Presque jumelles
DT SWISS XRC 1501 SPLINE ONE 1 499 € / 4,05 kg* VS Mavic Crossmax Carbon XL R 29 1 199 € / 4 kg*
Quand l’envie de modifier le comportement de sa monture se fait ressentir, le changement des roues est une idée qui nous vient tous à l’esprit. L’investissement n’est pas des plus légers, mais les bénéfices peuvent être considérables. Qu’en est-il de ces deux rivales si proches, mais si singulières ? ■
Pourquoi établir ce comparatif ?
Lors de notre test, le BMC Twostroke a démontré de surprenantes capacités dans les descentes avec un caractère très joueur, mais doté d’un tempérament moins exacerbé au pédalage, et parfois la sensation que les roues peinaient à suivre la cadence imposée. Créant une légère frustration de notre part, la possibilité de le transcender via l’installation de roues plus agressives s’est alors présentée comme une alternative pour tenter de modifier le tempérament du BMC, tout en soulevant de notre côté plusieurs interrogations pour tenter de déterminer le choix de train roulant le plus pertinent.
Pourquoi comparer ces deux paires de roues ?
Notre choix s’est porté vers deux paires affichant de grandes similitudes, mais annonçant néanmoins un positionnement différent. La DT Swiss s’oriente précisément pour le cross-country en compétition, tandis que la paire de Mavic souhaite apporter davantage de tolérance pour glisser vers une pratique teintée trail. Avec deux objectifs divergents, l’intérêt est de voir l’apport dont pourrait bénéficier un vélo équipé de la sorte. Pour standardiser au mieux cette comparaison, chaque paire a été équipée à l’identique. En l’occurrence, il s’agissait de pneus Hutchinson Kraken en 29x2.3 à l’avant comme à l’arrière, de disques Sram Centerline Rotor en 180/160 mm et d’une cassette Sram XO1 Eagle en 10-52.
Des suisses face à des françaises… qu’ont-elles en commun?
À la sortie de la pesée, chaque paire étant équipée de manière identique en termes de pneus, de disques et de cassette, il est surprenant de constater qu’il n’y a que 50 grammes d’écart sur la roue avant puisque la XRC 1501 est à 1,75 kg tandis que la Crossmax affiche 1,70 kg. À l’arrière, toutes deux affichent 2,3 kg. Ces jantes sont intégralement en carbone et, lorsqu’on regarde la largeur interne, on retrouve une valeur de 30 mm afin d’apporter un bon maintien des pneumatiques et rouler à des pressions inférieures. Lors de chaque test, nous utilisions des pressions similaires qui étaient 1,4 bar à l’avant et 1,5 bar à l’arrière. L’angle d’engagement sur les corps de roue libre est également quasi identique puisque, sur les Mavic, nous constatons 9°, et 10° sur les DT Swiss, sachant que la marque suisse propose un kit de conversion de 54 dents réduisant l’angle à 6,7° pour ceux souhaitant davantage d’engagement au profit de la fiabilité. Enfin, ces deux concurrentes disposent d’une fixation des rayons en externe.
En quoi vont-elles alors se distinguer sur le papier ?
Le choix des rayons n’est pas le même. Quand les Crossmax disposent de 24 rayons à profil plat optimisant la rigidité latérale, les XRC 1501 affichent un score de 28 rayons, mais à profil rond, pour compenser la rigueur du cercle carbone. Pour coller davantage à une pratique trail, Mavic a donc souhaité une roue tolérante qui ne sombre pas dans une rigidité excessive, tandis que DT Swiss annonce
un produit dédié aux crosseurs en quête de légèreté et de performance. Le prix va aussi différer puisque la paire française affiche 1 199 €, tandis que la paire suisse est proposée à 1 499 €. Cette différence de prix est difficile à expliquer puisque ces deux concurrentes sont assemblées à la main dans leurs propres ateliers avec des protocoles rigoureux aboutissant sur deux paires de jantes aux caractéristiques fort proches.
Sur le terrain, ça donne quoi ?
