LIBERTÉ, FOULÉES, FRATERNITÉ
Trois mois. C’est le temps qu’il aura fallu à François Suchel pour traverser l’Himalaya en marchant et en courant, sans assistance, un petit sac à dos pour seul bagage. Parti de Dharamsala au nord de l’Inde le 2 septembre, il arrive à Katmandou le 1er décembre, après être passé par le Zanskar, les sources du Gange, la Nanda Devi, le Mustang, les massifs mythiques de l’Annapurna et du Manaslu, avoir parcouru 2 500 kilomètres et gravi 105 000 mètres de dénivelé. Dans son récit qui parait le 19 août aux Éditions Glénat, François Suchel nous invite, au-delà de l’exploit sportif, à suivre son chemin spirituel. Il nous questionne sur l’industrie formatée du trail et sur le tourisme en nous faisant cette proposition : voyager peu mais intensément. Rencontre et extraits.
François Suchel, né en 1969, est pilote de ligne, écrivain et photographe. Si les cimes l’ont toujours attiré, c’est donc d’abord en les survolant, aux commandes de ses avions, qu’il les admire. Pourtant, malgré son amour de l’aviation et de son métier, qu’il raconte avec talent dans son ouvrage 6 minutes 23, François Suchel s’engage aussi dans des voyages où la vitesse de l’avion est bannie : ainsi, son récit, Sous les ailes de l’hippocampe, est très remarqué. Il avait ici parcouru à vélo le trajet Canton - Paris qu’il effectuait généralement sur sa ligne aérienne: une toute autre expérience bien sûr!
Sept ans plus tard, c’est vers un autre grand voyage d’aventure que ce nomade du ciel (le titre de son premier recueil de photos) se tournait donc. Cette immense traversée himalayenne, s’inscrivait pour lui dans une attirance pour la plus haute chaîne de montagne du monde - qu’il ne connaissait pas du tout avant de se lancer pour ce périple de très longue haleine - et pour la culture bouddhiste. Le trail était ici un moyen de découverte, un mode de déplacement rapide et léger, le plus adapté à ce tracé technique et physique. François, dont l’expérience en trail se limitait à des compétitions entre 40 et 100 kilomètres et une pratique très régulière dans la foulée d’une épouse marathonienne, savait surtout que son expérience du voyage d’aventure et de l’enchaînement des journées d’effort, allait être primordial pour tenir la distance. Plus inspiré par les premiers récits de Sylvain Tesson que par les exploits des traileurs de la première heure (les frères Crane, Bruno Poirier) en Himalaya, le pilote voulait avant tout tracer sa ligne pour effectuer un voyage unique, au plus près de ses aspirations.
Un voyage rythmé par les différents massifs, par le contraste des vallées, par la différence sensible entre l’Inde, où trouver sa route fut parfois difficile, et le Népal, pays de la marche à pied, où malgré la difficulté de certains passages en altitude, le coureur se sent dans son élément. Mais nous vous laissons avec François, pour quelques extraits qui font découvrir la richesse de son voyage, et la qualité de son récit.
