LE SKATE OU LA VIE

Portrait au long cours d’un skateur professionnel en bout de course, mais refusant de décrocher, Danger Dave de Philippe Petit sort des schémas classiques du documentaire sur le skate pour offrir une réflexion puissante sur les conséquences d’une vie menée sans compromis.

Mettre de côté famille, carrière et stabilité financière pour vivre au jour le jour sa passion sportive sans jamais se soucier du lendemain. Un choix de vie radical qui effleure l’esprit de beaucoup, mais que peu prolongent passé la trentaine. Skateur professionnel belge à la fois gouailleur, râleur, chaleureux et affranchi, David Martelleur alias Danger Dave fait pourtant partie de ces derniers. La quarantaine approchant à grande vitesse et la santé marquée par de nombreuses blessures, il continue de mener une vie de bohème entre participations à des contests aux quatre coins du monde, altercations avec les forces de l’ordre et fêtes débridées jusqu’au petit matin, de moins en moins dans la compétition et de plus en plus dans la marge… Danger Dave est- il un anti- héros magnifique en quête d’absolu ou un looser qui n’a pas su décrocher à temps ? La longue dérive que constitue sa vie est- elle une décision pleinement consciente de sa part ou est- il au contraire pris au piège d’une existence en dent- de- scie qu’il n’a toujours pas appris à réguler ? À ces interrogations qui émergent sans cesse dans l’esprit du spectateur, le réalisateur Philippe Petit, qui a filmé le skateur pendant cinq années durant dans ses diverses pérégrinations, n’offre jamais de réponse tranchée. Et c’est sans doute ce qui confère toute sa force émotionnelle au drôle de documentaire qu’il a confectionné. Ne cachant rien à l’écran de la relation complexe et parfois tumultueuse qu’il a construit au fil du temps avec son protagoniste, il refuse également toute posture morale. Tendue et sans cesse sur le fil, la vie choisie par David Martelleur semble parfois drôle, parfois un peu triste, rarement très réjouissante, mais jamais vraiment catastrophique non plus. De toute évidence, la retracer ainsi à l’écran avec autant de nuances nécessitait bien cinq ans…