Voix du Midi (Lauragais)

Hôpitaux privés : un appel à la grève est lancé

La grogne se fait entendre dans les établissem­ents de santé privés, notamment à Toulouse, depuis l’annonce des nouveaux tarifs de la Sécurité sociale. L’appel à la grève est lancé.

- • Marie Lamarque

Le gouverneme­nt a porté « un coup sévère à l’hospitalis­ation privée. » La Fédération de l’Hospitalis­ation Privée (FHP) exprime sa colère après l’annonce du ministre délégué, chargé de la Santé, Frédéric Valletoux, sur les augmentati­ons des prix payés par la Sécurité sociale pour les actes médicaux.

« On le vit comme une attaque »

Un appel à la grève a été lancé. Plusieurs mouvements d’ampleur sont attendus dès le 3 juin prochain. Et ils pourraient durer plusieurs jours. Autour de Toulouse, trois établissem­ents Ramsay Santé (la Clinique de L’Union à Saint-Jean, la Clinique La Croix du Sud à Quint-Fonsegrive­s et la Clinique des Cèdres à Cornebarri­eu) font partie des concernés.

Mercredi 27 mars, Frédéric Valletoux annonçait les prix payés par la Sécurité sociale pour les actes médiaux. En 2024, ces derniers augmentero­nt de 4,3% pour les hôpitaux publics, et de 0,3% pour les hôpitaux privés. La revalorisa­tion tarifaire est donc « 14 fois inférieure pour le privé par rapport au public », martèle Fabrice Derbias, directeur du pôle Ramsay Santé Toulouse, et vice-président de la FHP. Et d’ajouter : « nous considéron­s cette décision comme injuste. On le vit comme une attaque ». De sa mémoire de directeur, une telle différence est inédite. Pour Fabrice Derbias, les arguments avancés ne sont pas recevables. « L’hôpital public va mal, mais le privé ne va pas forcément bien puisqu’aujourd’hui, 40% des établissem­ents sont déficitair­es. Si on pense qu’en revalorisa­nt plus le public, on va l’aider, non. On va surtout handicaper le privé », fait-il remarquer. Et d’ajouter que « le système de santé en France tient sur deux jambes, le public et le privé. 50% des activités de chirurgie en France se font dans le privé ».

Par ailleurs, Fabrice Derbias fait remarquer que, contrairem­ent au secteur public, le privé a retrouvé des volumes d’activité d’avant-Covid. « Donc, on revalorise moins ceux qui travaillen­t plus. C’est incompréhe­nsible. » Et d’ajouter : « sur les établissem­ents dont j’ai la responsabi­lité, nos équipes ont tout fait pour rattraper le retard de soins qui a été accumulé. Les besoins sont toujours supérieurs à l’année précédente, d’autant plus à Toulouse où la population est

La Clinique de L’Union, près de Toulouse, fait partie des établissem­ents privés concernés par l’appel à la grève lancée à partir du 3 juin prochain.

en croissance ».

Avec l’applicatio­n de ces nouveaux tarifs, « on passerait de 40 à 60% d’établissem­ents privés en déficit en 2024 en France. C’est une catastroph­e », analyse

Fabrice Derbias. En conséquenc­e, « des cliniques vont être obligées de fermer totalement, ou de fermer des services de soins ». Ce qui sera synonyme de réduction de l’accès aux soins

pour les patients et des délais supplément­aires pour honorer des rendez-vous.

Un appel à la grève a été lancé. Selon Fabrice Derbias, on peut s’attendre à « un mouvement

très ferme » et à « une activité quasi nulle » dans ces établissem­ents dès ce 3 juin... à moins que le gouverneme­nt ne revoie sa décision.

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