Traversée en solitaire du Rupshu
Rien que des cailloux. Des cheminées détritiques et l’altitude qui pompe ma sève. Y a-t-il une âme par ici? Les drapeaux claquent au Nialo Kontse La, au Gotunda La, au Marang La que j’enchaîne en trois jours. L’esprit des cimes ne partage pas. Je parviens à l’étape, vidé. Mon dos me fait souffrir. J’essaie toutes les options de portage, mais la seule solution qui soulage ma douleur est de ranger les bâtons, puis de saisir les bretelles de mon sac, les bras en position « ailes de poulet ». Dans le village abandonné de Chomo Gompa, dans la bergerie ruinée de Rambok, sur les berges de la Tsarap à présent dépeuplées, puis de la Zara Chu aux méandres langoureux, une chanson m’obsède, allez savoir pourquoi : Sandy, issue de la bande originale du film Grease. La mélodie tourne en boucle dans ma tête, ainsi que cette réplique de John Travolta : « You hurt me real bad » – tu me fais vraiment mal. Allô le psy ? Le deuxième jour, je croise deux perdrix, un troupeau de kiangs – des ânes sauvages – et six avions, décidément partout. Je dois me situer sous la ligne aérienne reliant Delhi à Leh, la capitale du Ladakh. Ces manifestations du vivant
ponctuent une journée qui, dans son ensemble, est marquée par un profond isolement, renforcé par les vestiges des villages désertés qui se succèdent le long des berges de la Tsarap. Dans ma vie d’urbain sédentaire, combien de jours aurais-je passés sans voir personne, pas même la boulangère? Je savoure cette opportunité rare d’être en ma propre compagnie. J’observe les montagnes, je parcours le ciel d’un bleu profond dont la densité, presque palpable, me semble offrir quelques nuances que je m’efforce de décrypter. Je focalise mon attention sur les alvéoles pulmonaires où l’oxygène diffuse dans le sang. J’imagine toutes mes cellules respirer, et plus précisément celles de mon dos qui m’afflige et vers lesquelles je tente d’orienter ce flux vital. Je place un pied devant l’autre, encore et encore. Luxe ultime, je suis venu ici sans aucune raison valable, si ce n’est l’amour de l’existence. Je n’ai pas de pensées parasites telles que « putain, s’il m’arrive quelque chose, je suis mal », ou alors « je suis vraiment loin de tout… ». Non, si je pense à ma famille, à mes enfants, c’est pour me dire que les bouddhistes ont du bon sens. Jusqu’à la mort qui nous séparera nous sommes condamnés à souffrir de leur absence, à nous inquiéter pour leur santé, à espérer leur bonheur. Je suis les préceptes de Bouddha qui nous encourage à expérimenter par nous-mêmes le détachement, l’interconnexion entre les êtres, les causes et les effets, la vacuité. Au crépuscule, j’allume un feu grâce aux argols récoltés alentour. Les flammes bercent le revers du jour, je les contemple, hypnotisé, tandis que je m’enfouis dans mon duvet. Lorsque le brasier s’éteint, un silence absolu envahit tout. Un silence jouissif auquel je m’abandonne totalement avant qu’il ne m’emporte dans les rêves.
Le grand Himalaya
La descente du Bhaba pass (4800 m), d’abord très raide, débouche sur un alpage au format XXL. J’ai l’impression de dévaler les pentes menant au jardin d’Éden: une rivière pure et glacée, une herbe dorée par les derniers feux du soleil, sous l’oeil de rapaces tournoyant entre des cimes immaculées. Un cliché de l’Himalaya sauvage dont je me repaîtrai jusqu’à ce que tout s’éteigne. Dans les tréfonds de la vallée, encore à bonne distance, coule le Sutlej. En dessous de 3 500 mètres, je retrouve mes poumons ainsi que de véritables sensations de trail, cette joie de courir en montagne, de sautiller de pierre en pierre, de zigzaguer entre les racines, cette sueur, soeur de l’effort, que j’avais oubliée dans l’air sec des hauteurs. Les inventeurs des compétitions de course en montagne ont voulu quitter les arènes aseptisées équipées de gradins et de micros pour un environnement plus naturel. Mais n’y ont-ils pas recréé un nouveau cirque pour de nouveaux dieux du stade? Il est certes confortable de se laisser guider par les rubalises, de ne se préoccuper que d’avancer le plus vite possible. Il est aussi plaisant de se confronter aux autres. Quel que soit son niveau, on trouve toujours un coureur à dépasser, un autre à distancer en veillant à ne pas surchauffer la machine. Le « peloton » nous pousse à nous dépasser. Mais selon moi, l’esprit du trail est ailleurs. Car à moins de faire partie des meilleurs, la course est d’abord un défi personnel. Alors pourquoi ne pas faire péter les balises, tracer son propre parcours, courir dans la nature en comprenant ses enjeux, en respectant ses règles, en acceptant ses risques, en s’offrant un voyage d’autant plus exaltant qu’il est unique au monde ? Certes, personne n’attend sur le bord du sentier pour regarder, pour applaudir, pour encourager. La récompense ne vient pas de la ligne d’arrivée tant espérée,
enfin franchie, d’un temps meilleur que l’année précédente ou meilleur que celui d’un autre coureur. La récompense ne vient pas non plus de bonnes sensations physiques. Elle m’est offerte à chaque instant depuis mon départ de Dharamsala par le sentiment d’immersion dans un tout beaucoup plus grand que moi dont je perçois les vibrations. Chaque petit caillou que je piétine sous mes chaussures me confirme cette vérité: la nature n’est pas qu’un décor extraordinaire, effrayant ou austère, un cadre à mes batifolages. Je suis en elle, minuscule particule parmi toutes les autres.
