Fourche Answer Manitou Three
1994
Après la déferlante Rock Shox* qui amène la fourche à suspension à portée de tous les VTT, la concurrence réagit, avec principalement Manitou, qui se spécialise dans un système simple à élastomères, sur des produits de toute beauté qui ont fait date, à l’instar de la Three.
À l’origine de la marque Manitou, comme bien souvent, un passionné, Doug Bradbury, oeuvrant dans son garage, et dont les produits simples et efficaces seront très vite portés aux nues, telle la Manitou 1 popularisée par John Tomac, au guidon de son Raleigh. Équipant les VTT champions du monde en 1990 et 1991, la Manitou rencontre un large succès, si bien que la marque est alors rachetée par la firme Answer, grand acteur du marché off-road aux USA, qui fera évoluer le produit sous l’égide de son créateur. Et après la Manitou 2 ( Manitou Two, en anglais, ndr), apparaît logiquement la 3, l’un des best-sellers de la marque américaine. Et si cette Three conserve l’architecture classique et massive qui a fait le succès de ses devancières, avec fourreaux cylindriques, elle évolue en profondeur. Exit l’anodisation purple de la 2 pour laisser place à un magnifique bleu azur, alors que les plongeurs en inox sont remplacés par des versions en aluminium Easton 7075-T6 anodisés noir, avec traitement antifriction au téflon. Pour le reste, sont maintenus le pivot en Cr-mo renforcé, avec option en aluminium sur le standard de diamètre en 1 pouce 1/8e, le té et l’arceau usinés en série 6061-T6 et les fourreaux en Easton E9. Pourtant, à l’intérieur, la Manitou 3 adopte un concept tout nouveau d’empilage de ses élastomères, directement fixés sur des « brochettes », elles-mêmes vissées par le haut des plongeurs, et sur lesquelles sont couplées les molettes de réglage de compression. Exit donc les réglages sous les fourreaux, dorénavant les molettes s’avèrent plus accessibles sur les sommets des plongeurs. Le système d’amortissement par élastomères en uréthane de différentes densités reste donc inchangé, mais leur réglage et leur échange s’avèrent beaucoup plus faciles. On retrouve donc, dans chaque « jambe » de la fourche, six tampons d’élastomère, disponibles en trois duretés différentes, bleu pour les plus souples, rouge pour les intermédiaires et jaunes pour les plus durs, séparés par des rondelles en plastique dur, évitant leur torsion. On pouvait donc jouer sur la progressivité de la suspension, en mixant des élastomères différents. Au niveau de ses caractéristiques techniques, la Manitou 3 gagne énormément en légèreté, avec un poids 1,370 kg, mais aussi en débattement, avec une plage d’utilisation de 44,5 mm à 51 mm, en fonction de la précontrainte réglée. À noter qu’un kit de conversion « long travel », destiné à la descente, permettait de passer ce débattement à 63,5 mm ! Tout un programme. Cette fourche rencontrera un énorme succès, grâce à sa légèreté, sa rigidité, sa fiabilité et son entretien facile, quand les fourches air/huile finissaient souvent les courses dégonflées ou pissant l’huile. Ses défauts mineurs étaient une détente trop rapide et sans aucune possibilité de réglage, classique sur des fourches à élastomères, des molettes de réglage sans aucun repère et très dures à manipuler, ainsi qu’une usure rapide du traitement des plongeurs. Mais son fonctionnement, sensible et onctueux, et surtout son look inimitable en ont fait un objet de fantasme pour toute une génération, même au prix de 3 200 F (691 €**). Notre testeur de l’époque commentait : « La Manitou Three reste un produit d’exception qui apparaît comme l’un des meilleurs choix actuels en matière de fourche à élastomère, malgré une très forte concurrence. »