VTT Magazine

Interview

Maxime Marotte

- ■ Par Laurent Reviron

Maxime Marotte

Alors qu’il imaginait son contrat renouvelé avec Cannondale, Maxime Marotte s’est fait remercier. Un contretemp­s qu’il n’imagine pas l’empêcher de faire partie de l’équipe de France de VTT lors des prochains Jeux de Tokyo sur son Santa Cruz.

Après quatre saisons chez Cannondale, te voilà intégré au team Santa Cruz FSA puisque Cannondale ne t’a pas renouvelé ton contrat… Maxime Marotte : J’ai appris, un peu avant les coupes du monde en septembre, que mon contrat avec Cannondale ne serait pas renouvelé. Au lendemain de cette annonce, j’ai aussitôt commencé à passer des coups de fil. J’ai rapidement été en contact avec Santa Cruz et ça a embrayé assez rapidement avec eux. Les gens de chez Santa ont montré une grosse motivation. On s’est rapidement mis d’accord tant d’un point de vue financier que sportif. J’étais bien sûr en contact avec la structure italienne du team Santa Cruz FSA, mais également directemen­t avec les Américains.

Est-ce que tu as pris un peu peur quand on t’a annoncé que ça se terminait avec Cannondale ? Pas vraiment. Dans ce genre de situation, il ne s’agit pas d’avoir peur, mais d’aller de l’avant. J’étais quand même assez sûr de ma valeur. Je reste assez convoité pour ma constance. Je suis une sorte d’assurance tous risques pour une équipe. Quand on m’engage, on sait que l’on va être sur le podium de coupes du monde chaque année. Et ça fait dix ans que ça dure. Après, j’avais certaines prétention­s financière­s et c’est plutôt à ce niveau-là qu’il fallait réussir à s’entendre. Le plus compliqué finalement était de trouver un beau projet avec une belle marque qui me motive vraiment. Et ça ne court pas forcément les rues. L’envie de Santa Cruz de revenir au plus haut niveau en crosscount­ry est tombée à pic pour moi. Au niveau prestige, j’étais déjà bien loti chez Cannondale, mais avec Santa, c’est encore mieux. Le plus dur n’était pas de trouver une équipe, mais quelque chose qui me correspond­e et qui me permettent de performer au plus haut niveau encore quelques années.

Passer d’une équipe aussi prestigieu­se que Cannondale à Santa Cruz n’est donc pas une régression pour toi ? Le team Cannondale est en effet considéré comme l’un des meilleurs du circuit. C’est le modèle à battre que tout monde cherche un peu à imiter. On a remporté deux années de suite le classement par équipe. Je passe donc d’une structure bien huilée qui déroule depuis des années à un projet tout neuf. Mais Santa Cruz a les moyens de ses ambitions. Ils avaient besoin d’un athlète de haut niveau et d’expérience dans leur plan. C’est pour ça que je suis là, et cette mission me plaît énormément. L’envie de transmettr­e tout ce que j’ai appris au cours de toutes ces années représente un beau projet. À moi de mettre tout en place pour que ça marche.

Je suis une sorte d’assurance tous risques pour une équipe.”

Le matériel dont tu disposes actuelleme­nt ne te garantit pas forcément le plus haut niveau de performanc­e. Mais ça va évoluer rapidement… J’avais évidemment des garanties sur l’avenir quand j’ai signé avec cette équipe. Il y a une énorme envie de bien faire, et on a du coup tout ce qu’il faut pour y arriver. Santa Cruz est une grosse marque qui a les moyens et énormément de savoir-faire. Ils ont notamment leur propre marque de roues, ça permet de travailler en direct à ce niveau et ça offre déjà un bel avantage. On a déjà bien avancé. Au niveau du vélo, on sera prêt, je peux me sortir ça de la tête. Toutes les conditions seront réunies pour performer sur les premières coupes du monde, pour aller chercher la qualif’ aux J.O. et pour tenter de décrocher une médaille à Tokyo.

Quel est le projet global de Santa Cruz en cross-country, et quels ont été leurs arguments pour te motiver à signer ? Il y a déjà une grosse motivation d’être aux avant-postes. Je leur ai également communiqué mon envie d’aller assez rapidement jouer la gagne sur la Cap Epic. Il est importance d’avoir un coéquipier fort dans l’équipe pour ça, et pour se tirer vers le haut en coupe du monde. Dans la foulée, ils ont signé Luca Braidot et, du coup, on pourrait très bien se retrouver plusieurs fois tous les deux sur le podium d’une coupe du monde. J’ai senti tout de suite qu’il y avait une forte envie de répondre à mes attentes. Dans la tête des gens, ça reste une équipe assez jeune et

pas très connue dans ce domaine. Mais là, le team va passer un très gros cap.

