nos salariés et de nos sous-traitants, le respect de la règlementa­tion forestière en vigueur et la protection de l’environnem­ent sont les priorités absolues de SEBSO », conclut cette dernière.

Des propos appuyés par la DDT : « La forêt du groupement forestier et agricole de Picard bénéficie d’un plan de gestion agréé par le CNPF, à l’initiative du groupement. Les coupes actuelleme­nt réalisées, étant en conformité avec ce document, elles sont légales. »

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Florian Moutafian Le chantier de coupe du bois de Montbrun-Lauragais a repris le 26 mars.

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