« 10 ans de progrès pour Toulouse » : pourquoi cette exposition fait polémique
L’exposition de la mairie, « 10 ans de progrès pour Toulouse », a été inaugurée jeudi 17 avril 2024, sur fond de polémique quant à l’utilisation de l’argent public.. Décryptage.
10 ans de progrès sur «
Toulouse : une ville en transformation », tel est le nom d’une exposition réalisée à l’initiative de la mairie de Toulouse, et inaugurée ce mercredi 17 avril 2024. Installée sous une géode au niveau de la rue d’Alsace-Lorraine, à deux pas du métro Capitole, cette exposition gratuite, qui sera visible jusqu’au 25 mai, entend présenter aux Toulousains 200 réalisations qui ont contribué — selon la municipalité — à « transformer Toulouse » au cours des années 2014 - 2024.
Quelle est cette exposition ?
« Il s’agit de réalisations soit achevées, soit dont les chantiers sont en cours », a indiqué JeanLuc Moudenc, maire de Toulouse depuis 2014 (il avait également été maire de Toulouse entre 2004 et 2008, NDLR), lors de l’inauguration de cette exposition. En précisant d’emblée : « On a des projets qui sont déjà prévus d’ici la fin de notre mandat, mais vous ne les trouverez pas dans cette exposition qui est uniquement axée sur les dix premières années 2014-2024 ».
Le maire ajoute : « Nous vivons une période de crise de confiance vis-à-vis de la chose publique, raison de plus pour informer nos concitoyens ! L’idée, c’est de rendre compte de notre action. Nous pensons que c’est important de remettre les choses en perspective et de rendre compte régulièrement de notre action auprès de nos concitoyens ».
À l’intérieur de la géode, les visiteurs pourront ainsi découvrir trois tablettes tactiles leur permettant d’apprécier — ou non — les réalisations effectives ou en cours, aussi bien au centreville que dans les différents quartiers
de Toulouse.
Un film de 3 minutes est également projeté sur un grand écran « qui permet, vu du ciel (les images ont été filmées par drone, NDLR), d’appréhender un certain nombre de réalisations qui ont embelli ou transformé des endroits emblématiques de Toulouse ». Dixit Jean-Luc Moudenc. Quatre axes majeurs ont été choisis : le « renforcement de la qualité de la vie dans les quartiers », la « mise en valeur du patrimoine de Toulouse et des espaces publics », la « réintroduction de la nature en ville » et la « facilitation de déplacements ».
Quel coût pour cette expo ?
« On a sélectionné les 200 réalisations les plus représentatives dans laquelle la Mairie ou la Métropole jouent un rôle moteur. Cela ne veut pas dire que c’est un rôle exclusif. Bien des fois, ces réalisations ont pu
voir le jour parce qu’il y a eu des partenaires à nos côtés », précise encore le maire de Toulouse. « Ce compte rendu, ce n’est pas l’action municipale au sens strict du terme, c’est la transformation de Toulouse au cours de la décennie écoulée ». Coût de cette expo — vouée par la suite à être présentée en itinérance dans plusieurs quartiers de Toulouse ? Interrogé à ce sujet, le maire n’a pas précisé son montant exact, mais a indiqué que cette exposition avait nécessité « une rallonge de 100 000 euros sur le budget ordinaire de la communication » de la collectivité. Contactée, la mairie de Toulouse n’avait pas donné plus de précisions concernant le montant exact de l’opération à l’heure où nous publions cet article.
L’opposition municipale et métropolitaine a quant à elle vertement réagi à l’annonce de cette exposition organisée, selon elle, par « un maire manifestement
en campagne pour sa réélection en 2026 ». « Nous dénonçons l’organisation de l’exposition 10 ans de progrès pour Toulouse, dont l’objectif est de faire une rétrospective des dix ans de mandat de Jean-Luc Moudenc. Cette exposition, comprenant des installations lourdes, et les événements associés sont organisés par la mairie de Toulouse et Toulouse Métropole, financés avec de l’argent public », ont indiqué les 15 élu(e)s de gauche, écologistes et citoyens — parmi lesquels Antoine Maurice (EELV), Agathe Roby (LFI) ou encore François Briançon (PS).
Deux élus font un « signalement »
« Les contribuables toulousains n’ont pas à financer le coût important d’une opération de campagne », ont-ils ajouté. Précisant encore : « Le contenu de cette exposition est partial et mensonger. Jean-Luc Moudenc a sélectionné des exemples orientés
pour flatter son bien maigre bilan. Il n’y a pourtant pas de quoi se féliciter, considérant le retard considérable que Toulouse accumule depuis dix ans dans de nombreux domaines.
Les élus socialistes François Gibert et François Briançon, via un courrier envoyé au maire de Toulouse, ont en outre estimé que cette initiative »contrevient aux principes d’éthique et de légalité en matière de financement politique. (...) Nous considérons que cette campagne est une violation manifeste des règles régissant le financement des campagnes politiques« , ont-ils écrit, tout en ajoutant avoir porté signalement »d’une situation utilisant des fonds publics à des fins de campagne partisane« auprès du préfet et de la Commission électorale des comptes de campagne et des financements politiques.
Ambiance ! Interrogé à ce sujet, Jean-Luc Moudenc a eu d’abord ces mots : »Je suis content que l’opposition parle de cette exposition, elle lui fait de la publicité. Le drame, ça serait que les Toulousains ne sachent pas qu’elle existe. Mes collègues de l’opposition participent à sa notoriété« . Et d’ajouter : »Je pense qu’ils ont parlé de manière imprudente. Il n’y a aucun aspect électoral et politique dans cette communication. Ils auraient dû attendre de voir avant de tirer, ils ont été très imprudents. Comme ils s’aventurent sur le terrain de la légalité, je leur rappellerai simplement qu’en matière de communication, les restrictions liées à la campagne électorale commencent le 1er septembre précédent le scrutin. Autrement dit, les restrictions s’appliquent à partir du 1er septembre 2025. Le moins qu’on puisse dire, c’est que nous en sommes loin !« .
À peine inaugurée, l’exposition n’a en tout cas pas fini de faire causer...