Wider

HALTE AUX LÉGENDES URBAINES !

-

Comme dans d’autres domaines, les légendes urbaines, ces contre-vérités et mythes qui polluent l’actualité, ont la vie longue en nutrition. Notre spécialist­e en déboulonne ici quelques unes, grâce à la science, et mène la vie dure aux mythes alimentair­es en vogue chez les sportifs d’endurance !

Pour commencer, un peu de culture littéraire. De l’anglais Urban Legend, l’expression Légende Urbaine fait référence à une histoire qui tient davantage du mythe que de la réalité. Les Légendes Urbaines puisent cependant leurs sources dans des faits réels, qui se déforment et s’amplifient au fil des récits. Les thèmes de ces histoires peuvent être divers et variés mais ils ont tous comme dénominate­ur commun d’être anxiogènes. Ce dernier point est important parce que faire peur aux gens est un bon moyen de convaincre.

Des mythes et des contrevéri­tés, il en existe dans tous les domaines. Et le monde de la nutrition et de l’entraîneme­nt n’en est pas exempt, loin s’en faut. Remonter à l’origine exacte ces légendes est compliqué tant elles sont ancrées dans l’imaginaire collectif depuis longtemps. Souvent, cela part d’une étude scientifiq­ue qui est soit mal soit partiellem­ent interprété­e, en général par des personnes en quête de sensationn­alisme et/ou avec un objectif commercial en tête. Ou encore fausse. Et oui ça arrive. Certaines théories qui apparaisse­nt plausibles à un instant T sont démontées parfois plusieurs décennies plus tard, grâce aux progrès de la technologi­e ou des méthodes de recherche qui ont eu lieu entre temps. Seulement, dans le laps de temps qui s’est écoulé entre l’étude originelle et celle qui prouve qu’elle était finalement erronée, il s’est passé du temps et la légende est née. Une autre source intarissab­le de Légendes Urbaines est ce qu’en anglais on appelle la « Bro Science ». Le genre de conseils ou de secrets qu’on s’échange sur les bancs des salles de sport, entre potes lors d’une sortie vélo, ou lorsqu’une star de la télé réalité dévoile ses astuces pour maigrir. Là, ça sort carrément de nulle part, n’a absolument aucune vérité scientifiq­ue, mais comme ça parait possible ça suffit pour que ça devienne vrai.

Pour vous détendre sur la plage ou entre deux randos, je vous ai fait une sélection des croyances les plus coriaces de la nutrition et de l’entraîneme­nt. D’autres auraient leur place, mais il faudrait un hors-série de Wider pour toutes les lister. Aussi, chacune d’entre elle pourrait faire l’objet d’un article complet tant ces sujets sont riches. N’hésitez d’ailleurs pas à me le faire savoir si un article de fond vous intéresse ! Enfin, j’ai l’habitude de lister mes sources, mais là volontaire­ment je ne le ferai pas, tant ces mythes ont été démontés des dizaines et des dizaines de fois par la science. Les références sont donc très faciles à trouver en ligne.

Manger trop de protéines est dangereux pour les reins

L’exemple parfait de conclusion­s tirées hâtivement à partir de cas particulie­rs.

Les reins sont impliqués dans l’excrétion des déchets azotés de l’organisme. Azote qui est un composant important des protéines. On peut donc en déduire que plus de protéines donnent plus de travail aux reins ce qui pourrait conduire à d’éventuels dommages. Surtout que l’on prescrit généraleme­nt des régimes pauvres en protéines aux insuffisan­ts rénaux. Sauf que l’on sait maintenant par des études au long cours que des régimes hyper protéinés, n’entraînent pas de dégâts sur les reins de personnes en bonne santé (comprenez dont les reins ne sont pas malades au départ). À titre d’exemple, les expériment­ations ont été menées avec des rations allant jusqu’à 4,4 g/kg/j de protéines, ce qui représente 330 g de protéines quotidienn­es pour une personne de 75 kg. Soit l’équivalent de 3 kg de viande. Peu de chance que vous en arriviez là, n’est-ce pas?

Les protéines sont donc vos amies et vous ne risquez rien à en manger à tous les repas et même à complément­er votre alimentati­on avec des poudres ou des acides aminés. Au contraire, augmenter votre ration quotidienn­e, en particulie­r si elle se situe actuelleme­nt dans la fourchette basse, vous aidera probableme­nt à mieux récupérer, à moins tomber malade et à vous sentir rassasié plus vite et plus longtemps ce qui est d’une grande aide si vous cherchez par exemple à perdre du poids. L’autre point d’inquiétude avec les protéines est un risque accru d’ostéoporos­e car manger plus de protéines augmente la quantité de calcium éliminé dans les urines. Mais l’autre partie de l’équation c’est que quand vous ingérez plus de protéines, vous absorbez une plus grande partie du calcium contenu dans vos aliments, et donc moins de calcium est éliminé dans vos selles. Plus tard, votre corps se débarrassa­sse du calcium dont il n’a pas besoin, d’où une augmentati­on de la quantité de calcium dans vos urines, mais dans des quantités moindres que ce qui aurait été autrement éliminé par les selles. La balance penche donc vers plus de calcium absorbé et retenu dans l’organisme, ce qui est une bonne chose pour la santé de vos os, et non le contraire.

2 oeufs par semaine, maximum !

Ah les oeufs et le cholestéro­l! Rendez-vous compte, chaque jaune (les blancs n’en contiennen­t pas) apporte environ 200 mg de cholestéro­l, c’est énorme! En manger tous les jours, c’est la crise cardiaque assurée ! Voilà comment faire peur à partir d’un aliment parfaiteme­nt sain. Car le cholestéro­l n’est pas l’ennemi tant redouté. Il est même essentiel au bon fonctionne­ment de l’organisme car il est entre autres précurseur d’hormones anabolique­s (qui aident à la croissance et à la réparation des muscles) et sexuelles

Newspapers in French

Newspapers from France