Un « hello » que je jette à la cantonade en croisant un groupe de trekkeurs me sort de mes rêveries. On me répond : « Bonjour, tu cours ? » Et voilà comment, en plein coeur de l’Himalaya, je rencontre des bénévoles du comité d’organisation de la MaXi-Race du lac d’Annecy ! Ils sont annéciens et se rendent à Mud par le chemin que je viens d’emprunter. Nous discutons quelques minutes ponctuées de « putain! » lorsque j’évoque mon périple. Selfie de rigueur comme si j’étais une espèce nouvelle à répertorier.
Les arbres étaient timides, épars, ils paraissaient un peu gênés de pousser parmi ces pentes haut perchées, ils se liguent à présent en forêt, s’élevant davantage dans le ciel, s’élargissant, gonflés de sève. Entre clairières et bosquets, je me régale, nourri de leur qi. Malheureusement, qui dit forêt, dit exploitation de la forêt, des coupes de bois, un sentier qui s’élargit pour devenir piste boueuse, du béton coulé dans des contreforts, et puis l’homme, le pire prédateur de la nature, qui s’évertue à repousser toujours plus loin, toujours plus haut les jardins d’Éden.
Perdus dans le Garhwal avec ma femme Marianne Suchel
Le matin du 9 octobre, nous traversons le Gange sur le pont de Malla avec, en ligne de mire, un lac enrobé de mystère nommé Sahastra Tal. Pour toute aide à l’orientation, nous disposons de quelques photos de la carte Leomann stockées sur mon téléphone, dont l’échelle est insuffisante pour naviguer sur le terrain. Les lignes de crête sont représentées en orange, les rivières en bleu et les sentiers en pointillé noir sur un fond de carte blanc dépourvu de courbes de niveau. Au-delà du lac se situe un col que nous devrons traverser pour basculer dans la vallée suivante et poursuivre vers Kedarnath. Marianne est très volontaire. Elle avance plus lentement que mon rythme habituel, ce qui m’incite à vouloir alléger son sac. Elle refuse, désireuse d’assumer pleinement sa charge. Quel somptueux parcours d’arête offrant une vue dégagée sur le massif du Bandarpunch. Les crêtes alentour déferlent à l’infini comme un océan boisé au rivage inaccessible. Nous suivons un sentier dallé, vestige de l’Empire britannique, qui mène au fameux Sahastra Tal, compagnon des pics et du vent dans son écrin de granit. Un lieu sans âme, d’une beauté froide que nous contemplons en nous éloignant vers d’autres contrées plus hospitalières. Au col, Marianne est frigorifiée. Nous avisons enfin la vallée très encaissée dans laquelle il nous faut descendre. Il y a bien des cairns que l’on devine au loin sur le fil d’une arête, mais le petit pointillé noir de la carte file clairement dans le vallon, versant est. Je m’en remets donc bêtement au tracé, d’autant plus que lorsque nous apercevons les cairns, nous sommes déjà en contrebas, fatigués par huit heures d’ascension. Nous nous enfonçons alors dans un entonnoir, de plus en plus étroit, en terrain glissant. Je porte le sac de Marianne qui est cramée par l’effort intense en altitude de cette longue journée. Nous traversons de nombreuses combes transversales dont il faut désescalader le fond rocailleux, raclé par des ruisseaux, qui laisse apparaître des dalles luisantes sous nos pas. Nous butons enfin sur une falaise, accrochés à des arbustes. Marianne fond en larmes dans mes bras. Le sentier ? Nous