Les grandes similitudes dont leurs caractéristiques techniques font preuve se retranscrivent sur le terrain. Elles apportent indéniablement davantage de fougue au BMC et le valorisent, tant par le comportement qu’esthétiquement. La grande rigidité du cadre est totalement exploitée, soutenue par ces deux paires de roues qui ne faiblissent pas sous les appuis. Elles apportent également plus de précision dans les portions techniques en se plaçant avec justesse. Cela se ressent d’autant plus dans les courbes et, à faible vitesse, dans les franchissements avec beaucoup de pente lorsqu’elles opposent un solide maintien.
Quelle paire apporte le plus de rendement ?
À ce petit jeu, la DT Swiss prend légèrement l’avantage. Les relances appuyées sont bien exploitées et on ressent très peu de perte de l’énergie produite. On a envie de rester tout le temps en danseuse pour accélérer davantage, mais ce sont nos cuisses qui
nous rappellent à l’ordre bien souvent. Cependant, leur efficacité ne s’arrête pas là. En effet, elles font preuve d’une excellente inertie. Même si les Mavic en bénéficient aussi, les DT Swiss continuent sans faiblir sur la lancée que nous avons initiée. Une fois assis sur notre selle, elles achèvent la besogne sans frémir. Ces sensations empiriques sont confirmées par les chronos obtenus qui illustrent des différences de temps de quelques secondes. Ramenées en pourcentage, ceux-ci avoisinent les 5 %. Ces chiffres sont à relativiser et ne permettent pas d’établir un constat rigoureux mais offrent néanmoins un petit éclairage sur nos sensations et le potentiel de ces deux paires de roues qui améliorent indéniablement le rendement de notre Twostroke.
Quel modèle privilégier pour le confort ?
Pour cette thématique, rien d’étonnant : les Crossmax pointent en première position. Moins nerveuses que les XRC 1501, elles sont aussi moins exigeantes. Ceci implique que les vibrations ou les aspérités du terrain sont plus atténuées avec les Mavic, on constate une souplesse accrue mais qui n’est pas synonyme de perte de dynamisme pour autant. La paire de Crossmax est plus tolérante que la DT Swiss, notamment dans les racines ou les pierriers. Dans ces portions techniques, les helvètes requièrent une plus grande implication du pilote pour les maintenir fermement, tandis que les tricolores absorbent davantage et temporisent.
Verdict
Disposant d’un très bon vélo semi-rigide parfois bridé par son train roulant, l’emploi de roues différentes avait pour objectif de modifier son comportement et le rendre encore plus performant. Et sans surprises, c’est ce que nous constatons avec ces deux paires, à la fois si proches mais en même temps avec chacune ses particularités. L’avantage d’utiliser un semi-rigide est également de limiter toute interférence dans les ressentis qui pourraient être gommés par un amortisseur. Nous avons pu prendre l’entière mesure de la belle nervosité apportée par ces deux jantes, tout en demeurant accessibles. Après, au moment de choisir dans quel modèle on va investir, il convient de cerner au mieux ses besoins. Pour une pratique compétitive, il est clair que les XRC 1501 sont tout à fait appropriées grâce à leur dynamisme et leur largeur de jante optimale. L’exigence dont elles peuvent faire preuve est aussi à recommander pour les plus aguerris. Placées sur un tout-suspendu, elles apporteront un bon dynamisme, et leur rigueur sera tout de même compensée. Néanmoins, ne croyez pas que les Crossmax soient en reste. Leurs caractéristiques sont très proches de la paire suisse, et il n’a pas toujours été évident de les distinguer sur le terrain. Avec un poids presque identique et d’excellents retours au pédalage ou dans les appuis, on mettra l’accent sur le petit plus de confort qu’elles ont pu nous apporter. Orientées trail quand les DT Swiss sont annoncées clairement pour le cross-country, on verrait très bien ces Mavic prendre le départ de XC engagés ou d’épreuves marathons.
Ces deux paires de roues au positionnement différent apportent indéniablement plus de fougue.”