WEEK-END À… Venise
En janvier, la Cité des Doges semble prendre une respiration avant son fameux carnaval. Apaisée, elle n’en est que plus inspirante à travers la brume blanche de l’hiver.
Venise, c’est comme manger une boîte entière de chocolats à la liqueur d’un seul coup », disait Truman Capote qui s’y entendait, et pas qu’un peu, en liqueurs de toutes sortes. Il y a du vrai : elle est étourdissante et en haute saison, elle l’est jusqu’à l’écoeurement. Chaque année, la Sérénissime accueille 22 millions de visiteurs. Elle se noie littéralement sous un tourisme de masse qui empêche d’en saisir l’ineffable grandeur passée et le pouls de sa vie quotidienne, justement à l’écart des points névralgiques de sa célébrité.
C’est en dehors des pics d’affluence et en dehors de ses sentiers battus qu’on l’aime. En janvier, son ciel versatile l’enveloppe de gris intenses troués par de lumineuses éclaircies, les touristes se font plus rares dans les quartiers de San Marco et de San Polo, les plus anciens et les plus petits de Venise. Si vous êtes assez courageux pour vous lever très tôt, la place Saint-Marc sera (presque) déserte et le marché du Rialto, une institution remontant au XIe siècle, fréquentable. Moins touristique, le quartier de Cannaregio mérite de nombreuses déambulations : ici vécurent Le Titien et Marco Polo. Situé au nord du Grand Canal, ses maisons y sont plus modestes, encore qu’il abrite quelques palais et son ghetto, le plus ancien d’Europe, est remarquablement conservé. Ce que l’on aime par-dessus tout, c’est flâner sans but ni direction précise : l’émerveillement est partout. À l’heure de l’apéro, il se niche aussi dans les bacari, ces bistrots typiquement vénitiens : un Spritz ou un ombra, verre de blanc local et des ciccheti, (oeuf dur aux anchois, toast de crème de morue, sardines « en saor », pour les plus courants), cela vaut tous les chocolats à la liqueur du monde.