l’avons perdu depuis longtemps, il est là-haut sur la crête, mais ni Marianne ni moi n’avons le coeur de rebrousser chemin. La question se pose du niveau de risque acceptable avant de battre en retraite car plus nous avançons, plus le relief est tourmenté, moins nous sommes lucides. C’est ainsi que les accidents surviennent, je le sais. Malgré notre situation peu enviable, Marianne s’accroche et après ses quelques larmes de fatigue, elle repart de l’avant sans piper mot. Peu avant la tombée de la nuit, nous cheminons sur une sente animalière couverte de buissons à flanc de falaise qui conduit vers un couloir de roches instables, dont j’aperçois plus haut l’issue. Ce sera notre salut.
Vers le haut Dolpo avec mon ami Nicolas Drevon
Petit matin: champs mornes, caresse astrale, vapeur au bout des naseaux. Une vallée très cultivée à l’habitat disparate. Des maisons de pierre sèche, toiture à deux pans, d’autres enduites à la chaux, une bande de couleur foncée soulignant la partie basse. Un col. Un vallon mystérieux aux arbres tordus, aux troncs moussus qu’un sortilège semble avoir précipité dans la rivière pour moisir en amas désagrégés. Deux cols. Un paysage plus ouvert qui évoque le Wyoming. La rivière dessine des confettis dorés entre les touffes fauves. Les matins de novembre piquent nos doigts. Des cavaliers, des caravanes de mules, nombreuses, chargées de sucre ou de pommes de terre. Une vieille Tibétaine fumant son clope, la capuche fourrée enveloppant son beau visage ridé, l’autre main ferme sur un bâton de marche. Alexandra David-Néel? Des randonneurs locaux, un panier en osier en forme
de cône sur le dos, surmonté d’un matelas de camping. Du trafic sans klaxon, du mouvement zéro carbone, du passage sans voiture. Piste et poussière. Soulevé de nuage à chaque pas. Attends, je passe devant. On avale à tour de rôle notre plâtrée de sable. On respire du bout des lèvres. Pieds noirs, ça frotte, tristes chaussettes. Un dhaba pour manger, pour dormir. À la mode tibétaine, on se déchausse à l’entrée, on s’assoit à même le plancher de bois, on se colle au fourneau au centre de la pièce, on observe la carte à la lumière du feu. Des étagères exposent une vaisselle en inox dont la quantité est fonction de l’aisance du propriétaire. Cinq grosses CocotteMinute se situent où dans l’échelle sociale ? Tout est parfaitement aligné: les tasses, les assiettes, les petits bols, les mugs, les casseroles, les couverts. L’alcool. Les Indiens avaient peut-être raison de l’interdire. Que deviendront les milliers de tonnes de bouteilles en verre qui font pschitt ! au passage de chaque randonneur ? Je n’en vois aucune sur le dos des mules. Et qui dit alcool, dit alcooliques, cris, rigolade, déchéance. Les chiens s’en foutent, ils aboient jusqu’au bout de la nuit. Namaste! font les écoliers, une cravate bleue sur une chemise crasseuse. « Pay, Pay ! » nous dit un enfant haut comme trois pommes en tendant la main alors que nous remplissons nos gourdes à la halte. Tes bâtons, tes médicaments, ton stylo! Parc national de Shey Phoksundo, dommages collatéraux du tourisme. Bonne conscience en Occident, mendicité en Orient. Money, money. 3 500 mètres, 3 800 mètres, 3 200 mètres. On passe les passes. Les marcheurs népalais nous challengent. Nous les devançons.
