Voix du Midi (Lauragais)

Que se cache-t-il derrière cette maison colorée, vouée à être détruite ?

C’est une maison tout en couleurs qui attire l’oeil des passants. Dans ce quartier de Toulouse, une bâtisse, vouée à être détruite, a été investie par des artistes.

- • Marie Lamarque

ne maison que l’on croirait tout droit sortie d’un film d’animation Pixar. Avec sa façade colorée, bleue, violette et verte, elle attire forcément l’oeil des passants, au 114, rue de Cugnaux, dans le quartier Saint-Cyprien, à Toulouse. Une fantaisie qui détone avec la pancarte bien plus classique installée à l’entrée, et qui fait état du permis de construire déposé par le promoteur immobilier Les Nouveaux Constructe­urs.

U« Ce n’est pas un acte militant »

Car aussi atypique soit-elle, cette maison, datant de la fin du XIXe – début XXe siècle, est vouée à être détruite à la fin de l’année afin d’y construire un immeuble.

L’occasion, pour le collectif d’artistes et de designers, Salade Suprême, de l’investir avant sa démolition et d’en faire un tiers-lieu culturel éphémère et ouvert à tous. Le terrain jeu est exaltant : 300 m² d’exposition, 17 pièces au total et 600 m² de jardin. Voilà une belle pépite architectu­rale, concède Quentin Lhommeau, coordinate­ur principal de Salade Suprême, qui tient à souligner que le projet « n’est pas un acte militant ».

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« Chez Babayaga »

C’est grâce à l’associatio­n Sozinho, engagée dans l’ouverture de la culture pour tous, que Salade Suprême a pu disposer du lieu. « Elle fait la jonction entre des structures comme nous et des promoteurs immobilier­s. On nous a fait confiance et c’est comme cela que l’on a eu les clés le 8 janvier », détaille Quentin Lhommeau qui est aussi le co

Une façade tape-à-l’oeil.

créateur de la maison avec Marie Sforzini et Clément Merlin.

Dès ce vendredi 26 avril 2024, les curieux pourront franchir les portes de « Chez Babayaga », un nom inspiré d’un conte slave où le personnage de Baba Yaga, « est parfois dépeint comme le croque-mitaine, et d’autre fois comme une bonne fée ». Une image qui fait écho à la diversité des univers dans lesquels les visiteurs se plongeront.

Car pas moins de 42 artistes, ayant répondu à l’appel à projets de Salade Suprême, plasticien, tatoueur, sculptrice, peintre en lettre ou encore graffeur, sont intervenus pour donner vie à ce cabinet de curiosité unique.

« De pièce en pièce, on change d’univers à chaque fois. Certains artistes sont connus, d’autres pas du tout. On s’est focalisé sur la scène émergente du secteur toulousain », explique Quentin Lhommeau. Parmi les propositio­ns, une expérience immersive imaginée par une scénograph­e ayant travaillé dans un escape game. « Il y a pas mal de passages exigus dans la maison, où l’on peut s’amuser », souffle Quentin Lhommeau.

Un lieu entre résidence et exposition­s…

Pour son tiers-lieu éphémère, Salade Suprême a pu bénéficier des conseils d’un grand acteur de la scène culturelle toulousain­e, Cédric Lascours, alias Reso, le fondateur de Mister Freeze. « On voulait que ça soit à la fois un lieu de travail pour les artistes, mais aussi que la restitutio­n puisse être collective et ouverte à tous et que le projet puisse valoriser le quartier. »

Faute de financemen­t, le collectif a créé des partenaria­ts, notamment avec Emmaüs Toulouse afin de meubler la maison. « Les artistes ont, en grande partie, financé eux-mêmes leur création. On a essayé de rassembler un maximum de matières premières. »

Une soixantain­e de bénévoles sont intervenus pour aider à l’aménagemen­t, « dont beaucoup de voisins, curieux de voir revivre cette maison d’une nouvelle manière », sourit Quentin Lhommeau.

En plus de l’intérieur, l’extérieur de la maison a aussi été valorisé, à commencer par sa façade tape-à-l’oeil, imaginée par le collectif. « Marie Sforzini a choisi les couleurs. On voulait vraiment quelque chose qui détonne au maximum pour se rendre très visible. Et comme la maison va être détruite, on est dans un cadre exceptionn­el où il n’y a pas besoin de répondre à un cahier des charges. »

Un jardin de 600 m²

Quant au jardin de 600 m², les visiteurs y retrouvero­nt une guinguette. « Ils pourront aussi échanger avec les artistes et les résidents. L’idée est de démocratis­er un maximum la culture, d’aller chercher les gens. » Des initiation­s seront aussi proposées au jeune public, sur l’art du graffiti.

La semaine, Chez Babayaga ne restera pas fermée puisque d’autres publics seront accueillis en lien avec des écoles, des Maisons des jeunes et de la culture (MJC) ou encore des Centres de loisirs (CLAE). « On y fera des ateliers pédagogiqu­es, des découverte­s de nos métiers. » Le tout, jusqu’au 20 juillet, date de fermeture officielle du tiers-lieu.

Par la suite, Salade Suprême compte bien renouveler très vite l’expérience et investir d’autres quartiers de la Ville rose. « Des pistes s’offrent à nous », conclut Quentin Lhommeau.

■ Chez Babayaga, 114, rue de Cugnaux à Toulouse. Ouverture au public dès ce vendredi 26 avril, à 17 h. Horaires d’ouverture : le vendredi de 17 h à 21 h et le samedi de 15 h à 21 h. Ouvert au grand public. Prix d’entrée libre.

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