Tout d’un grand !
Un VTT plaisir à moins de 1 500 € ? Voilà le challenge que relève Canyon avec son Grand Canyon 8, un hardtail alu tout simple, accessible, polyvalent, amusant et, surtout, plutôt bien équipé !
Non, le hardtail n’est pas mort ! Le concept a même beaucoup évolué ces dernières années, et pas seulement sur les VTT haut de gamme. Il permet aujourd’hui de proposer des VTT à fort rendement, ludiques et performants, quitte à faire quelques concessions au confort. La force de Canyon est d’offrir tout cela au meilleur prix, avec un montage très cohérent, voire avec des composants bien au-dessus de la gamme attendue sur un hardtail à moins de 1 500 €. C’est le miracle de la vente en ligne et d’un intermédiaire en moins, avec pour contrepartie une absence de réseau de revendeur et d’un SAV à distance. Allez hop, on déballe le vélo de son carton, on fait les premiers réglages, et c’est parti pour dompter la bête sur les nombreux trails de la Côte des Bar, en Champagne, qui alterne des types de terrains bien différents : gras, pierreux, mousseux, accidentés, en dévers, pentus, techniques, fuyants ou roulants.
Classe affaires
Ce grand Canyon 8 voyage en classe affaires. Pour 1 449 €, nous avons une monture semi-rigide à cadre aluminium avec une fourche Fox 34 de 120 mm accompagnée d’une transmission Shimano SLX/XT, ce qui n’est pas courant dans cette gamme de prix. Son allure de baroudeur se justifie avec un angle de direction de 67.5° et ses grandes roues de 29 pouces bodybuildées par ses gros pneus en 2,35” de section. À noter que pour les tailles XS et S, les roues sont en 27,5 pouces et l’angle de direction passe à 68°. Couplée à un angle du tube de selle de 74°, la position du pilote est relativement relevée, mais les nombreuses entretoises sous la potence peuvent être déplacées afin d’obtenir une position plus racée. La robe gris nacré du Grand Canyon 8 accompagnée d’un liseré rouge sur le top-tube est à la fois chic et sobre, de quoi ravir les amateurs de simplicité. La finition du cadre est propre malgré les cordons de soudure apparents. On notera que le châssis intègre les passages de câble en interne au niveau du tube diagonal, avec une sortie au niveau du boîtier de pédalier. Le poste de pilotage est constitué d’un cintre de 740 mm qui peut être recoupé à la convenance de chacun, et d’un rise de 5 mm apportant un look plutôt XC. Il apporte de la confiance dans le pilotage et facilite la stabilité du cycliste en descente. Un marquage blanc sur la potence et sur le cintre indique le point 0 afin de faciliter le réglage d’inclinaison, plutôt pratique. Puis le Grand Canyon est déjà pré-équipé tubeless avec un fond de jante étanche : ne reste plus qu’à installer deux valves et le produit préventif. Le cadre peut également recevoir deux porte-gourdes (non fournis). Si l’arrière est rigide, le train bénéficie d’une fourche en 120 mm de débattement, une Fox 34 Rhythm qui garantit un pilotage précis et pardonne bien les erreurs dans les parties sinueuses et techniques. Bien sûr, c’est un modèle d’entrée de gamme chez Fox, mais avec un réglage de SAG à 30 %, elle se montre confortable, et les molettes de détente et de rebond permettent d’ajuster au mieux les exigences du pilote, en quelques clics. Elle saura donc parfaitement satisfaire les débutants tout en contentant les initiés sans qu’ils se fassent peur. Pas de blocage au guidon, mais est-ce vraiment nécessaire pour se faire plaisir sur ce type de vélo orienté plaisir plus que compétition ? L’axe de roue avant est au format Boost de 15 x 110 mm, et, à l’arrière, on retrouve un élément en 12 x 148 mm avec le système de blocage Quixle propre à Canyon. Ce serrage de roue est apparu en premier lieu sur le Lux et se manie comme un axe rapide grâce au bras de levier extractible qui permet de visser/dévisser l’axe sans outils pour ensuite s’encastrer à l’intérieur du tube.
