Pour 20 mm de plus
Orbea Oiz M Pro 5 499 € / 10,90 kg VS Oiz M Pro TR 5 699 € / 11,45 kg
Même nom, même look, même niveau d’équipement… seulement pour 200 euros en plus Orbea propose son Oiz M Pro en version TR avec 20 mm de débattement en plus et une tige de selle télescopique. L’option idéale pour une grande majorité ? C’est la question à laquelle on a cherché à répondre avec cette petite confrontation…
Quelles sont les différences entre les deux vélos ?
À première vue, ils sont identiques ; même couleur, même gamme et même niveau d’équipement. Les différences sont en réalité peu nombreuses, mais elles promettent du changement au niveau du comportement dynamique. Le Oiz Pro possède une fourche Fox 32 Factory en 100 mm là où le TR affiche 120 mm de débattement avec le même élément Fox Factory, qui passe alors en 34. L’amortisseur semble le même sur les deux vélos mais, si le Pro revendique 100 mm comme à l’avant, le Fox Factory du TR passe également en 120 mm. Toutes ces modifications ont évidemment des répercussions sur les côtes. Le tube supérieur est plus grand de 2 mm sur le TR. L’angle de direction à 69° sur le Pro passe à 68° sur le TR. Celui de la selle se couche de 1° sur le TR en passant de 75°à 74°. Au niveau de l’empattement, avec son débattement plus important, le TR est 7 mm plus long. Le détail le plus visible au premier coup d’oeil reste la tige de selle télescopique qui démarque le TR par rapport au Pro avec son tube classique qui, sur le terrain, promet
aussi une différence importante. Le choix du pneu avant du Pro reste assez surprenant. Ce vélo d’essai nous a en effet été confié avec Maxxis Dissector. Une option proposée pour 15 euros de plus au catalogue mais qui ne semble pas cohérente avec la vocation de pur pédaleur de ce modèle. On retrouve en effet le plus souvent cette monte à l’arrière sur les vélos de all-mountain. Sur le 120 mm, qui en revanche peut être préféré pour ses meilleures capacités dans le technique, on retrouve alors des purs pneus de XC avec des Maxxis Race Rekon. Au niveau du poids, 550 grammes seulement séparent les deux vélos.
Est-ce que le débattement plus important du 120 mm permet une prise en main plus rapide ?
Si le guidon, les commandes, les grips et la selle sont identiques, la présence de la tige télescopique sur le TR facilite toute de suite la vie dans les sections de pilotage. Certes, il faut se familiariser avec une commande de plus au guidon, mais une fois rompu à cette particularité, on a tendance à en user et à en abuser. Le pivot de fourche coupé plus bas sur le Oiz Pro, qui offre une position plus sur l’avant et donc plus « race », ne contribue pas à mettre forcément à l’aise au début. Le 120 offre une position plus relevée d’origine et également plus d’options de hauteur de la potence. On est d’abord un peu déçu par le rendement au pédalage du Pro comparé au TR qui, dans sa configuration d’origine et avec ce pneu avant assez gourmand en énergie, ne permet visiblement pas à cette bête de XC de s’exprimer pleinement.
Est que cette différence au pédalage se confirme ?
Dans leur jus, il est difficile de départager les deux vélos dans cet exercice. Et avec leurs montes respectives de pneumatiques, l’avantage global tourne clairement en faveur du 120 qui offre des caractéristiques plus propices à faire face aux sections techniques, sans rien rendre au 100 mm en termes de pédalage. On a alors inversé le train des pneus. Et là, chaque vélo a davantage exprimé sa vraie personnalité. Le Oiz Pro rentre alors dans la peau du vrai XC de compétition avec du rendement, et le Oiz TR tire alors presque sur le vélo de trail. Avec le Dissector à l’avant, le TR permet d’exploiter davantage son débattement supérieur ; à l’inverse, il le pénalise logiquement un poil dans les sections plus roulantes. Le 100 prend alors l’ascendant à ce chapitre sans forcément perdre grand-chose dans les zones techniques, puisque l’absence de tige de selle télescopique oblige à garder de toute façon une marge de manoeuvre plus importante. Enfin, quand on utilise ces deux vélos avec les mêmes pneus, le Pro prend en toute logique un léger avantage au pédalage, mais cette avance n’est rien à côté de ce qu’apportent sur le TR l’augmentation du débattement et surtout la tige de selle télescopique.
L’option « pur XC » de 100 mm sans tige télescopique ne semble adaptée qu’à un faible pourcentage de pratiquants.”
Est-ce que les 120 mm du TR lui permettent de prendre
un avantage évident en descente ?
Qu’ils soient en 100 ou en 120 mm, les éléments Fox Factory nous ont bluffés par leurs performances. Ils offrent à la fois du confort, une bonne capacité d’absorption et surtout permettent une tenue de cap irréprochable. Le système de freinage en Shimano XT sur les deux vélos représente un autre avantage indéniable pour « taquiner » en descente. Ce constat nous amène à penser que ce n’est finalement pas tant le débattement qui fait la différence dans le technique, mais la tige de selle télescopique du TR. Notre boucle de test comprenait une petite section technique, dans la pente, en dévers et le tout sur des rochers qui ne donnaient pas franchement envie de tomber. Si ce passage s’est révélé être un jeu d’enfant avec le TR, il fallait bien plus de courage pour se lancer avec la selle en haut. Les pneus engendrent également une différence importante et, une fois équipé du Dissector à l’avant, le TR avait un comportement proche d’un vélo de trail en descente, avec le rendement d’un vrai vélo de XC. Et c’est finalement dans cette configuration qu’on l’a le plus apprécié.
Alors, pour finir, qu’est-ce qui justifie de se passer d’un peu plus de débattement et d’une tige de selle télescopique ?
Pas grand-chose. En tout cas l’option « pur XC » de 100 mm sans tige télescopique ne semble adaptée qu’à un faible pourcentage de pratiquants. Il s’agit des purs racers qui disposent d’un sérieux bagage technique. Cela s’adresse à ceux qui roulent en coupes de France, qui sont capables de rester à bloc sur toute la durée des épreuves et qui cherchent à économiser le moindre gramme, synonyme de quelques secondes de gagnées à la fin de l’épreuve. Pour les autres, tant en termes de plaisir que de performances, ils ont tout intérêt à se tourner vers une option plus tolérante avec un peu plus de débattement, et surtout une tige télescopique.