Nouvelle donne
N’allez pas dire aux ingénieurs Lazer que leur système Kineticore est leur Mips à eux, ça risquerait de les vexer. La marque belge centenaire – rattachée au groupe Shimano depuis 2016 – travaille en secret sur cette technologie depuis près de dix ans ! Elle profite de son département R&D avec son laboratoire de test basé près d’anvers (que nous avons pu visiter) doté de divers engins de torture afin de proposer, avec Kineticore, une autre voie de protection. Au-delà de l’intérêt économique de sortir du cadre du brevet Mips, la démarche de Lazer est de proposer un système propriétaire offrant un tout aussi haut niveau de sécurité lors des chutes, mais avec une construction simplifiée, moins de matériaux – donc un gain de poids et une empreinte environnementale réduite –, tout cela avec une ventilation plus efficace. Pour comprendre la technologie Kineticore, il suffit de regarder à l’intérieur du casque. La “mousse” EPS est ici composée de petits pavés moulés directement dans la matière. Ils sont censés se déformer lors d’un impact, absorbant l’énergie du choc, s’inclinant ou s’écrasant afin de limiter les lésions par torsion cervicale. Soit la même finalité que la technologie Mips concurrente où un insert pivote dans le casque… ou plutôt celle d’une voiture avec ses zones de déformation contrôlées en cas d’accident. Si les pavés sont écrasés ou déformés après une chute sur la tête, c’est que le système Kineticore a rempli sa fonction, signe aussi que le casque est à remplacer. Lazer propose alors un programme de remplacement dans les trois ans, avec une remise de 50 % sur un nouveau produit. À ce jour et pour une pratique VTT, seul le Jackal (modèle bien connu chez Lazer avec son look enduro, déjà proposé en version standard et Mips) est doté de ce système Kineticore, sans que le design du casque ne change. D’autres modèles, routiers, urbains et enfants, profitent de cette recherche et Lazer n’exclut pas à terme de proposer sa technologie brevetée à d’autres fabricants.
Stronger, lighter, cooler
Alors, ce système Kineticore est-il efficace ? Difficile d’en juger après plusieurs semaines de tests, à moins de subir une chute très violente sur la tête, ce que l’on ne souhaite à personne. Les tests en laboratoire et normes d’homologation s’en chargent. On retient que le Jackal Kineticore a reçu la note maximale de cinq étoiles de la part du labo indépendant Virginia Tech, une université qui fait référence en ce domaine. « Le meilleur casque, c’est celui qui donne l’impression de ne pas en porter ! » lance Mike Smink, directeur commercial Lazer. Avec 346 g en taille M sur notre balance, le Jackal Kineticore est assez léger pour un modèle enveloppant typé enduro/trail. C’est 50 g de moins que la version Mips jusqu’alors
proposée et, même 20 g de moins que la version standard. C’est dire l’intérêt en termes de confort, au-delà du seul critère de protection. Oui, le Jackal se fait oublier, et sa tenue sur le crâne est excellente. En plus de la molette crantée Turnsys pour ajuster la ceinture crânienne, on peut aussi régler la profondeur du maintien. Pas de bascule ni rotation en usage VTT, le casque tient parfaitement en place, même à la réception d’un saut. La boucle de la jugulaire est magnétique, simple, pratique, juste un coup à prendre pour l’attacher ou l’ôter d’une main. L’autre intérêt de la technologie Kineticore avec moins de matière est une meilleure ventilation : Lazer dispose de sa propre soufflerie et fait état d’une amélioration de 5,2 % face à l’équivalent Mips. Les températures printanières nous ont permis d’en constater les bienfaits avec 19 évents et des canaux d’air bien étudiés. En circulant entre les petits pavés Kineticore, l’air rafraîchit agréablement la tête durant l’effort, limitant la transpiration. Toutefois, aucun filet ne vient arrêter l’intrusion d’insectes. La visière, elle, se règle tout en roulant avec trois crans de positionnement. Au plus haut, on peut y glisser un masque lorsqu’on ne le porte pas sur les yeux, le bandeau étant bien maintenu derrière par une zone antiglisse. Pour les lunettes, Lazer a intégré de petites échancrures frontales dans le moulage du casque pour faciliter le passage des branches et éviter que la monture ne vienne trop en appui sur le crâne. En revanche, les branches de lunettes un peu longues ont tendance à toucher l’arrière du casque, ce qui est plus gênant. Enfin, le Jackal est livré avec un support caméra qui prend place sur l’évent supérieur, maintenu par un strap velcro, puis le moulage de la molette d’ajustement à l’arrière permet de fixer une petite lampe Led par quart de tour, telle la Lazer Universal Led.
Bertrand Thiébault