En plus d’apporter un look épuré, ce système a un côté pratique, les herbes hautes ou petites branches ne peuvent s’y agripper. Ce Grand Canyon 8 est un bon descendeur pour un semi-rigide. Il est stable, franc dans le franchissement, même si, en l’absence d’amortisseur, à vitesse élevée, l’arrière a forcément tendance à se balader un peu. Mais hardtail ne veut pas dire “bout de bois”, et le cadre alu absorbe les petits chocs pour amener un minimum de confort. Bon descendeur dans sa catégorie, le Grand Canyon est loin d’être ridicule lorsque le terrain s’élève, nez vers le haut. Il est très agile lorsqu’il s’agit de grimper, avec une très bonne motricité, un peu en mode « tracteur » par des plus véloces que rien n’arrête ! Son développement avec un unique plateau de 30 dents, en association à une cassette en 10-51 de 12 vitesses, amène un large choix de braquets. Shimano assure parfaitement la transmission avec un shifter SLX à la fois précis et au toucher très agréable, et un dérailleur XT ! Cet élément haut de gamme reste assez surprenant sur un vélo à moins de 1 500 €. Canyon joue donc ici la carte de la fiabilité et de la performance, sans concession au prix. Ça s’apprécie.
Une vraie polyvalence
Pour rendre son Grand Canyon encore plus polyvalent, la marque l’équipe d’une tige de selle télescopique en 150 mm de débattement, un modèle “no name”, mais sa commande au guidon est ergonomique, et son fonctionnement onctueux et précis. Pour envoyer en descente, c’est un vrai plus de pouvoir baisser la selle dans les passages techniques. Côté trains roulants, le vélo s’équipe de jantes Alexrims accompagnées de moyeux Shimano MT400. Avec gros pneus en 29x2.35”, peu communs sur un semi-rigide, il se rapproche un peu d’un vélo “downcountry”, une machine avec un minimum de confort, destinée au plaisir plus qu’à la performance pure et dure ! Les roues manquent un peu de dynamisme, certainement en raison de leur poids plus important avec cette large section. Cependant, elles se veulent solides. Les Schwalbe Nobby Nic en 2.35” apportent un bon grip dans les dévers et du confort. Bien sûr, tout n’est qu’affaire de compromis et, si ces gros boudins ont leurs avantages, ils restent quand même assez “tirants” dans les parties roulantes. Lors des sorties humides, la boue s’accumule facilement sur les flancs, gênant parfois la rotation de la roue arrière au passage des bases. C’est pourquoi, selon la pratique et les attentes du pilote, il pourrait être utile de les remplacer par des pneus plus étroits, certes au détriment du confort, mais plus roulants pour gagner en rendement et s’économiser physiquement. Côté freinage, c’est encore Shimano qui fait le job, et de belle manière avec un gros disque de Ø 180 mm à l’avant, 160 mm à l’arrière. L’ensemble est en accord avec le programme sport/fun de ce vélo, mais peut s’avérer un peu limite pour les longues descentes techniques avec les étriers MT 400 à 2 pistons. Pour une pratique Xc/down-country, le freinage reste malgré tout franc et sécurisant, et il est possible de régler l’écartement des leviers. Seul bémol, ce sont des leviers “deux doigts”, la commande avec un seul doigt restant à notre goût plus instinctive. Avec son Grand Canyon 8, la marque allemande surprend positivement avec une machine dotée d’une grande polyvalence, amusante à piloter, en montée comme en descente, mais aussi avec un rapport qualité/équipement/prix impressionnant. Accessible au plus grand nombre, ce hardtail s’affiche comme le VTT à tout faire : il saura vous emmener un peu partout, sur tout type de terrain, en gardant un ADN de baroudeur avec ses gros pneus et une certaine facilité de pilotage pour satisfaire les débutants sans frustrer les initiés. Attention tout de même à ne pas le confondre avec un “endurigide” aux prétentions plus engagées, hein !
Canyon ne fait pas de petites économies sur l’équipement de ce hardtail
PLUS
▲ Rapport qualité/équipement/prix
▲ Transmission
▲ Polyvalence
▲ Stable en descente
MOINS
▼ Gros pneus dans la boue ▼ Leviers de frein peu ergonomiques ▼ Coloris trop sobre