Ils forcent l’allure, nous rattrapent, nous collent aux fesses. « Where are you come from ? Where are you going ? » Ils nous doublent dès que nous marquons une pause pour nous ravitailler en eau ou manger un biscuit, nous les retrouvons un peu plus loin, arrêtés dans un village ou allongés dans l’herbe au bord du sentier. Échange de sourires, bye-bye les gars. Journées bonheur. Journée douleur. Mal dormi. Éreinté. Lassé. Ce village ferait bien l’affaire pour la nuit, mais Nico insiste. Incompréhension, me voilà bougon, jusqu’à la bière. Vous avez dit cohérence? Longues vallées tout en circonvolutions. Pont suspendu trente mètres au-dessus du vide. Ne jamais omettre de se retourner. En contre-jour: pins élancés, troncs dénudés, touffes d’aiguilles vertes sur fond d’oxyde. C’est âpre, c’est loin, c’est sublime. Une tupka – soupe aux nouilles –, un chow mein – nouilles sautées –, dans le même repas. Ah, je te l’avais bien dit, Nico, tu mangerais bientôt comme quatre. Une piste oscilloscope. Des poutres de charpente mouvantes le long d’une pente vertigineuse. Lilliputiens des forêts lointaines, le dos plié en deux. L’homme comme bête de somme. La gorge se resserre. Rivière laiteuse, parois de cèdres, roc blond, ciel infini. Laisicap: avant le pont menant sur Mars. Dicton de nos jours népalais: « Il n’y a pas de petites étapes. Les petites étapes, ce sont les journées de repos. » Mars, c’est le haut Dolpo, la gorge de la Tarap, sa rampe d’accès. L’écho de ses remous berce nos oreilles. Nous empruntons les escaliers menant aux nuages. Orgueilleuses sont les crêtes, revêche est le sentier, tranchant est l’air. Notre plus belle étape. Le relief est plissé comme les villosités de l’intestin. Minuscules créatures accrochées à ses parois, nous exultons. Nawarpani : deux tentes, trois filles. Sans compter les chèvres. Nous y mangeons des nouilles et reluquons une grande boîte métallique imprimée de caractères chinois. Dans chaque emballage sous vide, deux biscuits de l’armée, un trésor de deux mille kilocalories pour deux cents grammes qui fleure bon la contrebande. Et hop, un kilo supplémentaire dans le sac. Le sol débande, le paysage prend des airs de haut plateau. Je retrouve les teintes, l’aridité, la pure lumière du Rupshu, et son austérité. Marianne et les enfants me manquent. « Tachi deleg ! » Une caravane de lait et de produits chinois plonge vers Dunaï. À nous les marches du Tibet. Nico a des douleurs au vaste interne de la cuisse droite, et sa cheville gauche porte les stigmates d’un mauvais coup. Un hématome s’est formé. Il serre les dents. Je suis frappé par l’engagement physique de nos journées. En onze jours et demi, nous avons parcouru près de cinq cents kilomètres et abattu vingt et un mille mètres de dénivelé en altitude. Lorsque nous marchons, nous sommes à la limite de la course. Dès que la pente n’est pas ascendante, nous courons. De 7 heures du matin jusqu’à la nuit. Tout n’est que mouvement, tempo, battements de coeur, éblouissement. À l’inverse d’autres expériences de trail en Himalaya dont nous avons lu les témoignages, nous mangeons ce que nous trouvons, sans complément alimentaire, sans équipe d’assistance. Ainsi, nous arrivons à Dho Tarap, capitale du vide sur son lit de poussière.