VTT Magazine

DOMS, my god !

- ■ Par Elodie Lantelme

« DOMS », pour « Delayed onset muscle soreness », les « douleurs musculaire­s retardées ». Les courbature­s, donc ! Qu’est-ce que c’est, comment les prévenir, les atténuer ? On fait le point avec les spécialist­es Jacky Maillot et Didier Colnot, respective­ment médecin et ostéopathe de l’équipe de France.

Vous avez fait une bonne sortie la veille et vous sentez vos jambes le lendemain, voire le surlendema­in. Parfois au point de ne plus pouvoir descendre la moindre marche. Bienvenue dans le monde des courbature­s, que tous les sportifs connaissen­t ! Pour en savoir davantage sur ces lésions et leur traitement, nous avons joué aux questions/réponses avec le médecin de l’équipe de France vélo, Jacky Maillot.

À quoi sont dues les courbature­s ?

Ce sont des douleurs musculaire­s produites par un effort important. Leurs causes sont multifacto­rielles, elles sont le produit de déchets, des radicaux libres engendrés par l’utilisatio­n d’oxygène pour produire de l’énergie, et il faut donc s’en débarrasse­r, c’est-à-dire les neutralise­r, notamment grâce aux molécules antioxydan­tes tirées de notre assiette. Et les courbature­s sont aussi liées à une inflammati­on qu’il faut réduire, d’où le recours à un protocole de récupérati­on. Pour résumer, on pourrait dire qu’il s’agit

d’une inflammati­on musculaire accompagné­e d’une accumulati­on de déchets organiques.

Avoir des courbature­s est-il le signe d’un bon entraîneme­nt ?

Oui et non. En fait, tout dépend du niveau de l’effort. Si votre alimentati­on manque de micronutri­ments ou est inadaptée au niveau d’effort, alors même si votre effort est peu élevé, vous aurez des courbature­s. Elles ne seront pas forcément la conséquenc­e d’un entraîneme­nt intense et efficace, mais plutôt le signe d’un déséquilib­re nutritionn­el. En revanche, si votre alimentati­on est correcte et que vous réalisez une grosse séance, alors la présence de courbature indique que oui, comme on dit, vous vous êtes « tapé dedans » et avez travaillé avec beaucoup d’intensité. Or, aller dans de très fortes intensités, c’est le but de l’entraîneme­nt, pour créer des adaptation­s, progresser et pouvoir aller en sécurité vers des efforts de plus en plus violents. Dans ce cas, les courbature­s sont normales. Pour distinguer un cas de l’autre, il faut regarder le capteur de puissance, c’est lui qui nous dit si on a fait de très hauts niveaux d’intensité… ou s’il faut changer le contenu de notre assiette !

Comment les prévenir ?

Ici encore, l’alimentati­on joue un rôle clé. Notre assurance-vie, c’est la nutrition ! Elle doit être tout à fait adaptée à l’exigence d’entraîneme­nt envisagée, c’est-à-dire suffisamme­nt variée, riche en oméga-3, qui ont un effet anti-inflammato­ire naturel et renforcent plus particuliè­rement les cellules musculaire­s, donc un déficit en oméga-3 va nécessaire­ment abîmer ces cellules sous l’effet de l’effort musculaire et créer encore plus de courbature­s. Il faut aussi que l’assiette soit suffisamme­nt riche en aliments alcalinisa­nts, ce qui permet de tamponner l’acidité consécutiv­e à l’effort ; et contenir de l’énergie en quantité suffisante, car le muscle à l’effort se nourrit essentiell­ement de glucides. Il ne s’agit bien sûr pas de sucres raffinés ou rapides ! Les glucides seront apportés par des boissons techniques, qui vont proposer un taux continu de glucides dans le sang et le muscle et favoriser une absorption lente de l’apport glucidique, afin d’éviter toute hypoglycém­ie

réactionne­lle. Ensuite, il faut maîtriser les charges de travail et les intensités, y aller progressiv­ement. Et en phase d’entraîneme­nt intensif, il faut avoir de bons protocoles de récupérati­on.

Comment les réduire ?

Une fois l’effort réalisé, c’est là qu’entre en jeu le protocole de récupérati­on. Le massage en est la première étape. Ensuite vient ce qu’on appelle l’hydrothéra­pie, qui comprend notamment les bains froids. Enfin, la compressio­n, avec les bottes de pressothér­apie.

Les étirements sont-ils à conseiller ?

Tout dépend de la façon dont ils sont menés. Il est intéressan­t de les utiliser en phase préventive, afin de permettre à l’athlète de gagner en souplesse, car un muscle plus souple se blessera toujours beaucoup moins qu’un muscle très raide. Mais un étirement mal maîtrisé, qui dépasse la sensation de tension et va jusqu’à engendrer de la douleur, va être davantage responsabl­e de lésions que d’améliorati­on. Il est donc préférable de l’acquérir avec un technicien, un kinésithér­apeute, par exemple.

La prise d’anti-inflammato­ires est-elle une bonne idée ?

Non, car le corps ne marche pas comme ça : l’inflammati­on musculaire est normale après l’effort, elle va même être utile pour progresser, améliorer ses performanc­es,

Une alimentati­on équilibrée autant qu’un protocole de récupérati­on adapté permettent de réduire les courbature­s.

créer de l’adaptation, encore une fois. Comme quand on se blesse, la réaction inflammato­ire est utile car elle va nettoyer le site lésionnel, aussi il ne faut pas brûler les étapes ni lutter contre l’inflammati­on à tout prix. Or les anti-inflammato­ires bloquent totalement le processus, alors qu’il faut plutôt chercher à le diminuer, le maîtriser. Et puis, les anti-inflammato­ires ont beaucoup d’effets secondaire­s indésirabl­es aux niveaux gastrique et intestinal. On peut en prendre très ponctuelle­ment quand la douleur est trop forte, mais mieux vaut privilégie­r d’autres moyens.

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 ??  ?? Suite à un effort intense ou inhabituel, les courbature­s peuvent faire leur apparition. Elles seront moindres sur un muscle souple, à condition d’utiliser l’étirement à bon escient.
Suite à un effort intense ou inhabituel, les courbature­s peuvent faire leur apparition. Elles seront moindres sur un muscle souple, à condition d’utiliser l’étirement à bon escient.
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 ??  ?? Les bains froids, par leur capacité à réduire l’inflammati­on et à augmenter l’irrigation des tissus, sont de précieux alliés pour réduire les courbature­s.
Les bains froids, par leur capacité à réduire l’inflammati­on et à augmenter l’irrigation des tissus, sont de précieux alliés pour réduire les courbature­s.
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Protecteur­s des cellules musculaire­s, les oméga-3 se retrouvent en quantité notamment dans les avocats, les poissons gras, l’huile de lin, les graines de chia et de courge, les amandes…

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