Est-ce qu’ils ont formulé des objectifs ? Veulent-ils prendre des parts de marché sur le XC ? Gagner un titre majeur à plus ou moins long terme ? Je n’ai pas forcément ces informatio­ns. C’est plus entre l’équipe et Santa Cruz que ça se passe. Mais c’est évident que quand une marque comme ça met des moyens, c’est pour avoir un retour sur investisse­ment. Et en effet, je pense qu’il y a des parts de marché à aller chercher en cross-country pour Santa Cruz.

Et y a-t-il pour toi un projet à long terme avec Santa Cruz ? On est parti sur deux ans, mais dans ma tête, c’est plutôt un projet sur quatre ans. L’idée serait de courir jusqu’en 2024 et les Jeux de Paris. Est-ce que je ferais partie de la sélection ? Je n’en sais rien et on va déjà se concentrer sur Tokyo. Mais j’espère en tout cas vraiment finir ma carrière chez Santa.

Tu te vois te reconverti­r chez eux ? C’est encore trop tôt, et je n’ai même pas envie d’y penser. Mais oui, pourquoi pas faire quelque chose avec eux ensuite.

Le team n’est pas directemen­t lié à Santa Cruz ? On n’est en effet pas à 100 % factory. FSA est un gros co-sponsor. Santa Cruz était présent en XC depuis deux ans mais cette année, l’équipe a franchi un gros cap. Nous devrions normalemen­t jouer les podiums en coupe du monde, alors que jusqu’à maintenant ce n’était pas le cas.

On imagine qu’il y a un nouveau vélo de cross-country chez Santa Cruz derrière ce projet ? Je ne peux malheureus­ement pas répondre à cette question.

La fin de ta collaborat­ion avec Cannondale ne semble pas avoir été des plus fluides. Tu confirmes ? Pas forcément. Quand un contrat se termine, personne n’est obligé de le renouveler. Il n’y avait plus cette volonté de leur part, c’est tout. J’ai le sentiment

J’ai la sensation que ça va vite, et surtout, bien plus vite que ce que je pensais.”

que l’équipe voulait continuer avec moi, mais la décision a été prise plus haut. Ça s’est bien terminé et je suis toujours régulièrem­ent en contact avec mon ancien staff. C’est juste que je ne m’y attendais pas puisqu’on avait déjà mis en place des choses pour les années à venir. C’est dommage parce que mon objectif était de gagner au plus haut niveau avec eux et je ne l’ai pas fait. J’espère que j’y arriverais avec Santa Cruz. Rien n’arrive par hasard. Mon destin, c’était sans doute que Santa Cruz m’attendait derrière et que les plus belles lignes restent à écrire maintenant.

Pour le moment, tu le sens comment ce Santa Cruz Blur, par rapport au Cannondale Scalpel ? Ce sont deux vélos à fort caractère, mais avec des caractéris­tiques bien différente­s.

Je me suis tout de suite senti super bien sur le Santa au niveau de la position de pédalage. Je peux descendre un peu plus mon poste de pilotage à l’avant et ça me va bien. Ça me permet d’avoir un meilleur angle avec mes hanches et de sortir un poil plus de puissance. Ça a matché direct et c’est cool parce que ce n’est jamais gagné d’avance. Dans les descentes, quand ça tabasse dans les racines, il est rigide et garde le cap. J’ai eu un poil plus de mal au début pour tourner dans le serré. Après, j’ai dit pendant quatre ans que le Scalpel était une bombe, je ne vais pas dire aujourd’hui qu’il est dépassé et que le Santa est beaucoup mieux. Le Cannon’ était, il est vrai, un poil plus léger. J’ai finalement beaucoup de chance d’avoir réussi en quelques années à rouler

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Le jardin où Maxime Marotte s’entraîne est un mélange de beaux paysages et de parcours à la fois physiques et techniques.
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 ??  ?? Le Santa Cruz de Maxime se révèle un peu plus lourd que le Cannondale Scapel qu’il utilisait l’année dernière, mais il prend l’avantage quand c’est cassant.
Le Santa Cruz de Maxime se révèle un peu plus lourd que le Cannondale Scapel qu’il utilisait l’année dernière, mais il prend l’avantage quand c’est cassant.
 ??  ?? Un suivi régulier chez son kinésithér­apeute d’annecy permet à Maxime d’optimiser la préparatio­n.
Un suivi régulier chez son kinésithér­apeute d’annecy permet à Maxime d’optimiser la préparatio­n.
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