L’enquête est close pour de bon
L’enquête sur l’affaire Jubillar est, cette fois-ci, bouclée. Le supplément d’information n’a levé aucun lièvre. Les juges ne sont pas récusées. Le mari file vers le procès.
Le ballet des véhicules bleus à gyrophare n’est pas passé inaperçu. Les gendarmes et les juges d’instruction de l’affaire Jubillar ont écumé les routes de Cagnac-les-Mines (Tarn), jeudi 18 avril 2024, pour vérifier deux points précis, dans le cadre du supplément d’information ordonné par la Chambre de l’instruction.
Trois courriers par jour
Premier point : le corps de Delphine Jubillar se trouvait-il inhumé dans une ferme située non loin du pavillon familial, comme une soi-disant medium l’affirmait ?
Et comme plus de 3 000 personnes, plus ou moins saines d’esprit, plus ou moins en quête de publicité, et plus ou moins honnêtes, l’ont affirmé au cours des trois années d’instruction, dans des courriers adressés aux enquêteurs de la SR de Toulouse (Section de recherches) et aux magistrats en charge du dossier. Soit trois courriers chaque jour en moyenne pendant trois ans. Voix du Midi en a encore reçu un la semaine dernière accompagné d’un dessin indiquant où son expéditeur — qui a signé tout en requérant l’anonymat — avait cru déceler la présence du cadavre de Delphine Jubillar… en rêve.
La « medium » dont la justice devait vérifier les assertions évoquait la présence d’un corps dissimulé dans une canalisation. Or, selon nos informations, le corps de ferme désigné et perquisitionné n’en présentait aucune. Pas de canalisation, pas de corps. Deuxième point à élucider : la disparition d’une tractopelle sur un chantier de Cagnac-les-Mines « au moment de l’affaire », comme l’assurait un témoin dont la mémoire s’était ravivée une fois l’enquête close, en décembre 2023. Ce dernier imaginait le voleur de l’engin remuer la terre de nuit pour y enfouir le corps de l’infirmière. Là encore, les gendarmes auraient démontré que les faits — le fameux « vol de tractopelle » — s’étaient produits plusieurs jours, voire semaines, après la disparition de Delphine Jubillar, la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Nouvelle fausse piste. En marge de ces investigations in situ, les magistrats instructeurs devaient examiner les propos tenus lors d’un parloir téléphonique
enregistré entre un détenu de Lannemezan et sa mère, évoquant l’affaire Jubillar en des termes énigmatiques. Comme s’ils en savaient plus qu’ils n’en
disaient.
Le détenu en question se trouvait bien à la maison d’arrêt de Seysses (Haute-Garonne), en même temps que Cédric Jubillar,
suspect numéro un du meurtre de son épouse qui voulait le quitter pour un autre. Ils fréquentaient le même quartier d’isolement. Mais sa proximité supposée avec le plaquiste s’arrêterait là. Pas de quoi renverser la table.
Énième coup de théâtre ?
Le supplément d’information fait donc chou blanc. Et comme la requête des avocats de Cédric Jubillar, Mes Alexandre Martin, Emmanuelle Franck et JeanBaptiste Alary, concernant la récusation des juges d’instruction pour partialité a été rejetée une seconde fois, confirmant la décision de la Cour de cassation, le débat devrait désormais porter à nouveau sur le renvoi du plaquiste devant une cour d’assises.
Au vu des délais impartis, la Chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse pourrait se saisir de cette question courant mai 2024. Une audience (à huis clos ?) offrira à toutes les parties l’occasion de s’exprimer sur la fameuse ordonnance de mise en accusation, taillée en pièces par la défense. Avant un hypothétique procès devant la cour d’assises du Tarn pour le premier semestre 2025 ?
À moins d’un énième coup de théâtre…