Le syndrome Obama
Comme Obama, il a entamé un second mandat présidentiel sans majorité parlementaire. Comme Obama, il ne pourra en briguer un troisième. Comme Obama, il se demande comment rendre utile le deuxième. Comme Obama – toutes proportions gardées évidemment, il ne s’agissait pas pour lui de réduire une fracture raciale atavique, quoique… – sa première élection a suscité un engouement planétaire. Jeune, beau, brillant, bien sapé, «fluent in English» (comme Obama), dévoré d’ambition et de volonté de réformes afin de permettre l’entrée de la Nation dans le nouveau millénaire. Comme Obama, va-t-il laisser son pays aux mains de populistes simplistes? « Capitulation à la maison, guerre à l’extérieur » : en 2010, avec ce sous-titre, un journaliste britannique publiait Le syndrome Obama, pamphlet politique fustigeant l’inaction supposée et les déceptions suscitées par le 44e président des États-Unis, récipiendaire du prix Nobel de la paix en 2009. Comme Obama, « Emmanuel Macron est obsédé par la trace qu’il laissera dans l’histoire», me disent de plus en plus souvent des familiers du Château. On le sait, et il l’assume, ses modèles sont le général de Gaulle et François Mitterrand qui, chacun pour des raisons différentes, ont profondément marqué leur époque. Justement: le chef de l’État, qu’on l’aime ou pas, est un des rares dirigeants de la planète qui se projette un peu plus loin que les prochaines échéances électorales, qui a la conscience d’un changement radical de société. Il vient de fêter 46 ans et se trouve encore proche de l’âge moyen des Français (42,4 ans), donc ancré dans une histoire et un passé communs, et déjà tourné vers un avenir, que d’aucuns jugent incertain. D’où sa très controversée réforme des retraites ou le futur débat sur la fin de vie. Le besoin de marquer son époque. En 2017, il est élu sur la promesse du dépassement du clivage gauche-droite, le fameux «en même temps», sur la certitude que cette nouvelle gouvernance – fraîchement réélu, il l’a redit en septembre 2022 en conférence de presse – empêchera les électeurs «d’aller vers les extrêmes». Au soir de sa première élection, le 14 mai 2017, il est déjà persuadé que « bientôt les Français n’auront plus de raisons de voter pour les extrêmes ». Cinq ans plus tard, Marine Le Pen recueille 41 % au second tour de l’élection présidentielle et fait entrer 88 députés RN à l’Assemblée nationale, tandis que La France insoumise en fait élire 74… Un président jeune, audacieux, réformateur (une fois encore, qu’on l’aime ou pas) qui ne parvient pas à convaincre, séduire, chavirer suffisamment le pays pour l’entraîner dans son sillage et dont le successeur putatif est pressenti populiste. Je ne suis pas médecin mais ça ressemble fortement au syndrome Obama. Pourquoi acter dans la Constitution le droit à l’IVG sinon par crainte de voir un jour prochain débarquer à l’Élysée un candidat ou une candidate qui voudrait le remettre en cause? Le 9juin, les Européens sont appelés aux urnes. Votez pour qui vous voulez, mais votez. Tout le personnel de VSD et de Heroes Media s’associe à mes bons voeux : belle et heureuse année à tous.
“EMMANUEL MACRON EST OBSÉDÉ PAR LA TRACE QU’IL LAISSERA DANS L’HISTOIRE.”