MER OU MONTAGNE QUE CHOISIR ?
69 ANNÉE HÉROÏQUE
€ À la fin des sixties germe l’idée folle de tenter le premier tour du monde sans escale. Un pari doté d’un beau chèque signé par le Sunday Times, qui va précipiter neuf aventuriers solitaires autour des océans, avec l’obsession de relever l’ultime défi de la voile. Problème : parmi ces neuf prétendants, tous ne sont pas marins. Et même parmi les marins, certains sont de sacrés allumés. Certains chavirent, d’autres s’aperçoivent, alors que la côte est encore visible, que leur coquille de noix a de gros défauts. Fous furieux ou doux rêveurs à la fois, ils sont pragmatiques, réparent l’irréparable. Olivier Le Carrer dresse leur portrait, celui d’hommes au rêve insensé. Leurs bateaux sont des fers à repasser. La terreur du chavirage n’est jamais loin, la famine toujours possible. On transpire à chaque page. Vingt ans avant la création du Vendée Globe, ces baroudeurs des mers écumaient les océans sans GPS ni électronique. Résultat : l’un des prétendants va faire croire à son tour du monde alors qu’il fait des ronds dans l’Atlantique. Une incroyable épopée, où le meilleur marin va partir en sucette : Bernard Moitessier, en tête, choisit de ne pas rentrer en Angleterre après avoir bouclé les deux tiers du globe, et file en Polynésie. Bigger than life. Le talent d’écrivain d’Olivier Le Carrer donne toute sa dimension à ce simple fait : un seul des neuf marins au départ finira le tour du monde sans escale, il s’agit de Robin Knox- Johnston, qui touche Falmouth, en Grande- Bretagne, 313 jours après son départ.
UNE HISTOIRE VRAIE UNE HISTOIRE DE
COJONES
SIXTIES OU SEVENTIES SPOILER ? LES FANTÔMES DU DENALI
Comme Jon Krakauer, l’auteur d’Into The Wild, l’alpiniste britannique Simon McCartney se rend en Alaska à la fin des années 70 pour gravir l’immense face sud- est du Denali. Pour McCartney, à 22 ans, il est normal de ne pas trop réfléchir avant de se lancer dans cette face sous des séracs prêts à les pulvériser, lui et son pote Jack Roberts, un grimpeur californien. Deux vrais allumés. Après être passé écumer le National à Chamonix, Simon s’envole pour Talkeetna. Enjeu : le Denali, via une face monstrueuse qui va se transformer en roulette russe. Rien ne va se passer comme prévu et un mal aigu des montagnes va peu à peu le priver de ses capacités. Seul avec son pote Jack, très haut sur la montagne, Simon va- t- il survivre ? On se doute que oui, puisque c’est un récit autobiographique. Mais on transpire à chaque page. Vingt ans avant que des alpinistes comme Ueli Steck fassent leur première grosse croix en expé en Alaska ( en 2002 au Bradley), deux gamins se lançaient déjà dans des trucs si durs que certains n’y ont pas cru. Et cette face sud- est du Denali est tellement terrible que personne ne s’y est risqué depuis. À l’époque, ils n’avaient ni broches à glace faciles à planter, ni téléphone satellite, ni bulletin météo du National Weather Service. Un autre siècle. Au- delà de l’issue de cette aventure tragique et de l’histoire d’une ascension légendaire, que certains grimpeurs de l’ère internet ont même mise en doute, le dénouement du livre, inattendu et poignant, plonge le lecteur dans l’abîme de ses propres passions pour l’alpinisme.