Airbus : 54 hectares pour s’agrandir
Airbus a obtenu 54 hectares pouvant être artificialisés en cas de demande. Une décision de l’Etat qui soutient les projets d’extension de l’aéronautique. Mais où sont-ils ?
Airbus n’est pas une exception à la règle, mais presque. Le géant de l’aéronautique vient d’obtenir un crédit de 54 hectares de sols possibles à artificialiser d’ici l’an 2031. Une nouvelle dont se réjouit le député de la 5£ circonscription de Haute-Garonne, Jean-François Portarrieu. C’est lui, avec la Région Occitanie, qui a poussé les portes pour que l’Etat accorde ce gros montant.
28 000 Toulousains
L’affaire remonte à quelques mois, voire année. Cette demande intervient dans le cadre de la loi Climat et Résilience votée en 2021. Elle vise à réduire de moitié l’artificialisation des sols sur la période 2021-2031. Au cours de cette décennie, la France s’est engagée à ne pas dépasser un quota de 125 000 hectares constructibles.
10 % de cette quantité revient aux projets stratégiques et industriels. C’est au sein de cette échelle qu’Airbus a sa place. Mais lors de la présentation des gros projets à venir, l’entreprise qui emploie 28 000 Toulousains, sans compter les sous-traitants, n’y figurait pas. Au grand dam de la Région.
Car au jeu des permis de construire, c’est « premier arrivé, premier servi ». « Mais ce n’est pas parce que le secteur n’a pas de projet aujourd’hui qu’il n’y en aura pas plus tard », prévenait alors le député Jean-François Portarrieu, dans l’hémicycle.
Car selon l’élu, l’aéronautique est loin d’être en lest. La filière rapporte 30 milliards d’euros chaque année à l’État.
D’après Statistica, l’aéronautique est aussi le troisième secteur exportateur en France. Mais elle exporte plus qu’elle n’importe. « Il y a des secteurs qui sont plus prioritaires que d’autres », renchérit le député.
L’aéronautique, industrie vertueuse ?
D’autant que selon l’élu, l’aéronautique reste une industrie vertueuse. À Toulouse, « on a tout un tas de startups qui travaillent sur des avions décarbonés. Il ne faudrait pas que ces entreprises, une fois leur modèle terminé, se retrouvent sans endroits pour les construire dans la région toulousaine. »
Airbus loge déjà quelquesunes d’elles. Mais ce n’est pas tout. Le groupe détient un carnet de commandes bien fourni. Grâce au feu vert de l’Etat, Airbus « peut envisager d’agrandir son usine ou encore ajouter des parkings pour stocker des avions », commente Jean-François Portarrieu. Selon lui, ces 54 hectares « concernent l’hypothèse d’une extension sur le site existant d’Airbus à Blagnac/ Cornebarrieu, autour de l’usine Lagardère, sur des terrains qui appartiennent déjà à Airbus ou qui ont été réservés. » C’est le cas notamment à Cornebarrieu.
Contacté, Airbus n’a pas détaillé ses ambitions. Le géant de l’aéronautique explique : « Pour rester à la pointe de l’innovation en développant de nouvelles technologies, lancer de nouveaux produits et services, et fournir des solutions avancées pour répondre aux besoins de nos clients, nous devons préparer les évolutions potentielles de notre site industriel en concertation avec les collectivités locales et dans le respect des réglementations en vigueur ».
Mais pour l’heure, rien n’est acté. Officiellement, « il s’agit d’un chiffre fictif », affirme la Région Occitanie. Une enveloppe qui pourra être, ou pas, consommée pour ses projets. Dans le cas où l’aéronautique souhaiterait bel et bien se développer à Toulouse, « il serait soutenu par la Métropole de Toulouse », a-t-elle confirmé.