Découverte
Les Alpes de Haute-provence
Les Alpes-de-haute-provence regorgent de sentiers tous plus jolis les uns que les autres. Au départ de Château-arnoux-saintAuban, dans le Val de Durance, le territoire innove et propose des séjours clés en main parfaitement orchestrés. Nous sommes partis à la découverte de ce concept innovant et très agréable à rouler.
Rendez-vous est donné à l’office de tourisme de Château-arnoux. Sur les rives de la Durance, la commune, marquée par son histoire médiévale autant que par son passé industriel du XXE siècle, est installée au coeur des Alpes-de-haute-provence. Avec Jérémy et Simon, nous rencontrons Eva Aubert, en charge du pôle vélo. Son bon accueil n’a d’égal que sa générosité à nous fournir les traces GPS qui vont pouvoir nous permettre de suivre notre itinéraire du jour facilement. Le concept est on ne peut plus simple : vous avez la possibilité de réserver différents séjours, pour un total de 95 à 180 km, à répartir sur plusieurs jours en fonction de votre forme et de vos envies. Une fois la réservation effectuée, vous pourrez, comme nous, vous rendre à l’office de tourisme afin d’y déposer vos bagages, de disposer des consignes du balisage à suivre, de récupérer les traces GPS… et c’est parti ! Grâce à ce système, vos valises vous suivent dans les chambres d’hôtes et gîtes du séjour réservés, et vous n’avez qu’à vous préoccuper de pédaler et de vous amuser. C’est exactement ce que nous avons fait cet automne, lors de cette découverte haut-alpine ! Une fois les bagages confiés et les vététistes équipés, nous allons pouvoir sillonner les 95 % de sentiers que promet notre itinérance. Histoire de bénéficier d’un bel aperçu de l’offre disponible en un temps somme toute assez court, nous avons choisi le parcours baptisé « Suprême », soit 95 km sur deux jours, le tout avec pas loin de 2 500 m de dénivelé positif. Idéal pour un week-end, par exemple.
Lure, le luxe
Nous laissons le village dans notre dos et nous dirigeons vers les contreforts de la montagne de Lure. Le sentier virevolte à s’en perdre, ça monte, ça descend. L’ensemble se révèle très ludique. Un vrai plaisir à rouler ! Même en cet automne, il fait super beau, presque chaud ! Jérémy et Simon avalent les kilomètres sans trop de difficultés. Ils me confient être extrêmement surpris de la diversité de paysages et de terrains. Tantôt très sec et rocailleux par endroits, tantôt racineux et glissant… La monotonie ne vous gagnera pas, car il faut s’adapter sans cesse ! Voilà déjà deux heures que nous roulons, et aucune route n’a encore été traversée, à l’exception d’une petite vicinale de campagne qui ressemblait plus à un chemin forestier. Sauvages, les Hautes-alpes, vous avez dit ? Truffées de sentiers, en tout cas ! Il y en a partout ! L’oeil sur le GPS, nous restons à l’affût de la trace, afin de ne pas la perdre. Mais même
Nous optons pour le parcours Suprême. 95 km et 2 500 m de D+ en deux jours, pour un ride clés en main.
