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longues semaines —, et ses émotions insoupçonnées : l’euphorie de passer la ligne d’arrivée, la satisfaction de braver la grisaille du dimanche matin, la joie simple des entraînements avec les copines, le soulagement quand le fartlek ou le fractionné s’arrêtent, la fierté des T-shirts finishers, l’embarras des dossards accrochés de guingois parce que j’ai oublié les épingles à nourrice; sans oublier les départs un peu poussifs mais pleins d’espoir, le chrono qu’on guette au poignet, les encouragements des bénévoles, de la famille, des amis, du public,... Et surtout, le plaisir de me dépasser, à défaut de dépasser les autres.
C’est peut-être ça, la « trail attitude », dont le speaker vient de scander les mérites à la centaine de coureurs qui attendent impatiemment le départ dans le sas. Masque sur le visage, à bonne distance des autres coureurs, je savoure, malgré les mesures sanitaires, le bonheur de me retrouver ici, à nouveau, dans cet endroit où j’aime venir été comme hiver, avec une vue imprenable sur la Dent Parrachée. La veille, j’ai repéré une bonne partie du parcours. Je ne voulais pas, comme en 2018, arriver sans trop savoir où m’emmèneraient profiter davantage de la beauté du lieu. J’ai voulu éviter l’écueil cette année. Et puis je suis une traileuse bucolique : j’aime bien faire connaissance avec les plantes que je croise au bord des chemins, ou profiter des fraises des bois.
Cette reconnaissance m’a également permis de réaliser que la pente ne me laisserait pas de répit. Je n’avais aucun doute, mais mes jambes, et surtout ma cage thoracique, ont pu mesurer à quel point mes montées d’escaliers et l’ascension des dunes de galets me seraient utiles. J’avais hésité à m’inscrire à la distance supérieure (21 km), mais le manque d’entraînement dû au confinement m’en a dissuadée, et, en prenant la mesure du parcours, je me suis félicité d’avoir été raisonnable.
« Nous allons faire le décompte tous ensemble ». J’observe les autres concurrents. Les randonneurs, dossards violets à l’arrière du peloton, partent en même temps que nous. L’ambiance est détendue, bon enfant. On n’est pas venus ici pour souffrir, ok? Enfin si, mais non. Des jeunes, des moins jeunes, des beaucoup moins jeunes : c’est ce que j’aime dans le trail, pouvoir y croiser toutes les catégories d’âges, de