VTT Magazine

CR7 « Gary Fisher »

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Alors qu’au début des années 1990, la mode « américaine » est aux VTT à gros tubes en aluminium, face aux Européens encore fidèles à l’acier, le génial Gary Fisher va prendre le meilleur des deux matériaux pour créer son CR7. Un coup d’essai pour un vélo resté culte.

Sous l’impulsion des marques américaine­s, Cannondale en premier lieu, les « mountain-bike » de la fin des années 1980 arboraient des cadres en tubes oversize d’aluminium. Klein, Cunningham, Alpinestar­s ou Manitou, bientôt suivis par notre Français Scrambler Line ( voir VTT Mag n° 356), s’engouffrai­ent dans le marketing du poids et de la rigidité afin de renvoyer aux oubliettes les vélos en tubes d’acier dérivés des modèles de route. L’argument faisait mouche et les riders ne juraient plus que par les cadres en « canettes de Coca ». Mais de l’autre côté de l’atlantique, Richard Cunningham, passionné d’aéronautiq­ue, avait pensé, dès 1985, à assembler le meilleur des deux matériaux en associant, sur son Mantis XCR, un triangle avant en alu à un arrière en acier. Le but évident était d’associer la rigidité et la légèreté de l’aluminium à la souplesse de l’acier afin d’obtenir un compromis entre dynamisme et confort. Aussi, quand en 1988 son expertise et son génie de conception s’associent au grand Gary Fisher, l’un des pionniers du mountainbi­ke, le CR7 ( pour Cunningham Richard, NDLR) voit le jour, dérivé du Mantis. Mais ce nouveau vélo, fabriqué au Japon, adopte une géométrie différente, des tubes de plus grosse section, ainsi qu’un frein U-brake. La seconde version utilisera des freins cantilever, et surtout une douille de direction ultra-oversize, au standard Evolution, d’un pouce et quart de diamètre, créée par Gary. La principale originalit­é de ce vélo était sa conception composite alliant un avant en alu série 7005 « double-butted » à un triangle arrière et à une fourche en Cr-mo Tange Prestige. Mais pour associer ces deux matériaux, inutile de préciser que la soudure était inenvisage­able. Alors, plutôt que de les manchonner, Cunningham assemble les deux parties en boulonnant les haubans sur le tube supérieur et en faisant traverser les bases dans le boîtier de pédalier, pour les boulonner également sur une platine intérieure. Au final, le Fisher CR7 s’avère un bon compromis face aux production­s en alu ultra-rigides et inconforta­bles, ou en acier « chewing-gum ». Doté d’une géométrie très compacte, avec 557 mm de longueur de tube supérieur (en taille M et L !), et 1 048 mm d’empattemen­t, le vélo s’avérait maniable et précis grâce à la rigidité de sa partie avant et de sa colonne de direction de 705° d’angle, tout en filtrant un minimum les obstacles avec sa fourche et son arrière en Cr-mo. Son arrière « souple » était censé économiser son pilote tout en offrant du dynamisme grâce à son acier de qualité et à la réduction de longueur des bases (426 mm). Ces dernières, plus fines que leurs consoeurs en alu, offraient la possibilit­é de monter des pneus de grosse section sans risque de bourrage, en l’occurrence des modèles Fisher Fattrax 2,2 pouces, également en avance sur leur temps. Affiché à un bon 12,5 kg, et vendu entre 12 800 et 15 000 francs (2 936 et 3 440 euros*) jusqu’à sa disparitio­n du catalogue Fisher en 1992, le CR7 était quelque peu visionnair­e dans son architectu­re et préfigurai­t d’une certaine manière, avec trente ans d’avance, les VTT de XC modernes à cadre en carbone, avec haubans et/ou bases arrière flexibles, même si le résultat était encore loin du compte.

1. Conversion en fonction de l’érosion monétaire due à l’inflation. 2. Ancienne appellatio­n du championna­t de France. 3. À l’époque, la marque Rockshox s’écrivait en deux mots.

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Dans la mouvance des cadres en aluminium oversize de l’époque, le CR7 se différenci­ait par son triangle arrière en Cr-mo rapporté.

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