si les bifurcations possibles abondent, les parcours proposés sont aussi très bien balisés. Vous vous y retrouverez sans encombre grâce à des numéros et des couleurs. Notez toutefois qu’en fonction du séjour et de la date choisis, certaines recommandations seront à respecter, car quelques accès peuvent être par exemple restreints afin d’éviter les risques d’incendie. Après pas loin d’une vingtaine de kilomètres, nous décidons de nous arrêter sur les hauteurs d’une colline. Généreux, le panorama offre en point de mire le village de Mallefougasse, perché à 700 mètres d’altitude, sur le versant sud de la montagne de Lure, où nous passerons demain. Le spot parfait pour un pique-nique improvisé en pleine nature. Contrairement à (ou à cause de) nos estomacs désormais alourdis, l’après-midi sera un peu plus légère… Enfin, pas complètement ! De nombreuses montées et descentes ponctueront l’itinéraire, histoire de vérifier que la digestion se passe bien. Outre le bénéfice post-prandial, l’avantage, c’est que ça reste en permanence très ludique ! La température commence à baisser légèrement, la météo se met à changer doucement, et la pluie s’invite pour une timide apparition juste avant notre
arrivée à notre gîte du soir. Un petit mot sur ces Grandes Mollières, à Montfort, où Cathy nous accueille dans une ambiance chaleureuse et très sympathique. L’adresse, également chambres d’hôtes, est en fait un ancien relais de poste du XVIIIE siècle. Aux portes du Lubéron, sur le chemin des lavandes autant que de Saint-jacquesde-compostelle, vous y ferez face aux célèbres Pénitents des Mées. Au milieu des oliviers et des rayures violettes odorantes, le calme règne en maître dans cette Provence plus rurale.
Retour pluvieux, retour heureux !
Grand luxe, nos bagages ont été livrés juste avant notre arrivée ! La fin de journée a été fraîche, nous en profitons pour prendre une bonne douche. Entre-temps, Cathy, qui aime faire découvrir à sa table d’hôtes les saveurs de Provence, nous a préparé un petit apéritif de bienvenue, puis un magnifique repas. Au matin, nous composons avec les restes d’une météo un rien capricieuse durant la nuit. C’est donc sous une légère pluie qui a bien humidifié les sentiers que nous nous mettons en route. Mais les couleurs sont tellement belles que nous en oublions un peu le crachin, qui
recouvre les feuilles d’automne de gouttelettes en relief, c’est totalement magique ! La température est tombée, il fait bien froid. Mais, là encore, les sentiers sont tellement beaux et joueurs qu’on passe vite sur cet aspect. Notre parcours du jour fait 42 km. Un peu moins de la moitié de notre Suprême, mais les cuisses ne sont pas totalement fraîches suite au roulage de la veille. Elles se réchauffent doucement au gré du sentier qui virevolte dans tous les sens. Puis nous prenons une descente un peu plus longue que d’habitude. Celle-ci nous amène à Mallefougasse. Coincé entre la faille de la Durance, le plateau de Valensole et la nappe de Digne, ce petit village provençal typique déploie ses maisons de pierre sur une rupture de pente et nous offre de quoi refaire le plein d’eau avant de poursuivre notre descente au pied de la montagne de Lure. Les chemins s’y font plus roulants. Nous plongeons ensuite sur le tout petit bourg de Châteauneuf
Sauvages, préservées, les Alpes-deHaute-provence regorgent de sentiers ludiques et de trésors patrimoniaux.
Val-saint-donat, aux portes du parc naturel régional du Lubéron. Avant d’y arriver, la faim se fait sentir et nous décidons de manger notre collation de midi, concoctée par Cathy le matin même. Tant mieux, on reprend des forces, car il nous reste une belle remontée sur la colline d’aubignosc, où la pluie ne nous facilite pas le roulage. Tout comme cette portion argileuse qui colle un peu aux roues et rend le pédalage encore un peu plus difficile, mais avec un peu d’obstination et d’optimisme, ça passe sans aucun problème ! Jérémy et Simon commencent à fatiguer un peu. Malgré
tout, le sourire est toujours là pour les dix derniers kilomètres à parcourir. Une fin de parcours qui s’étire, ultrasinueuse, et ne fait que tourner dans un environnement magnifique ! D’autant que le soleil, même timide, commence peu à peu à refaire son apparition. Il ne suffit pas à réchauffer l’atmosphère, mais il vient ponctuer avec à propos cette journée de ride menée sur les chapeaux de roues et des sentiers idylliques. Excellent point de cet itinéraire, au final, nous n’avons bien fait que 4 km de route sur 95 km, et 95 % de chemin monotrace ! Le ratio du plaisir VTT haute couture !